Au royaume d'Hélios, afin d'éviter les inégalités au sein de son peuple entre les hommes dotés de pouvoirs et ceux qui n'en ont pas, le roi a choisi d'instaurer un traité qui bride la magie et maintient ainsi une paix, a priori durable, entre ses sujets. Mais le vent va tourner au moment de la fête annuelle… Arya, jeune pâtissière à la langue bien pendue et à la curiosité insatiable, éprise de lecture et de mots, voit alors son univers basculer dans l'horreur. Tout est détruit, les gens gisent inanimés dans la rue, quand ils n'ont pas tout simplement disparu! Rescapée par miracle du massacre, la jeune fille n'a qu'une obsession: retrouver les siens ainsi que son meilleur ami, le prince Aïdan. Mais, avec la magie qui se libère, elle découvre qu'elle est promise à un tout autre destin… Elle est la nouvelle Passeuse de Mots, celle qui doit rétablir l'équilibre du monde, une tâche ardue et dangereuse pour la jeune fille qui, la veille encore, ignorait détenir des pouvoirs magiques. Aidée de nouveaux compagnons, Arya va ainsi se retrouver plongée dans une quête périlleuse mais ô combien incroyable!
Un peu intimidée par les 736 pages qui composent ce petit pavé, surtout en sachant que mon nouveau partenariat Masse Critique comporte la bagatelle de 1312 pages, j'hésitais un peu à me lancer dans cette nouvelle lecture… Sauf que, mon téléchargement NetGalley menaçant de se verrouiller prochainement, c'était un peu “maintenant ou jamais”! Et bien m'en a pris! “La passeuse de mots” s'avère être un page-turner redoutablement addictif pour qui aime ce genre d'univers. Et des univers, il y en a beaucoup dans ce premier tome qui s'ouvre sur un monde d'heroic-fantasy dans lequel évoluent, sur fond de cité médiévale, magiciens, guildes, nobles, marchands en tout genre et gardes chevaleresques. Mais ne vous fiez pas à ce premier décor car, plus la quête avance, et plus les registres se mélangent avec, toujours, cette référence au conte et au mythe. On côtoie aussi bien les vampires, que les banques imprenables à la Gringotts, façon Harry Potter, que les pirates ou encore les cités perdues, type Atlantide. Bref, des univers variés, assez indépendants les uns des autres, qui peuvent donner l'impression d'un manque de cohérence, mais qui ne m'ont pas spécialement gênée durant ma lecture.
Le point fort du roman, en plus d'avoir une écriture particulièrement agréable et fluide, réside davantage dans ses personnages. Avec plus de 700 pages, les deux auteurs prennent le temps de décrire et d'étoffer les différents caractères de nos protagonistes ainsi que les relations qui les lient. Difficile dans ces conditions de ne pas s'attacher à notre improbable équipée! Mention spéciale au mystérieux et ténébreux Killian bien sûr, mais aussi à Arya, dont le caractère bien trempé se mêle à une grande sensibilité. J'ai pris un grand plaisir à suivre les aventures de nos quatre compagnons et à voir comment chacun s'enrichissait au contact des autres (au sens propre comme au figuré concernant Killian, le voleur de la bande).
Ce que l'on pourrait néanmoins reprocher à ce premier tome, ce sont peut-être ses longueurs (difficilement évitables au vu du nombre de pages) ainsi que certaines maladresses scénaristiques comme narratives (impression de redites, de déjà-vu, voire de clichés). On sent que les deux auteurs sont influencés par de nombreuses références et qu'ils veulent tout placer, ce qui m'a parfois fait perdre le fil... Néanmoins, mon ressenti général reste très bon puisque j'ai globalement été captivée par cette aventure fantastique qui m'a rappelé l'addiction que j'avais eu pour la série “La passe-miroir” de
Christelle Dabos (en moins abouti et plus ancré littérature ado tout de même!) il y a quelques années. Bref, un premier tome réussi, qui donne envie de poursuivre l'aventure!