AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,28

sur 93 notes
Le village de Shellawick, au milieu d'un désert de cailloux noirs, dans le Midwest, s'était peu à peu vidé de ses habitants. Peut-être à cause du soleil torride qui les écrasait ou des tornades qui balayaient tout sur leur passage. Toujours est-il que, dès que les petits commerces du coin ont fermé, que ce soient les snacks-bars, le bowling ou la pizzéria, les gens sont partis, abandonnant tout derrière eux. La plupart sont partis vivre à Cornado, à 30 miles au nord, là où était implantée l'usine de pop-corn du Buffalo Rocks qui employait la moitié de Shellawick et des patelins voisins. Tom, lui, propriétaire d'une supérette, a tenu bon. Malgré les rayons désespérément vides. Les habitants venaient non seulement remplir leurs caddies mais aussi pour s'asseoir sur le fauteuil de barbier en cuir élimé, hérité de son père, et livrer leurs petits secrets. Tom observe, écoute et croque sous forme de haïkus notés dans les pages des annuaires, cette galerie de personnages...

Avec ce roman, Émilie de Turkheim nous plonge en plein coeur de ce désert américain, sous ce soleil de plomb, tant les descriptions sont précises, aussi bien l'environnement que les personnages qui l'habite. Des personnages hauts en couleurs et terriblement attachants. Tom, évidemment, le "pop-corn kid", qui ne compte pas se laisser marcher sur les pieds par ce supermarché géant. Viennent ensuite Matt, son professeur, à qui il doit beaucoup; Fleur, une cliente fidèle, perchée sur ses talons aiguilles et qui ne boit que du whisky de qualité; Émilie, fille adoptive de Matt, à l'enfance cabossée... et bien d'autres encore. Ce roman, ample et dense, aborde différents sujets tels que la société de consommation, le gigantisme, le pouvoir de l'argent mais aussi les Indiens d'Amérique ou encore la notion de bonheur (nom, d'ailleurs, que Tom donnera à sa supérette). L'auteur multiplie les scènes cocasses. L'écriture est quant à elle, à la fois inventive, poétique et riche, les expressions ne manquent pas. Un récit fantasque, tendre et original...
Commenter  J’apprécie          700
Voici un drôle de livre, petit bijou pétri de poésie, de folie douce et de haïkus ,à la fois déjanté, fantasque mais terriblement attachant !

L'histoire de Tom et son super - marché « Le Bonheur » le seul à être allé à l'université ,né dans cette ambiance couleur de suie, en plein désert des cailloux noirs , à Shellawick , , au coeur du Midwest .
Pourtant , petit à petit cette ville se vide , comme un sablier renversé —— grain à grain sans faire de bruit ——les trois snacks - bars ont fermé, la pizzeria et le bowling ——

Seul le super- marché de Tom où il vendait tout ce qu'il fallait pour ne pas mourir de faim —-, se laver et tuer les mouches ——subsistait , les clients défilaient pour raconter leur histoire sur le fauteuil de barbier de son père ...
Les gens prenaient tous un jour ou l'autre le chemin de l'usine de pop- corn , de la distillerie ou du salon de coiffure .
Ceux qui tenaient à rester à Shellawick auraient répondu au pourquoi «  Pass' que chu' né là, pauvre crêle. »
Jusqu'au jour où jaillit un fabuleux hypermarché climatisé ... nommé « Corne d'Abondance ».
Mais Comment combattre un tel concurrent ?

Où l'on croise Jeff Woolson , le maire curieux des jérémiades et des bêtises en tout genre débitées dans le fauteuil de Tom, Matt, l'instituteur pendant 50 ans, qui racontait sa vie par petites touches, Fleur, une vieille géologue juchée sur des talons aiguilles buvant du whisky hors de prix , des indiens , des rêves et des souvenirs enfouis sous une chaleur de plomb et bien d'autres personnages , des gestes du quotidien déjantés contés avec simplicité , naturel ——une incroyable dose d'humour et de fantaisie .——un vrai talent , Émilie de Turckheim , auteure que je ne connais pas...

