Pour célébrer le centenaire du début de la grande guerre, je me suis inscrite au challenge "lecture de guerre" initié par lavoleusedelivre sur le forum de ce site, et me suis engagée à lire et commenter 5 livres sur ce vaste thème avant le 11 novembre 2018 (j'ai adoré cet humour), pour devenir, aux yeux de Babelio, un soldat de première classe. Babelio, nous voilà!
Mon premier choix n'est pas innocent, car
Johnny s'en va-t-en-guerre est l'un des plus beaux fleurons anti-militaristes que les écrivains et/ou cinéastes, nous aient donné à lire ou voir. Comment qualifier cette oeuvre ? Pamphlet ? Réquisitoire ? Manifeste ? Ecrit en 1938, et publié en 1939, une autre sale période pour l'histoire, récupéré, oublié durant les années
Mc Carthy au cours desquelles Trumbo a dû s'exiler et écrire sous pseudo, il n'a finalement connu la notoriété qu'en 1971, lorsque l'auteur a décidé d'en faire un film, connu sous le titre de Johnny got his gun. Au moment où une autre boucherie, celle du Vietnam battait son plein avec son cortège de gueules cassées au napalm, version actualisée du gaz moutarde, il rappelait brutalement aux lecteurs ou spectateurs que l'anti-militarisme n'est pas synonyme de lâcheté.
Joe Bonham est l'américain type. Il part, la fleur-au-fusil, défendre la démocratie, principe inculqué par son père. Pas de chance pour lui, la veille de l'armistice, quand "mourir le dernier est aussi con que mourir le premier" (dixit
Pierre Lemaître), un obus le transforme en homme-tronc, aveugle, sourd et muet.
Les médecins à son chevet décident "qu'en cas de mouvements violents et répétés, ils doivent être traités comme des spasmes de réflexe musculaire, donc pas de sédatifs... le cerveau a subi des dégâts massifs et irréparables.... La seule raison de prolonger son existence est d'enseigner à soigner les autres. Il est impossible à un être décervelé d'éprouver douleur, plaisir... Il n'aura ni sentiment, ni pensée, et ce, jusqu'à sa mort"
Et voilà Joe transformé en cobaye, sauf que les médecins ne savent pas tout. Son cerveau est intact, il est capable d'émotions, de comprendre. Il rêve, se souvient de son passé, de sa vie en famille, de Kareen, sa fiancée avec qui il a connu des adieux sexuellement et affectivement si tendres. Il réussit à entrer en communication avec une infirmière, qui ouvre les volets, pour lui demander d'abréger ses souffrances. Celle-ci disparaîtra brutalement de sa chambre.
Faut-il aussi voir dans ce roman si puissant, si évocateur, un plaidoyer pour une fin de vie dans la dignité ? Je ne saurais trancher.
A chacune et chacun de découvrir cette oeuvre majeure sur la grande guerre, qui compte 2 critiques et 95 lecteurs sur Babelio.