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Critique de ma_dalton


Je découvre Antonio Ungar dans ce roman très dur, un peu glauque. Cet auteur fait preuve d'un sens du suspense si complètement bluffant qu'il m'a offert un des meilleurs thrillers que j'ai lu cette année! On se croirait précipité dans Psychose, le film culte d'Alfred Hitchcock. Nous y retrouvons la même ambiance, des thèmes communs et surtout, surtout le même type de héros à l'esprit dérangé, voyeur, obsédé sexuel, paranoïaque et psychopathe meurtrier.

Non pénétrons dans la plus profonde intimité d'un narrateur -qui ne sera jamais nommé- qui vit, seul et isolé dans une grande ville -qui elle aussi ne sera jamais nommée - , dans quartier envahi par les immigrés et déserté par les « citoyens » .Nous suivons, page après page, la consignation méticuleuse des actions et des pensées de ce déséquilibré à la fragilité identitaire.
Cette écriture lui servirait d'automédication. Sa soeur adorée, Éva à qui il voue un véritable culte « douce petite soeur, morte trop tôt ».lui aurait conseillé de tenir un journal , « Écris tout ce qui t'arrive. Ça va t'aider. » et ce depuis le premier jour de la première année du secondaire, preuve que les problèmes de santé mentale de notre personnage ne datent pas d'hier. Il s'adressera à sa soeur tout au long du récit ce qui est en lien avec le titre du roman « Regarde-moi ». Notre héros n'est pas non plus à une tentative près d'automédication : il mélange Ritalin, Clonazepam et alcool pour calmer les angoisses que ses nombreux rituels obsessifs-compulsifs ne parviennent pas à endiguer.

Dans ce roman, il est difficile de démêler ce qui appartient à la réalité de ce qui appartient à l'imaginaire du narrateur ou encore à ses fantasmes.
Ce qui est certain c'est que de nouveaux voisins viennent de s'installer dans l'immeuble en face de chez lui. Un homme, ses deux fils et une jeune-fille de 18 ans. Ce sont des « basanés », arabes, gitans ou autres « métèques ». Notre raciste xénophobe les soupçonne très rapidement d'être des trafiquants de drogues et d'abuser de la jeune-fille. Il décide donc s'installer des caméras dans leur appartement pour les surveiller et surtout épier l'intimité de la jeune-fille, Irina qui l'obsède et avec qui il nouerait une improbable relation érotique. Par moment nous avons l'impression de devenir voyeur du voyeur.

Tout se corse quand il s'imagine que les voisins ont découvert son stratagème et, qu'à leur tour, ils le surveillent et le manipule.

Sa haine bien réelle de l'autre et son incapacité à s'ouvrir au changement l'amèneront à mener à terme la mission dont il est investi : « J'accomplirai ce dont j'ai été chargé par la république en ruine et je l'accomplirai en hommage à toi (maman) et à la petite Eva. »

Le roman qui mêle efficacement violence et érotisme nous interpelle aussi sur les causes et les dérives des replis identitaires qui fleurissent aujourd'hui sur la planète.
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