Un ouvrage souriant , ironique à propos de la dérision et de la quête du bonheur dans nos sociétés avides d'abondance, de consommation ....du toujours plus ——au coeur de ces terres chaudes des Indiens des Plaines .——
Repèré grâce au titre et au nom de l'auteur , lu d'une traite avec bonheur , plus profond qu'il ne paraît ....On ne peut pas transcrire l'esprit exact de cet ouvrage , il faut le lire ...
Tom :
«  En écoutant mes clients , j'ai appris que les autobiographies étaient des tissus de mensonges sincères , qui variaient au gré des années et des ressentiments . Matt inventait des souvenirs quand il ne trouvait plus rien à me dire . La plupart des gens dont il me parlait s'asseyaient eux aussi sur mon fauteuil. J'entendais alors d'autres versions sincères et mensongères des mêmes événements .. »
Ce n'est que mon avis, tout relatif ...
Commenter  J’apprécie          453
Les uns après les autres ils viennent et prennent place dans son fauteuil de barbier. Un siège en cuir datant de l'époque de son père, avant l'épicerie. Certains s'y épanchent, d'autres lui commandent du whisky japonais ou lui demandent d'écrire une chanson. Il faut dire que Tom est le seul à être allé à l'université. Presque le seul à savoir écrire dans ce village paumé du middle West où tous sont plutôt satisfaits de leur sort. Un endroit qu'aucun n'aurait eu l'idée de quitter si une usine de pop-corn ne s'était installée dans un village voisin.

Début de la déliquescence de son commerce, cette usine symbolise aussi pour Tom, avec l'installation d'un hypermarché ultramoderne en face de chez lui, tout ce qu'il déteste et contre lequel il entend lutter. La consommation excessive, désordonnée et inutile ne doit pas, à l'instar de la conquête de l'Ouest qui a détruit les civilisations indiennes, menacer la culture et l'épanouissement de son esprit. C'est un très dur combat qu'il est prêt à mener, quitte à affronter des adversaires féroces.

Emilie de Turckheim nous emporte, au coeur des terres ardentes des Indiens des Plaines, dans une réalité hallucinée et un rêve naturaliste pour nous convaincre de résister aux sirènes d'un bonheur éphémère. Elle le fait d'une belle façon, un peu absurde et déjantée.
Commenter  J’apprécie          430
Petit bijou de drôlerie, de poésie et d'idées futées sur la vie actuelle, "Popcorn Melody" est un véritable coup de coeur.
Si vous aimez les films de Wes Anderson, la folie douce, les ambiances décalées, les personnages charismatiques, les anti-héros, les gestes du quotidien racontés avec simplicité et humour, les gens qui écoutent les autres sans les juger, les mots sans prétention qui font du bien, alors vous avez de bonnes chances d'aimer ce livre.
On y trouve un supermarché moribond perdu au milieu d'un désert de pierres, un fauteuil de barbier, une vieille femme juchée sur des talons aiguilles et buvant du whisky hors de prix, une usine de pop corn, des indiens, des rêves enfouis sous une chaleur de plomb, des situations qui pourraient faire pleurer mais trouvent le moyen de faire sourire.
Je ne vous en dis pas plus....je me suis laissée embarquer pendant les 200 et quelques pages et je sais que j'y retournerais quand le besoin s'en fera sentir.
Commenter  J’apprécie          360
Attirée par le titre curieux et le nom de l'auteure ( j'avais envie de la découvrir ) , je me suis lancée...et la lecture s'est révélée jubilatoire!

Un univers déjanté comme je les aime, au fin fond du Middlewest, des personnages hauts en couleurs et un peu fêlés, " ça aurait été crêle de pas en profiter ", touré ! Excusez-moi, je me suis trop imprégnée des expressions locales...

Pour vous mettre en appétit, voici un assortiment à grignoter ( pas du pop-corn, en tout cas!) : un vieux fauteuil de barbier qui sert de confessionnal, un" supermarché " qui n'en est pas vraiment un et dont la devise minimaliste de vente est " manger, se laver et trucider les mouches", le propriétaire, Tom, à la fois poète ( il écrit des haïkus à propos de ses clients) et psychanalyste (d'où le fauteuil, vous suivez toujours?)

J'ajouterais un hypermarché construit en face pour narguer Tom et l'entraîner dans la faillite, Emily Dickinson, non, pas la femme de lettres, une autre, vous décrochez, pas vrai? C'est normal! Et il y a , trônant au-dessus de tout cela, le Pierrier, la montagne noire, poussière, chaleur, cailloux, ouh! " Touré de zate de coye!"

Mais ne vous arrêtez pas qu'au côté loufoque, humoristique du livre, qui peut parfois devenir lassant. Car l'auteure épingle ici de nombreux travers de la société américaine contemporaine : les conditions de travail déplorables des usines de pop-corn, la désertification des petites villes, le gigantisme des magasins, associé au consumérisme. Mais elle le fait avec malice et fraîcheur dans le ton. Et le personnage de Tom est tellement attachant!

