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Critique de KRYSALINE555


Je viens de refermer la dernière page de ce livre et je dois dire que la fin m'a un peu « scotchée ». Même si j'avais pu, le temps d'un éclair, saisir deux ou trois trucs et entrevoir une explication plausible, je ne m'attendais pas à une fin pareille ! « No Future » ! Sans espoir comme ce mouvement anarcho-libertaire punk de la fin des années 70 dont il est question. Mais pourtant si… un espoir si infime, si ténu… mais au goût amer!

C'est le deuxième livre de Cathi Unsworth que je me mets sous la dent… celui-ci après « Bad Penny blues » que j'avais vraiment beaucoup aimé. J'avais adoré l'ambiance musicale qui prédominait dans le roman et le style de l'auteur m'avait accrochée.

Pour celui-ci, Cathi ne déroge pas à sa culture musicale qu'elle décrit à merveille. On sent la maitrise qu'elle a du sujet et de l'aisance avec laquelle elle se meut dans cet univers. Sans en faire un étalage ostentatoire elle parle de la période Punk avec une précision quasi chirurgicale. Et même si l'on est moyennement fana cette époque, il faut reconnaitre que ce récit est mené avec brio. L'ambiance de l'époque est bien retranscrite, on visionne bien ce qu'elle a pu être avec toute l'effervescence que la violence de leurs propos suscitait. L'univers des Sex Pistols, des Cures, le personnage de Sid Vicious, tout y est et l'on est transporté pour un voyage dans le temps très réaliste.

Le groupe « Blood trust » est composé de rebelles provocateurs, créatifs et révoltés. Les membres du groupe sont tous plus déjantés les uns que les autres. Kevin, Stevie, Lynton, Vince… Alors, additionnés de Sylvana, la chanteuse d'un autre groupe nommé « Mood violet », c'est une bombe à retardement ! On va assister à l'implosion de tout ce petit monde dans un éclair blanc. Blanc comme l'héroïne qui va tuer Sylvana. Suicide. Suivi de la disparition du chanteur, Vince.

Dans les années 2000, Eddie, journaliste à son compte qui peine à décoller, est fasciné par Vince qu'il voit sur une vidéo que lui montre Gavin, photographe Australien fan de Blood Trust » et de son chanteur charismatique, Vince.

L'idée d'en faire un livre germe dans son esprit. Il se lance alors dans l'interview des différents membres du groupe de l'époque. À la suite de sa rupture imposée par Louise, Eddie se lance à corps perdu dans la quête de reconstitution de l'histoire du groupe et tente de trouver la réponse à la disparition soudaine de Vince ; Vivant ? Mort ?... A savoir…

Cathi ne fait pas dans la dentelle. Tout y est parfaitement décrit, sans aucune concession mais avec une certaine nostalgie. Elle retranscrit bien l'âme du mouvement punk anglais. On est transporté des décennies en arrière, c'est saisissant. le quartier de Camden est décrit avec une grande minutie. Je salue particulièrement les références musicales (bandes-son) utilisées en tête de chapitre. A chaque chapitre, sa chanson. L'idée est brillante et me plait particulièrement (utilisé aussi pour « Bad Penny Blues »). Cathi Unsworth crée un univers, des couleurs et une ambiance nimbée de nostalgie, un « cocon » musical qui en fait un style à part entière.

On se balade dans Londres, on s'y perd, on s'y retrouve, on y a peur, on s'émerveille. Bref, on ressent cette ville. On voit bien aussi le contraste avec ces petits gars de Hull, ville minière et pauvre de la côte Nord-Est de l'Angleterre. La capitale les attire mais les « tire » aussi de leur misère, de leurs fantômes qu'ils fuient tous. Les emmène loin de leurs obsessions qui finiront quand même par les rattraper inéluctablement.

Évidemment, je ne vous apprendrai rien en vous signalant qu'il faut avoir un minimum d'affinité avec le milieu musical pour apprécier la teneur de ce roman. Sinon, vous trouverez ça long…. Et ce serait dommage de ne pas apprécier ce roman noir à sa juste valeur. Si vous aimez les romans très noir, « black » de chez « black » n'hésitez pas !

Cependant attention ! ce n'est pas du « James Bond ». Ici, nulle action trépidante, nul rebondissement qui décoiffe, quoique… Non, on est (dans le « soft », dans le sarcasme, l'humour …. anglais). La violence n'en est pas moins plus présente encore et avec plus d'intensité.

Je remercie mon pote François pour le prêt de ce roman et ses conseils avisés. Je m'en vais poursuivre ma lecture des romans de Miss Unsworth (« Zarebi » me fait de l'oeil, mais aussi « au risque de se perdre »). J'ai l'embarras du choix....

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