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Critique de MartinEden87


Cette violente charge anti-militariste de Dalton Trumbo est sans conteste un livre à lire au moins une fois dans sa vie de lecteur. Ne serait-ce que pour toucher du doigt l'horreur et l'absurdité de toutes guerres. Un livre qui relate le combat intérieur d'un mutilé de la grande guerre 14/18 du nom de Joe Bonham. Ayant eu les membres et une partie du visage arrachés par un obus. Lui supprimant au passage l'usage de la vue, de la parole, de son ouïe et de son odorat. Un homme-tronc dans l'incapacité de communiquer et dont la conscience toujours intacte est enfermée dans ce corps définitivement brisé.
Le récit oscille entre ses souvenirs d'avant-guerre. Et ses réflexions intérieures sur la prise de conscience de son état. Trumbo à travers Joe Bonham fait part de sa philosophie pacifiste. Pointant du doigt ceux qui décident de sacrifier toute une génération d'hommes pour leurs propres intérêts. Il dénonce aussi le traitement réservé aux blessés et mutilés de guerre. Des témoins gênant de l'atrocité de la guerre, finalement plus difficiles à gérer que les hommes tombés au champ d'honneur. Car ils portent dans leur chair des raisons valables pour la démobilisation générale.

Je dois, malgré tout, reconnaître que si le fond est pertinent et touche le lecteur au plus profond de son être. La forme, elle, est déconcertante et n'est clairement pas du même niveau. J'ignore si c'est un effet de style ou une bizarrerie de la traduction française, mais l'absence de ponctuation (virgules, points-virgules) rend la lecture suffocante. Dans certains passages on est pratiquement en apnée. Et on se prend par moment au gré des pages à placer soi-même, virtuellement, les éléments de ponctuation manquants. On s'y fait au bout de quelques pages, mais je pense que pour des lecteurs exigeants, ça peut être un motif d'abandon.

« Johnny s'en va-t-en guerre » écrit en 1938, verra sa publication retardée pour cause de second conflit mondial. Il trouvera un premier écho après guerre, lors du conflit en Corée. Mais ce sont surtout les milieux pacifistes contre la guerre du Vietnam qui vont s'en emparer à la fin des années 60.
Dalton Trumbo (scénariste pour Hollywood) adaptera lui-même son roman sur grand écran en 1971.
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