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Critique de ODP31


C'est la tuile !
Forte indécision au moment d'étoiler ce billet. Lumières tamisées. Je me retrouve dans la situation de l'inspecteur du Guide Michelin qui a adoré l'entrée, savouré le plat principal mais qui a vomi le dessert aux toilettes.
Jusqu'à la page 220 (sur 296), j'avais plus d'étoiles dans les yeux que Thomas Pesquet après son 4000ème selfie en orbite.
La description du poids des responsabilités pesant sur Alma Revel, juge antiterroriste, qui doit décider du sort d'un jeune qui revient de Syrie en voyage organisé par l'Etat Islamique, est remarquable. La construction du récit qui alterne le quotidien compliqué de la juge, le travail d'enquête minutieux et les extraits d'interrogatoires m'a tenu en haleine fraîche. Pour corser l'affaire, le mariage de la juge avec un écrivain aigri sent le sapin et elle entretient une liaison avec l'avocat du mis en examen… de conscience.
Karine Tuil, de livres en livres, a le mérite de ne pas végéter dans l'autofiction nombriliste. Elle s'empare de son sujet et on sent son souci de l'exactitude, son immense respect pour ces femmes et ces hommes en charge de la justice dans une société qui déclare coupable par anticipation ou souhaite condamner par précaution. Elle traduit très bien le dévouement de la juge à sa fonction, ses incertitudes et la charge émotionnelle de ses décisions.
Et puis Patatras… ! Fini le réalisme au moment du dénouement. C'est le dénuement, l'éclipse totale au moment du bouquet final. Pétard mouillé et sortez les bougies. On passe d'une approche quasi documentaire et chirurgicale à un effet de manche un peu grossier pour connecter la décision du juge à sa vie personnelle. Pour servir son discours sur sa vision de la justice, l'auteure quitte le domaine du rationnel et oriente son récit autour d'une coïncidence tragique à laquelle je n'ai pas cru une minute. le roman sombre dans la caricature de personnages moins vrais que nature. le mari, juif, qui a un retour de foi tardif, une fille idéaliste dont le compagnon s'appelle Ali, ce qui ne ravit pas beau-papa, l'avocat, qui est un écorché vif qui a honte de ses gènes de grand bourgeois, et Alma qui ne sait pas si elle doit se sentir coupable mais pas responsable, responsable mais pas coupable, ou les deux.
Ce passage du réalisme à une fiction aussi crédible que la probabilité d'acheter le ticket gagnant à l'euro-million sans jouer, ne m'a pas du tout convaincu. J'ai ressenti comme un choc thermique. Bain glacé par temps de canicule.
Dommage, ce roman méritait un meilleur générique de fin. Il a eu le mérite de ne pas me laisser indifférent.
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