Erri de Luca ne tarissait pas d'éloges sur ce livre, à la fin d'un long entretien télévisé. Il le citait comme le roman qu'il avait récemment le plus apprécié.
Il ne m'en fallait pas plus pour piquer ma curiosité, et me décider à me plonger dans cette autobiographie.
L'histoire d'Anna est marquée par la mort brutale de son père, alors qu'elle n'a que six ans. C'est au retour d'un voyage scolaire qu'elle apprend la terrible nouvelle. Sa vie d'enfant est alors « à jamais saccagée. » Elle comprend très vite que la vie ne sera plus jamais la même.
Elle fantasme alors sur cet absent, et en fait son héros. Les souvenirs se bousculent, elle s'accroche à tout ce qu'on peut raconter sur lui, et à son imaginaire débordant. Elle n'a pas eu le temps de fixer assez de moments avec lui. Elle est désemparée, et en souffrance.
« À cette époque de ma vie, je ne tissais des liens qu'avec des personnes qui avaient perdu un de leurs parents. »
Quinze ans plus tard, elle décide de partir à la recherche de ce père, qu'elle s'est en partie inventé. Elle va en Italie, dont il était originaire, avec dans son sac un répertoire qui lui appartenait.
Qui donc était cet intellectuel si cultivé, passionné d'histoire ? Que va révéler l'enquête obstinée et courageuse de la jeune fille ?
Elle va rapidement déchanter. Son héros n'est pas celui qu'elle imaginait. Anna découvre l'Italie des nuits débridées, de la drogue, des brigades rouges, et un père aux pieds d'argile.
Elle va alors devoir se réconcilier avec lui, l'accepter, pour l'aimer encore avec fierté.
La toute jeune Violette d'Urso – elle n'a que vingt-trois-ans – nous livre une très belle autobiographie, subtile, intelligente, émouvante, sans fracas.
Des pages écrites au pastel, avec une rare élégance.
« Il y a quelques années, je suis allée à ma fenêtre, je l'ai ouverte avec la même précaution qu'avant, pour entendre à nouveau ce chant des pêcheurs, mais il n'y avait qu'un yacht en mer et le bruit sourd des basses de la musique techno qui passait à son bord. Tu vois,
même le bruit de la nuit a changé. »