AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Noctenbule


Après le succès de la Gifle en 2011, l'écrivain australien Christos Tsiolkas revient avec un roman, Barracuda, autour d'un nageur qui doit affronter la déception pour avancer.Danny Kelly devait un grand sportif représentant l'Australie aux JO, mais lorsqu'on perd, que reste t'il derrière ?

Danny Kelly ne vit que pour une chose. Etre le meilleur nageur de l'Australie et que sa familel soit fière de lui. Par chance, il est doué et va être repéré par un entraîneur qui va tout faire pour le faire rentrer dans un lycée privée, bourse en poche. L'intégration va être plus que difficile déjà à cause de la différence sociale mais aussi à cause de son brassage génétique (grec et irlandais). On va le surnomme le météque. Il va leur prouver qu'il va être le meilleur qu'importent les moqueries et les humiliations. Lui et l'eau forment un tout, il glisse, il vole à son contact. Il bat tous les autres et remportent de nombreuses compétitions. Toute sa famille vit à son rythme et son destin semble tout droit tracé.

Mais voilà qu'à la pré-sélection olympique il n'arrive pas premier mais cinquième. A partir de ce moment, sa vie va totalement changé. Comment accepter cet échec ? Il n'y arrive pas et va alors commencer à sombrer. Il va arrêter la natation. Il va arrêter d'écouter en classe et se transforme en terreur à l'école. L'avenir ne se trouve pas à l'école qu'il va quitter pour le monde du travail. L'estime de soi ne se fait pas non plus dans en travaillant dans un supermarché. C'est la prison qui va l'aider à mieux se cadrer et aussi des rencontres comme celle son cousin Didier. Il va apporter de l'aide à des personnes handicapées. Se reconstruire, avancée, retisser du lien avec sa famille, c'est cela qu'il va essayer de faire 20 ans plus tard, aidé par ces amis et son petit ami.

Un livre très critique envers le pays de l'auteur, l'Australie où de nombreux protagonistes à concurrence d'arguments décrivent les contradictions sociétales et l'hypocrisie générales des locaux. Christos Tsiolkas doit partager des ressentiments nationaux ainsi qu'une certaine frustration vis-à-vis de la pratique de la natation. Les mots sont forts et impacts forcément le lecteur. Impossible de rester impassible à la vie de Danny ni ce qui l'entoure. Suivre un jeune homme qui tombe, où son univers s'effondre puis remonte légèrement est intéressant. Beaucoup de sujets sont abordés comme le rapport aux corps, le rapport à la différence, la haine de soi, la solitude, le poids de l'identité sociale, les violences carcérales... La scène où Danny en prison demande à son "mec" de jouir, essuyer sa sueur ou sa merde dans un papier essuie-tout pour le mâcher par la suite est assez dure. L'auto-humiliation qu'il se fait m'a fait mal au coeur et me le fait toujours en y pensant.

Il faut dire que l'auteur possède un sacré don du récit même si j'ai été déroutée jusqu'à la fin du roman par la structure. L'histoire n'est pas présentée de façon temporaire mais de façon totalement désordonnée. Danny va à son cours de natation puis il est en prison puis il est en Ecosse avec son copain, puis il travaille avec des handicapées... Je n'ai pas compris l'intérêt de tout mélanger. J'aurais beaucoup plus apprécier lire les éléments dans l'ordre chronologique. La plume est si appréciable. Autre petite chose qui m'a dérangée, c'est le choix de couverture de Belfond pour le roman. Si on ne m'avait pas incité à le lire, je n'aurais même jeté plus d'un coup d'oeil sans regarder la quatrième de couverture. Les couvertures à l'étranger sont beaucoup plus attractives. C'est vraiment dommage car le roman mérite vraiment de toucher le plus large public possible vu la qualité du récit.

Danny, Dan, Dino et Barracuda va devoir gérer cette violence qui le submerge si souvent pour face à cette honte ressenti voilà bien des années. Se punir, souffrir, se fermer et se taire pour cacher sa peine n'est pas vraiment ce qui va le rendre meilleur. En lâchant des mots, même blessant, il va avancer. Christos Tsiolkas nous propose un roman troublant de sincérité et d'émotions. Lisez le.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}