Il vaut parfois mieux laisser le passé où il est. Vous êtes encore jeune, mais plus vous prendrez de l’âge, plus vous accorderez de valeur au temps. C’est comme la vase qui s’accumule au fond d’un fleuve. Ça ne sert à rien de la remuer, parce qu’il peut, avec elle, remonter à la surface des choses qui mettront des années à se redéposer.
[...] Les adultes ne sont finalement pas si différents des enfants. Ils obéissent tous à la même loi de la violence.
[...] On va se le promettre, et on ne doit jamais trahir ses promesses.
[...] Rouvrir de vieilles tombes n’était pas facile. Il y avait des choses qu’il valait mieux laisser enterrées.
[...] Le jour viendrait-il jamais où le sujet serait abordé ? Sans doute pas. Il y avait dans le monde des choses si dures que même la dent du temps ne pouvait les entamer. Des choses auxquelles il valait mieux ne pas toucher.
[...] Le meurtre avait été précédé d’une longue beuverie à laquelle avait participé une bande de fêtards hétéroclite. Beaucoup d’allées et venues, de l’alcool et de la drogue.
[...] Il s’agissait d’un crime finlandais classique.
Dans le ciel commençaient à s'amonceler de lourds nuages qui semblaient pendre dans les airs tels des écheveaux teints à la main.
Cette photo était un mensonge, songea-t-il, comme presque toutes les photos du monde. Ils riaient parce que les gens étaient supposés rire face à la caméra. Les albums étaient des collections de sourires menteurs.
Linda savait par expérience que le mobile de la plupart des meurtres, en Finlande, était totalement futile. Le plus souvent, quelqu'un avait bu dans la mauvaise bouteille ou pris, son tour venu, une trop longue gorgée de celle qui circulait.
Paloviita tenta de se rappeler quand il avait pour la dernière fois rendu visite à ses parents. Ça devait faire deux ans. Et eux n'étaient venus qu'en de rares occasions chez lui, pour les anniversaires des filles. Ne pas se voir était un excellent moyen d'éviter de parler de choses dont on ne voulait pas parler. ( p 236 )
Oksman songea que Rami Nieminen avait réellement été contraint à pousser dans le fumier, et que cette petite pousse y avait été de nombreuses fois piétinée. Il savait par expérience à quel point il était difficile de s'en relever.
Ce n'était que le regard vide d'un homme dont l'alcool avait rongé le cerveau, comme il en avait vu des centaines. Des yeux qui n'avaient soif que d'une chose. Du prochain verre qui aiderait leur propriétaire à oublier tous les précédents qui l'avaient mis dans cet état.