Un roman qui ne laisse pas indifférent, assurément!
Commenter  J’apprécie          3414
Arrêt sur image: une petite ville poussiéreuse au milieu d'un désert torride de pierrailles, une épicerie-bazar "indigne de ce nom", quasi vide, tenue par un improbable poète, se refusant à vendre les paquets de popcorn de l'usine locale, décorés par sa propre frimousse de gamin hilare. Un lieu de vie, de rencontres de voisins et de papotes qui fait naufrage quand s'installe un supermarché flambant neuf et climatisé, juste en face.

Voici le genre de décor narratif qui fait mon bonheur: Des culs terreux, des personnages décalés, des coyotes, un décor de western moderne avec mouches, vent et chaleur...
Débutant en atmosphère de vie éreintée et désespérante, en décors de Paris Texas de Win Wenders, le récit prend ensuite des chemins de traverse farfelus. La dégringolade du héros face au temple de la consommation déshumanisée est dramatiquement cocasse. Et son coup de coeur pour une dulcinée à la cervelle de petit pois et aux rondeurs de citrouille participe au même délire narratif de folie douce. L'écriture est colorée, le langage rural gouailleur, la poésie au coin des pages.

Pour autant, ce livre inclassable nous parle d'éveil à la connaissance, de recherche de racines familiales ou géographiques, de loyauté et de résistance.

J'ai un peu calé vers la fin, une sorte de lassitude par excès de burlesque sans doute. À lire néanmoins pour son originalité, et un savant dosage de drôlerie et de tragique.

Commenter  J’apprécie          322
Popcorn Melody| Pour moi, Melody, c'est une amie chanteuse sur Twitter; c'est vous dire combien ce nom sonne poétique !! | Ca commence avec un lever de soleil, ironie et déprime... Alcoolisme, Grandpa, un Indien, braque la superette de popcorn de Shellawick, il menace Tom avec une arme blanche dans l'espoir qu'il lui écrive une chanson sur le travail à l'usine... le ton général est assez caustique. Petites conversations punchy très courtes. Point bonus pour l'humour qui est encore trop rare en littérature....
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          144
J'avais déjà goûté à la plume d'Émilie de Turckheim il y a quelques années et beaucoup apprécié Héloïse est chauve pour son originalité et sa tonalité singulière. le moins que l'on puisse dire c'est que l'auteur excelle à créer de vrais univers, à jouer sur l'imaginaire avec une petite dose de poésie et à composer une petite musique bien à elle. C'est vrai que ça fait du bien de sortir un peu des romans basés sur l'autofiction ou sur une réalité brutale à force d'être vraie. Popcorn Melody emprunte aux contes et légendes, au western, à la poésie tout en s'ancrant dans l'histoire contemporaine des États-Unis.

Imaginez une bourgade du Midwest, en plein coeur des États-Unis, un décor désertique et caillouteux écrasé de chaleur, une vallée dortoir dont les habitants ne vivent que par et pour le maïs. Les seuls emplois disponibles étant ceux offerts par l'usine de Popcorn, Buffalo Rocks, à quelques dizaines de miles de là. Dans ce trou perdu, Tom Elliott tient une supérette, au doux nom de Bonheur, aux étals très sommairement garnis. Il prône la tempérance face aux excès de la société de consommation et se refuse à vendre du popcorn, lui dont le visage d'enfant, retenu à l'époque lors d'un casting, orne pourtant les paquets. Tom est un poète - il compose un haïku sur chaque client qui entre dans sa boutique -, mais surtout un homme profondément attaché à ses racines, trempées dans l'histoire d'une terre arrachée aux indiens dont sa mère était une des descendantes. Un beau jour, un immense supermarché est construit juste en face de sa boutique et Tom ne peut qu'observer avec philosophie ses anciens clients changer de trottoir pour des rayons pleins à craquer, des allées climatisées et d'une propreté irréprochables, et des prix défiant toute concurrence. Quand survient un vieil indien, que Tom avait complètement oublié et qui pourrait bien lui apporter une partie de la solution...

Tout le charme de Popcorn Melody réside dans la poésie qui irrigue et porte le personnage de Tom, seul habitant de la ville à avoir fait des études de lettres à l'université, passionné de livres et ne ratant jamais une occasion de se dégourdir la plume. Autour de Tom, c'est un portrait de l'Amérique profonde, le poids des injonctions au bonheur par la consommation, le système capitaliste et bien sûr le destin dramatique des indiens des plaines qui apparaissent en filigrane.

