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Critique de clairejeanne


Mais quelle imagination ! Une histoire originale, racontée d'une écriture drôle et imagée, un ensemble très visuel avec pour base un endroit hostile, chaud et poussiéreux.
Dans une ville minuscule (Shellawick) de cette région désertique du Midwest, le narrateur, Tom Elliott, tient un petit supermarché, au bord du "Pierrier" une grande zone caillouteuse noire où rien ne pousse.
Son supermarché a deux caractéristiques : il possède, juste devant la caisse, un vieux fauteuil de barbier qui lui vient de son père et qui sert de confessionnal, de lieu de conversations et de confidences pour tous les clients ; et il ne contient que ce que le propriétaire a bien voulu laisser en rayon, par exemple pas de popcorn ni de fleurs artificielles, Tom a ses raisons.
Ce propriétaire original a aussi l'habitude d'écrire, sans réfléchir, un haïku à l'entrée d'un visiteur; une fois, il a même écrit le texte d'une chanson pour un amérindien du coin dont le titre est "Popcorn Melody"
Dans une plus grande ville, Cornado, à 30 miles au nord, une usine de fabrication de popcorn s'est installée, de l'autre côté du Pierrier et Shellawick se vide petit à petit. Puis c'est un énorme supermarché climatisé qui s'installe juste en face de chez Tom et qui risque de causer sa faillite. Mais les choses vont évoluer différemment de ce à quoi on pourrait s'attendre.

Toute une galerie de personnages burlesques gravite autour de Tom, du vieil instituteur à la géologue déjantée, de la caissière rêveuse qui élève des scorpions à l'agent littéraire auto stoppeur...

Les Indiens - aussi nommés les Grandpas dans ce désert - sont très présents en tant que peuple martyr des Blancs et de l'Histoire ; la mère du narrateur est indienne et elle lui a parfois raconté les enfants embarqués et scolarisés de force, la perte de repères qui s'ensuit, la lente disparition du mode de vie de ces Indiens des Plaines.

L'auteure, avec finesse et humour, nous fait passer quelques messages à travers cet homme, Tom, qui sait écouter et qui sait écrire : la résistance par la littérature quand un combat frontal serait voué à l'échec et le fait que la poésie peut tout à fait naître dans un milieu totalement inculte. Elle critique au passage notre société de consommation et se demande si les hommes cherchent bien le bonheur où il faut...

Extrait : " Matthieu Southridge, oxydé comme un trognon de pomme, couvert de taches brunes, ne ratait aucune de ces fêtes de départ. Il fixait d'un regard mauvais ceux qui osaient abandonner Shellawick. Il n'adressait la parole à personne, se bâfrait de beignets et lâchait de temps en temps un commentaire excédé : "Quate fois trop cuit, çui-là! ", "Pas assez d'sucre", "Touré! Personne sait pus faire un beignet dans ç'te ville de crêles! " Matthieu occupait la seule place assise et ne la cédait à personne. Parfois il s'assoupissait, on aurait dit un mort, les bras raidis le long du corps, rongé par ce grand fauteuil en cuir inclinable et pivotant qui avait avait appartenu à mon père, barbier de Shellawick, comme son père, comme son grand-père, et probablement tous les Elliott depuis l'invention du rasoir coupe-choux." (p 15)

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