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Critique de raton-liseur


Ce sont les chaudes couleurs de la couverture, sur une des tables de la librairie qui m'ont attirée, comme un wax de belle qualité. Puis le titre, et son ambiguïté, expliquée dès la quatrième de couverture, ont fini de me convaincre. Je me suis lancée dans cette lecture en sachant qu'elle serait dure. Il est question du Rwanda et du génocide qui constitue presque la seule chose pour laquelle ce pays est connu sur la scène internationale.
Ce livre est en réalité constitué de deux recueils de nouvelles précédemment publiés indépendamment, plus quelques nouvelles publiées dans des revues. Je ne suis pas certaine que cet assemblage soit heureux, car chaque recueil a une véritable identité et elle se dilue dans le fait de lire les deux à la suite. le premier recueil, Ejo, parle du génocide, un peu avant, pas vraiment pendant et surtout après. le second, Lézardes, même s'il revient sur le génocide, est aussi sur la perte de l'innocence.
Beata Umubyeyi Mairesse, l'autrice, est elle-même une rescapée du génocide. Et cela la hante. Cela la hante et irrigue son écriture en continu. Elle explore les blessures et les failles, comment elles sont chez chacun, mais comment elles ne sont aussi jamais les mêmes.
C'est un livre difficile, et souvent je me suis sentie tellement loin de ces personnages. Ceux qu'ils ont vécu est tel que j'ai l'impression que toute empathie est en fait déplacée. J'ai lu il y a peu un livre dans lequel l'autrice mettait sciemment le personnage principal à distance, ce qui créait une impossibilité pour le lecteur de se mettre à la place du personnage. J'avais trouvé cela dérangeant, mais très intéressant, et une expérience de lecture peu commune. Ici, ce n'est pas l'intention de l'autrice, mais j'ai ressenti cette même distance, non à cause du style ou de l'intention littéraire, mais à cause de l'énormité de ce qui est décrit. Ce fut encore une lecture dérangeante, donc, et avec un tel sujet, c'est le moins que l'on puisse dire.
Alors le style est parfois un peu plat, mais le sujet mérite que l'on s'attarde sur le livre, et surtout toutes les situations que l'autrice invente pour montrer cette multiplicité de destins, de blessures. Pas beaucoup d'espoir dans ce livre, peu de place pour la réconciliation qui est aujourd'hui le mot d'ordre officiel, mais une exposition sans fard des traces, visibles et invisibles de ce génocide, à hauteur de l'individu.
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