Même le bruit de la nuit a changé de Violette d'Urso
Flammarion
Je referme le livre et je me dis qu'Anna ou Violette a gagné beaucoup de temps en entreprenant si tôt cette quête des origines, celle du père perdu prématurément, quand elle n'avait que six ans.
La jeune femme a besoin de connaitre ce père, il est resté dans sa mémoire un idéal, son héros, une image que pourtant sa mère et ses soeurs ainées entretiennent de façon plus contrastée, avec considération et néanmoins beaucoup de distance.
Quelques pistes en poche, Anna va se lancer dans un périple qui l'entraine en Italie, une Italie à la fois sombre et solaire, celle des brigades rouges, d'
Aldo Moro, de la dolce Vita des palazzos romains et napolitains et des nuits de jetsetteurs déjantés.
Au fil des rencontres, les connaissances, les amis, les professeurs, les collaborateurs du père défunt vont raconter un homme dont la part de lumière était au moins égale à la part d'ombre, et les souvenirs mystifiés de la petite fille vont se déconstruire et céder la place à un dandy, un élégant amoureux du beau et de la vie dans ce qu'elle a de plus inachevé. Un homme un peu moins merveilleux et un peu plus terrestre.
Idéalisée et trouble, la légende familiale puise toujours ses racines dans la vérité, Anna trébuche, tombe et grandit au fur et à mesure de l'acceptation, comme si une part de ses origines lui était rendue.
Violette d'Urso est une force « intranquille », on la suit enfantine et fragile au début du roman, puis sa force s'intensifie, on le sent dans ses mots, dans ses phrases, quand elle s'octroie une légère ironie tendre et colère, parfois hasardeuse et irrationnelle.
J'ai beaucoup aimé ce premier roman très juste dans sa démarche mémorielle, dans l'évocation des souvenirs, et du lien indéniable entre le corps et l'âme quand l'alignement n'est pas encore au rendez-vous.