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Critique de carolitne


"Les vieilles sorcières pondent les plus beaux oeufs", elles qu'on voudrait pousser dans l'oubli d'une disparition programmée, ombres invisibilisées d'un bel âge disparu.
Ce sont de "vieilles femmes porteuses de bonnes choses", dans la mise au monde d'une jeunesse qui les fuit tant qu'elle nous obsède, dans le recommencement d'une vie s'achève pour elles.
Elles sont l'éternel renouveau, symbolisant une immortalité qui se refuse à elles, glissant dans un temps qui leur échappe, de par son obsession de la jeunesse éternelle.
Leurs corps ondulent en clair-obscur défiant le poids des ans, un infini ruban de Moebius traçant l'image originelle du cosmos.
Pour ne pas disparaître.
Elles sont l'origine du monde, mères et filles unies dans la même féminité, symboles de fertilité et de la vitalité de tout commencement.
Elles sèment des oeufs comme autant de pierres jetées à la face du destin, dont la fragilité n'a d'égale que leur force.
Elles sont la Baba Yaga, figure mythique des contes slaves, symbole du féminin anthropomorphe, tisserande des destinées humaines.
Mère, soeur, femme, face sombre de la maternité, elle est sorcière dotée du pouvoir de métamorphose, oiseau noir pondant ses oeufs comme autant de symboles universels de résurrection et du renouveau de la vie.

Dans une réécriture moderne de ce mythe, Dubravka Ugresic questionne la place des femmes âgées dans nos sociétés modernes, invisibilisées par les obsessions de jeunesse éternelle et les mirages d'une longévité que leurs corps incarnent pourtant de toutes leurs marques, que leur maternité assure dans le fil de la destiné humaine.
Elles sont la féminité, elles sont féministe ; souveraines de leurs vies et de leurs corps, qui embrassent leur destinée avec lucidité et courage.
Il était une fois ce conte drôle, tendre, érudit ; bercé par les aphorismes et les répétitions comme pour mieux ralentir le rythme d'un récit au diapason des pas de ces trois drôles de dames.

Une lecture surprenante, dont la construction atypique étonnera plus d'un lecteur bien qu'elle en renforce le propos dans sa mise en abime du conte comme clé de compréhension du monde.
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