Émilie de Turckheim livre ici un roman à la fois doux et âpre, à l'image de la rudesse des conditions de vies et de la tendresse que portent en eux certains personnages. Tout en rendant un bel hommage à la littérature, au pouvoir des mots, à leur capacité à faire basculer le destin.

Tom Elliott est un personnage qui vous accompagne longtemps, et Émilie de Turckheim est décidément l'un des écrivains contemporains les plus intéressants de sa génération.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          124
Émilie de Turckheim Popcorn Melody
Éditions Héloïse d'Ormesson ( 208 pages – 18€)

Trouver une citation d'Emily Dickinson en ouverture du roman au titre mélodieux, un vrai bonheur qui préfigure la rencontre avec son homonyme .

Émilie de Turckheim nous embarque Outre-Atlantique, au plein coeur du désert, à la rencontre de Tom Elliott, gérant d'un supermarché, à l'enseigne du Bonheur.
Pas facile de prospérer dans cette nature hostile qu'est le Pierrier, où « La poussière règne sans partage », impose « sa loi grise », où rien ne pousse, pas même une fleur.

Toutefois, riche de l'enseignement de son instituteur Matt,et conforté par la conviction de son professeur Takemo pour qui «  un certain manque est une bénédiction », Tom décida de fournir à ses clients la trinité suivante, de quoi « manger à sa faim, se laver, tuer les mouches », mais en rebelle, il refuse de vendre « la céréale bénie », « le divin maïs ». Va-t-il résister, vu que Shellawick se vide « comme un sablier qu'on renverse » ? Finira-t-il par « vendre des fleurs » ? ( 1)

Mais qui n'a pas rêvé de venir se détendre assis dans le fauteuil du barbier, propice à s'épancher, comme sur le canapé d'un psy ? Tom ayant l'art d'observer et d'écouter les habitués du fauteuil, les radiographie ou les croque de façon minimale, sous forme de haïkus. Il nous offre une galerie de personnages avec leur franc parler du terroir.
On croise Fleur, la muse de Tom, « l'héroïne de ses annuaires téléphoniques »
On découvre Emily, fille adoptive de Matt, férue de poésie, à l'enfance cabossée.
On remonte au passé de Tom, ce « Popcorn kid » d'un clip publicitaire, ses études universitaires , à celui de Nancy, la mère d'Emily, de Dennis, dénicheur de talents », un père « à la tête d'un empire jaune », un chien qui abhorre la vue d'un épi de maïs.

L'auteur crée le suspense quand Tom se voit remettre une enveloppe par Okomi, son premier client, celui qui lui avait extorqué des paroles , qui lui avait inspiré un poème, en début du roman. Quel mystère renferme-t-elle ? Une marque de reconnaissance.
La romancière déploie un écriture inventive, visuelle, très cinématographique,
comme ce travelling sur le « cortège de caddies enchaînés ». La précision des descriptions est telle que les images jaillissent, que ce soit pour les lieux, ou ses protagonistes. Elle recourt aux comparaisons, ainsi le visage de Tom, criblé de taches de rousseur devient sous sa plume : « le millier de clous plantés », « ce ciel d'étoiles grouillant ». le bras de Bob est « flexible comme un cou de flamand ». Elle forge des mots : « toucaneux » ou utilise des mots rares : «  enrogne ».
La poésie s 'y glisse, mais aussi la grivoiserie de certains poèmes et les réparties graveleuses. Elle personnifie les tournesols «  avec leur grand oeil brun et leur sourire de pétales », nourrie par « l'état d'euphorie animiste » de Tom.
Émilie de Turckheim jongle avec les mots d'enfants : «  Colle au radeau » pour Colorado ou prête à Tom une certaine ironie : «  Chu'riche comme les Rocs Fêleurs ».
En remontant au passé des protagonistes, à leurs ancêtres, des pans de l'histoire des USA jalonnent le récit : au XVIIIe siècle, l'extermination des autochtones en leur distribuant « des couvertures infestées par la petite vérole », la prohibition. A travers ses personnages, l'auteur relate le destin de ceux, celles qui « ont du sang ». Est évoquée la façon dont les enfants étaient enlevés de force à leurs parents, éloignés des réserves. D'où cet attachement aux amulettes, une tortue pour les filles, réceptacle du cordon ombilical, «  ce trait d'union de chair ». Anecdote qui rappelle un précédent roman d'Émilie de Turckheim : La disparition du nombril, doté du Prix Nimier.
C'est ce que vécut Mary, la grand-mère de Tom, à qui « on a volé la langue ».
Quant à Marilyn, elle s'avère révoltée par le sort des Sioux, parqués dans des réserves, leurs bisons, « animaux sacrés », massacrés. «  Tout était bon dans le bison ».
Émilie de Turckheim montre comment l'argent pouvait dissuader de porter plainte, souligne la façon déshumanisée de congédier un salarié, à l'ère de l'invasion des robots. Sam, n'est-il-pas Big Brother quand il traque Tom au supermarché ?
Cette vidéo surveillance de tous nos gestes ne gagne-t-elle pas aussi la France ?
La romancière met en exergue la lutte que doit mener Tom contre «  l'ogre d'en face », « Horn of plenty », « paradis de la consommation », du gigantisme.
Elle pointe les conséquences dramatiques qui en découlent, suicides de ceux qui sont absorbés, étouffés, conduits à la faillite, abandonnés de leurs édiles. Situation qui n'est pas sans rappeler la crise agricole et les petits exploitants avalés par les géants.

