Il n'a décidément pas de bol, Edgar Mint. Comme si ce n'était pas suffisant de naître de mère Apache alcoolique et de père Blanc enfui sur une réserve miséreuse, voilà qu'un jour le facteur lui roule sur la tête. Plus qu'aux trois quarts mort, le jeune garçon est transféré d'urgence à l'hôpital, où un médecin obstiné parvient à le ramener dans le monde des vivants. de cet accident, il gardera peu de séquelles physiques mais le reste de son existence s'en verra chamboulé. Et chacun sait que lorsque la loose a décidé de s'acharner sur quelqu'un, elle ne se laisse pas écarter par un petit miracle importun.
Certaine déception à la lecture de ce roman vers lequel m'avaient attirée un bon nombre de critiques enthousiastes. Ca commençait plutôt bien, pourtant, j'ai trouvé assez accrocheur tout le début du récit où sont relatées en parallèle l'histoire de la conception d'Edgar et celle de sa renaissance. Et puis, petit à petit, tout cela se relâche. Les personnages, (trop) visiblement conçus pour paraître haut en couleurs, ne sortent guère des stéréotypes. Les violences auxquelles le héros est confronté dans l'école qu'il intègre à sa sortie de l'hôpital sont plus excessives que réellement percutantes, assez lassantes au bout du compte. Si les multiples rebondissements ont réussi à tenir mon intérêt en éveil jusqu'au bout, je n'ai jamais été vraiment touchée par les malheurs de ce gamin et mon empathie, elle, est restée extrêmement limitée. Il faut dire que les personnages contés à la première personne manquent assez rarement de m'agacer, et celui-ci n'a pas fait exception à la règle !
Quant au happy end final - car oui, un mioche au destin miraculeux peut-il échapper au happy end ? - je l'ai trouvé plutôt faiblard, avec un petit côté "l'auteur s'est bien acharné sur son personnage pour que le lecteur soit content de le voir s'en tirer à la fin, youpi, tout peut donc s'arranger dans la vie." Mouaif.
La lecture ne fut pas désagréable, avec même quelques véritables bons moments, mais j'ai tendance à voir là l'un de ces innombrables romans qui jouent la carte de l'invraisemblable et du décalé pour paraître originaux, mais qui manquent de démesure, de folie, de poésie, de hargne, de puissance, de subversion, de profondeur, de véritable originalité en somme, pour se démarquer. L'écriture (telle qu'elle est traduite en tout cas) n'a rien de très intéressant, les ficelles sont grosses, trop visibles, la réflexion ne pousse jamais bien loin et j'ai le sentiment d'avoir déjà lu la même chose, souvent en bien meilleur, sous la plume d'autres auteurs américains.
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