Les socialistes « de pure critique », qui avaient cessé de comprendre l’importance du pouvoir gouvernemental pour la révolution socialiste auraient pu, d’après l’exemple de l’autocratie russe, si barbare et si dépourvue de système que fût son activité, constater le rôle immense qu’il appartient au pouvoir de l’État de jouer dans le domaine purement économique lorsque son œuvre s’accomplit dans le sens général du développement historique.
En devenant l’instrument de la capitalisation en Russie, le tsarisme s’affermissait avant tout lui même.
Je regrette les lampes électriques de nos rues, le vacarme du tramway et ce qu'il y a de meilleur au monde : l'odeur d'un journal fraîchement imprimé.
Et la pire des illusions dont le prolétariat ait souffert dans toute son histoire jusqu'à ce jour a toujours consisté à se fier à d'autres qu'à lui-même.
Le socialisme n'a pas pour but de créer une psychologie socialiste comme prémisse du socialisme, mais de créer des conditions de vie socialiste comme prémisses d'une psychologie socialiste.
L'ouvrier demandait des garanties pour ses muscles, pour ses nerfs, pour son cerveau. Il avait décidé de reconquérir une partie de sa propre existence. Il ne pouvait attendre davantage et ne le voulait pas. Dans les événements de la révolution, il avait pris conscience de sa force, il avait découvert une vie nouvelle, une vie supérieure. Il venait en quelque sorte de renaître pour la vie de l'esprit. Tous ses sentiments étaient tendus comme les cordes d'un instrument. De nouveaux mondes immenses et radieux s'étaient ouverts devant lui...
Après la grève d'octobre qui avait fait des usines enfumées les temples de la parole révolutionnaire, après une victoire qui avait rempli de fierté les cœurs les plus las, l'ouvrier retomba dans l'engrenage maudit de la machine. Encore en proie au demi-sommeil de l'aube ténébreuse, il devait se jeter dans la gueule infernale des usines ; tard dans la soirée, lorsque la machine enfin gavée donnait le signal de sa sirène, l'ouvrier, en proie encore et toujours à un demi-sommeil, traînant son corps épuisé, rentrait chez lui dans la nuit morose et lugubre. Cependant, tout à l'entour, brûlaient des flammes claires, proches et inaccessibles, les flammes que lui-même avait allumées.
Notre révolution a tué l’idée que nous étions un peuple à part. Elle a montré que l’histoire n’avait pas créé pour nous de lois d’exception. Et pourtant la révolution russe a un caractère unique, qui est la somme des traits particuliers de notre développement social et historique et qui ouvre à son tour des perspectives historiques toutes nouvelles.