Émilie de Turckheim nous livre un récit gigogne en nous faisant suivre l'avenir du roman de Tom, à la veine autobiographique : « Vie et Mort d'un supermarché ». L'écriture comme planche de salut après « la voix des livres » illuminant son esprit.
Elle montre comment est vécue par un auteur la séparation de son manuscrit., ainsi que la difficulté de vendre son opus en quelques lignes accrocheuses. Tom avoue qu'il aurait aimé « le garder secret ». Décision prise après maints atermoiements, doutes avant de l 'envoyer aux éditeurs. Puis, l'attente angoissée d'une réponse, et enfin l'accueil par les lecteurs. Un roman n'est-il pas souvent tiré d' une histoire vraie ? Chaque vie n'est-elle pas un roman ? Tel un vampire, Tom s'était contenté d' «  épier des gens » sur le fauteuil de son père. L'auteur pointe « le pouvoir ensorcelant «  des livres , une vraie drogue, aux « plus beaux effets secondaires ».

Émilie de Turckheim signe un roman américain ample comme les grandes plaines d'Amérique, qui a des résonances avec la crise économique actuelle, qui alerte sur la « robolution », avec l'invasion des droïdes. Récit ponctué de flashback, de scènes hilarantes, servi par une écriture éclectique surprenante, d'une grande liberté de ton.

L'épilogue tonitruant, violent, digne d'une scène de western, laisse Tom dans un état second, s'imaginant poursuivi par des « Grandpas à cheval » et criblé de flèches.
On ne peut que souhaiter à «  Popcorn Melody », devenu un tube,le même avenir prometteur.
( 1) : « vendre des fleurs », « C'était l'idée qu'on se faisait de la folie ».
Commenter  J’apprécie          110
Émilie de Turckheim fait partie des auteurs très attendus pour cette rentrée : Popcorn Melody est-il à la hauteur de cette attente ? La réponse tout de suite sur le blog !

On va commencer très vite à répondre à cette question : Popcorn Melody est un mélange parfait entre Bagdad Café, un roman de Louise Erdrich et un petit air de Au bonheur des dames, c'est un roman avec une originalité indéniable : l'auteure a réussi à nous imprégner de cette ambiance désertique, nostalgique et même magique... J'ai tout de suite su que ce roman allait me plaire ne serait-ce que pour sa thématique et la position géographique de cette supérette.

Beaucoup d'auteurs français cherchent à écrire sur les États-Unis, il y en a peu qui réussissent et je suis très exigeante pour ce genre de challenge : c'est un pari réussi avec ce livre ! A mes yeux ce roman est un conte pour adultes : une mise en lumière de la société de consommation, une mise en exergue de la cause indienne et des minorités, une mise en avant de ce qui fonde le bonheur dans une époque où tout va trop vite.

J'ai aussi sincèrement adoré le fait de mettre en parallèle des dialogues épurés, "ruraux" avec des descriptions et pensées poétiques: le style de cette auteure est vraiment unique. En effet si les habitants de Shellawick sont des gens simples avec un bon coeur; l'auteur réussi à mixer ce point avec un narrateur relativement cultivé (qui n'hésite pas à écrire de temps en temps des poèmes) et avec une belle écriture faisant honneur aux paysages américains.

En définitive, Popcorn Melody est un très beau roman : il sonne juste, il sonne vrai. En librairie depuis le 20 août !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (176) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..