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Critique de beatriceferon


« Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse » ? Mais quel vilain titre ! Qui donc aurait envie de se plonger dans un roman qui s'appelle ainsi ? Et d'abord, qui est ce Michaël Uras ?
C'est un écrivain qui a grandi dans le Jura, dont la mère est Française et le père Sarde et qui a écrit... Mais oui, « Chercher Proust » !
Ça, ça change tout ! Quelqu'un qui aime le cher Marcel est sans doute quelqu'un de bien ! Je plonge dans la mare sans hésiter.
D'entrée de jeu, l'auteur nous prévient : « Chronique, comme ces instants dérobés à l'oubli. Un fait, un geste, un mot entendu, prononcé, déformé en somme, pêché dans la tourbe de l'existence. Il me fallait un jour me coller à tout ça. Parce que ça « colle ». Et même quand on ne veut plus y penser, ces souvenirs sont cramponnés à nous comme des alpinistes à une falaise. Seuls. »
Plus qu'un roman, il s'agit donc de petites chroniques familiales, qui évoquent la vie de Jacques et sa famille pour le moins originale.
Pour les vacances, Marcello, sa femme et les trois garçons vont chez la grand-mère, en Sardaigne. Un moment de pur bonheur pour Jacques qui se met à décompter les jours « pour retrouver le ciel bleu des tableaux de Hopper, la mer et [ses] vieilles tantes qui (…) demandaient sans cesse à [son] père comment il avait fait pour donner naissance à un petit qui aimait tant la lecture alors que lui l'avait toujours détestée. »
Ils rapportent de ce voyage des trésors inestimables : « le cochon de lait (…), les artichauts, les dix fromages Pecorino, les vingt litres d'huile d'olive, les gâteaux à la ricotta, délicieux formagelle, les gnocchis pour l'année, le pain (…) et un petit meuble pour faire sécher la vaisselle. » Ce pain, « le plus exquis du monde, fin, jamais sec et en provenance directe du four de ma grand-mère à deux mille kilomètres de notre HLM » que la voisine, Madame Prato, compare pourtant à du carton. Ces mots : « comment peut-on faire manger du carton à des enfants ? » font perdre soudain tout crédit à cette femme que, pourtant, Jacques aimait bien, avant cette remarque !
Jacques n'a pas envie d'entrer au collège à cause d'un premier contact traumatisant, il tombe amoureux d'Alexandra, la meilleure élève de la classe, mais sa tentative de séduction tourne au fiasco lamentable ! Il déteste son prénom et voudrait en changer, mais « les démarches étaient trop complexes et mes parents fondamentalement opposés. » Son frère Pietro rêve de stylisme, Jacques rencontre Mélanie, c'est pour elle qu'il se lance dans la poésie. Il découvre un vilain secret de son grand-père, il devient père à son tour.
Chaque chapitre est une petite tranche de vie, racontée tantôt avec humour, tantôt avec mélancolie. Au moment où Jacques est adulte, il nous parle de sa famille : la rencontre de ses parents, la jeunesse de sa grand-mère, la mort de sa tante, l'enfance de son père, des événements qu'il doit chercher à reconstituer, puisqu'il ne les a pas vécus.
Les histoires se présentent dans l'ordre où Michaël Uras tire ses souvenirs de « l'oubli avec [sa] canne à pêche déglinguée ».
Lesquels sont réels ? Lesquels inventés ?
Qu'importe, après tout.
J'ai adoré m'y plonger et j'ai adoré l'écriture de l'auteur : légère, comique, vivante. Une très belle découverte. Je vous conseille vraiment ce superbe livre qui m'a terriblement touchée !
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