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Critique de cedratier


« Ne m'appelle pas Capitaine » Lyonel Trouillot (Actes Sud 140p)
Un roman coup de poing. Haïti : Aude, une jeune fille de « bonne famille », gosse de riche qui vit en vase clos dans son monde, n'ayant jamais mis les pieds dans un des faubourgs pauvres de Port-au-Prince, s'ennuie dans son univers familial et amical aussi aisé que futile. Pour ses cours de «journalisme par correspondance» (! une occupation comme une autre), elle choisit de faire le portrait d'un quartier en déshérence, par le biais d'un de ses habitants, vieil homme apparemment rustre, mais porteur d'une mémoire de toute une frange de la population locale. Aude va nouer des liens avec un jeune garçon de ce faubourg qui va l'introduire dans ce monde, et au fil des rencontres avec le vieux «capitaine», elle va prendre conscience d'un univers de pauvreté endémique, de la dictature d'un pouvoir tortionnaire, de la corruption, la misère effarante qui engendre les déchainements d'agressivité… le vieil homme lève peu à peu le voile sur un pan de son histoire intime, bouleversée par une rencontre qui a laissé une trace indélébile.
C'est un portrait sans concession d'un monde de riches qui vivent sur le dos d'une population misérable sans lui accorder un regard. C'est la lumière crue sur les dégâts qu'engendre la misère extrême, et sur la soif de solidarité qui persiste encore ici ou là, malgré tout. C'est la révolte, nécessaire, qui se cherche une voie. C'est aussi une histoire d'apprivoisements mutuels. C'est un beau, très beau roman, écrit d'une plume ciselée, qui détaille avec finesse les ressorts des comportements humains, qu'on ne lâche pas avant de l'avoir terminé. Comment ne pas vibrer et frémir avec et pour ce peuple haïtien, toujours prisonnier de la surexploitation ?
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