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Critique de Meps


Deuxième tome de la saga Kristin Lavransdatter. Après avoir été aux premières loges de la construction de la personnalité de la jeune Kristin dans La couronne, après avoir découvert l'histoire de sa famille et voyagé avec eux dans les beaux paysages norvègiens, nous voici arrivés à l'heure où Kristin fonde sa propre famille.

Ce qui est impressionnant dans la construction des romans de Sigrid Undset, c'est de voir comment elle parvient à imbriquer parfaitement la psychologie des différents personnages. Toute la galerie des protagonistes est fouillée, les actions et les motivations de chacun influent sur les autres. Même si Kristin reste le personnage principal, l'auteur ne se prive pas de s'attarder sur un autre personnage pendant de longs moments pour mieux nous faire comprendre le tableau d'ensemble. En narrateur omniscient, elle nous plonge parfois dans le cerveau des autres membres de la famille (Lavrans le père, Erlend le mari, Simon le beau-frère et ancien fiancé) et nous permet ainsi de mieux comprendre tout ce qui se joue autour de son héroïne. le foisonnement des personnages avec des noms évidemment typiquement norvégiens oblige à une certaine concentration, mais une fois les repères posés, on parvient à bien identifier chacun... du moins pour les personnages principaux !

Au-delà des ressorts psychologiques, le roman est également une peinture sociologique de la vie norvégienne au Moyen-Age que les observateurs disent assez juste. On découvre les différents enjeux de pouvoir au sein des différentes strates de cette société, les habitudes de vie, les différences d'appréhension de la moralité en fonction des familles. C'est d'ailleurs à la confrontation entre l'éducation reçue et la moralité plus "élastique" du conjoint que ce tome se consacre le plus et les développements sont très intéressants. Tout cela se fait sur un fond de religion très présente, comme il est tout à fait logique de l'observer au Moyen-Âge. Même si elle est le plus souvent décrite comme un refuge salutaire pour les âmes perdues, l'auteure ne tombe pas dans le portrait naïf d'une Eglise parfaite, elle sait dépeindre aussi les errements ou les questionnements de certains prêtres, tel notamment Gunnulf, le frère du mari de Kristin.

Ce qui sera resté pour moi plus complexe à appréhender restera les intrigues politico-historiques autour du roi et des différentes factions cherchant à le destituer. Certaines références parlent forcément plus à un lectorat norvégien et l'auteure ne fait pas toujours les efforts d'explication nécessaires. Elle n'a peut-être pas imaginé à l'époque l'audience que sa saga aurait au niveau international... audience telle que c'est sans doute cette trilogie qui lui aura permis d'être une des premières femmes nobelisé, à juste titre quand on découvre la richesse de son exploration de l'âme de ses personnages.

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