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Critique de keisha


David Treuer est l'auteur de Little et Comme un frère (entre autres); son père, juif autrichien, a émigré aux Etats-Unis en 1938, et sa mère est une amérindienne Ojibwé. Il a grandi dans la réserve indienne de Leech Lake, au nord du Minnesota. Rez Life parle bien sûr ... des réserves indiennes. L'auteur connaît le sujet de l'intérieur mais a aussi compulsé pas mal de documents, discuté avec des témoins. Partant fréquemment de sa propre vie familiale ou amicale il aborde des sujets plus généraux, ce qui donne une lecture plus aisée car j'avoue m'être parfois perdue dans tous les sigles. Il met à bas nombres d'idées fausses ou préconçues sur les indiens et les réserves.

Par exemple les traités entre européens et indiens, qui justement étaient des traités -à respecter.
Au cours du 19ème siècle, "les tribus indiennes renonçaient à certaines de leurs terres et se réservaient les autres pour leur propre usage. Ces portions restantes furent appelées 'réserves'. En ojibwé, cela se dit 'ishkonigan', qui signifie 'les restes'. En plus de ces terres réservées sur lesquelles les Indiens étaient censés pouvoir vivre à leur guise sans être inquiétés, les accords comprenaient diverses clauses leur accordant des droits particuliers ou 'droits garantis par traité'. Ces droits - de chasse, de pêche, de cueillette, d'exploitation forestière - étaient nombreux."

Les problèmes accablant les réserves - "criminalité, gangs, chômage, suicide et faible taux de réussite scolaire"- ne sont pas écartés mais évoqués sans misérabilisme; parfois des solutions fonctionnent.

Et les casinos, qui ont vraiment changé la donne dans la seconde partie du 20ème siècle?
"Pourquoi les Indiens ont-ils le droit d'avoir des casinos et pas nous? Cette question revient souvent, et il est facile d'y répondre : c'est à cause des Cherokees, et à cause d'un mobile-home à Squaw Lake dans les Minnesota." Les détails forment une bonne partie d'un chapitre, je ne détaille donc pas.

David Treuer est indien et fier de l'être. Son plaidoyer pour la culture -et la langue- est à prendre en considération. Je recommande ce livre à ceux qui veulent en savoir plus sur les réserves indiennes (histoire, vie actuelle, futur).

Pour le plaisir, un bon passage de l'introduction, au sujet des Ojibwés versus autres indiens.
"Nous étions des teigneux, des 'preneurs de noms' ayant vaincu les Iroquois, les Sauks et Fox et les célèbres Sioux, et pourtant, nous ne sommes pas très connus pour cela. D'ailleurs, les Sioux, qui sont sans doute les guerriers indiens les plus réputés, occupaient autrefois le territoire où nous vivons, dans les forêts du nord du Minnesota, du Wisconsin et du nord-ouest de l'Ontario. Mais nous les avons chassés vers les plaines où ils ont prospéré en chassant le bison. Peut-être que le problème est là. Les Sioux chassent le bison à cheval et nous, les Ojibwés, posons des collets pour piéger les lapins, chaussés de raquettes. Les Sioux ont monopolisé le marché du cool version indienne. C'est également vrai pour les noms." ( une des exemples donnés, Crazy Horse -cheval fou- face à Mouse Dung - crottes d'orignal)
En un sens, c'est peut-être une bénédiction. Nous avons globalement évité que des tiers écrivent sur nous; (...) Nous avons aussi évité d'être envahis par ceux qui rêvent d'être indiens et les 'fanas de la culture' parce que, en fin de compte, personne ne souhaite être un Indien sans chevaux, qui vit dans des marais, piège des castors et n'a pas développé de saisissants motifs géométriques en perles ou des coiffes de guerre du plus bel effet."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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