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Critique de vibrelivre


Après le progrès
Beata Umubyeyi Mairesse

La Cheminante/Harlem Renaissance
2019, 83 p

POESIE



C'est un tout petit recueil de poèmes, édité par une petite maison, distribué lui-même en tout petits recueils, dont les titres donnent le ton : Perdu, Volé, Racheté, un titre en anglais au sujet féminin She persisted nevertheless présenté comme un calligramme, et un autre, dessin tout aussi bien, Vivre oh présent qui égrène joyeusement un chapelet de sens. le recueil comprend aussi un poème en anglais, c'est que Beata Umubyeyi Mairesse aime la littérature anglaise.
le titre de l'ensemble est Après le progrès. Avec, ou sans, ponctuation ? Et c'est un éventail de possibles qui s'ouvre au lecteur, avec quand même une orientation marquée vers la liberté, celle de grandir, de parler, de vivre comme on veut, d'être, d'autant plus grande que la mort aurait pu l'ôter.
Beata Umubyeyi Mairesse est née en 1979 au Rwanda, et a subi le génocide tutsi en 1994, et survivante, est venue en France. Mais elle n'a pas oublié le pays natal, ses odeurs, ses arbres, les femmes qui pilent – un poème rend remarquablement le rythme de ce travail patient de concassage- la guerre, pays dont malgré tout, malgré une réparation, elle est séparée, à cause d'une « enfance décachetée ».
C'est un tout petit recueil, mais les poèmes ne se lisent pas facilement.Tout n'est pas dit, et ce qui est dit l'est parfois désagréablement, on ne culbute pas aisément le malheur, c'est amer, ça passe mal, et la tristesse laisse un dépôt. Les mots sont placés là où ils prennent de la force. Ca crisse, et résiste. Les vers sont courts, parfois cris, quelques-uns ordres. La poète aime les allitérations, les assonances, les néologismes, « déchaviré »les échos sonores, et les jeux sur des vers célèbres et des phrases banales qui, accessoirisées, redeviennent vigoureuses et fécondes, « Ils ne m'ont pas fait exprès ». La poète reprend les grands thèmes universels, l'amour, la mort, la guerre, le masculin et le féminin, le conflit mères/filles, la maternité. Les tons et les rythmes sont divers, certes il y a l'exaltation du « nous », « la plante rempotée » se satisfait de son nouveau, et chic, lieu de vie, mais la couleur qui domine est celle d'une résistance à l'échec, et aux sentiments négatifs qu'il pourrait générer. La poète applique son « article 4 » un jour je dirai de la poésie/ un jour le soleil avalera la nuit, mais le soleil n'a pas encore achevé l'ouvrage.
« Ma voisine est partie ce matin » et « Les garçons naissent dans des cédilles » sont des réussites d'émotion et d'invention.
Je remercie Masse Critique pour l'envoi de ce livre.
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