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Critique de Quentin_Tournon


Je tiens à commencer en remerciant grandement les éditions Robert Laffont pour l'envoi de cet ouvrage. Je remercie également Babelio pour l'organisation de la Masse Critique qui m'a permis de le recevoir.

Peu de périodes historiques sont aussi marquées par l'image des « Grands Hommes » que la Révolution Française. Et bien évidemment parmi ces « Grands Hommes » on compte un certain nombre de femmes. L'idée du couple Tulard est d'étudier ces figures féminines comme symboles des différents courants révolutionnaires. Et c'est là le problème principal : le terme « égérie » est largement utilisé, mais jamais réellement définie. Beaucoup de portraits s'enchainent et si l'on peut saluer leur diversité, et le choix de représenter tout les aspects de la révolution, les choix sont parfois douteux. Plusieurs ne servent en réalité qu'à présenter l'homme derrière la femme. A ce stade l'égérie n'est réellement que l'étendard d'une cause ou d'un acteur de la révolution, constat problématique pour une oeuvre qui cherche à mettre en avant l'action des femmes qu'elle présente.
Passé cette légère, mais handicapante confusion dans les termes, l'ouvrage brille par sa forme. le style est fluide et agréable, et surtout il arrive à rester parfaitement clair dans sa chronologie, ce qui n'est pas une mince affaire. A ce sujet je précise que la compréhension de l'ouvrage nécessite un minimum de connaissances sur l'histoire de la révolution et ses principaux acteurs. A partir de ce point de départ, l'ouvrage et clair et ne laisse jamais le lecteur se perdre. Un petit tour de force vue la complexité des évènements. A ce sujet nous pouvons également saluer le fait que l'ouvrage mette en avant la complexité des différents courants politique, au delà des simples oppositions royalistes/révolutionnaires ou girondins modérés/montagnards radicaux.
Cette subtilité s'efface toutefois malheureusement par moment. Déjà concernant la figure de Robespierre, présenté comme un personnage antiféministe, désireux de réduire au silence les femmes réclamant des droits. Un propos qui aurait pu marcher à une époque mais parfaitement incompatible avec l'évolution de la place de l'Incorruptible dans l'historiographie. Plus généralement, au-delà des différents courants politiques, le couple Tulard essaye de faire de toutes ces femmes des égéries du féminisme, conduisant à cette phrase en conclusion « La révolution fut misogyne ». Cette simple phrase donne l'image d'un affrontement entre des femmes réclamant des droits et des hommes leur refusant, tout en impliquant une victoire de ces derniers. On ne peut que déplorer une telle simplification, qui frise le contre-sens. Ne perdons pas de vue que l'action politique de la majorité des femmes dans le contexte révolutionnaire ne différait pas beaucoup de celles des hommes. Ne perdons pas de vue non plus les acquis de la révolution, à l'image du divorce. En outre il est dommageable de vouloir mettre en avant le rôle des femmes à l'excès. Dans ce domaine, on peut citer Talleyrand présenté comme un ingrat devant sa carrière uniquement à madame De Staël.

En conclusion un ouvrage intéressant et formidablement bien écrit mais dont les prises de positions et un manque de clarté dans le fil conducteur.
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