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Critique de fanfanouche24


Une découverte et un dépaysement complets avec ce premier roman d'une illustratrice danoise , de renom [mère norvégienne et père same] qui narre justement l'enfance d'une petite fille,née , elle, d'un père norvégien et d'une mère same. Cette communauté same , plus connue chez sous le terme de "lapone"...

Dans la note préliminaire du traducteur, Jean-Baptiste Coursaud, nous
apprenons que ce terme "Same" est péjoratif, issu du substantif "lapp" signifiant "haillons" , "lambeaux"; il désigne en réalité l'habit traditionnel porté par les Sames....


"Nomades à l'origine, les Sames ont de fait été victimes, par les nations sur lesquelles s'étendent leurs terres (tant par l'administration que par l'église d'état), d'une assimilation forcée qualifiée par eux-mêmes de
génocide culturel, un ostracisme qui prend fin après 1945. " (p. 7)

Risten passe sa petite enfance (jusqu'à ses 7 ans) chez les Sames, peuple autochtone, tout au nord de la Norvège, entre ses parents qui se déchirent, et une grand-mère ancrée dans les traditions les plus profondes des Sames,
et qui ne cache pas son rejet de son gendre, qui a le plus gros défaut à ses yeux: il est Norvégien, comme un ennemi avant tout !

Risten adore sa grand-mère comme elle aime ses parents, même si elle est plus proche de son papa et qu'elle ne saisit pas la froideur maternelle !

Un jour, le père, pour échapper à cette ambiance mortifère et protéger sa petite-fille de la folie de sa belle-famille, part vers le Sud du Danemark vivre avec sa nouvelle amie...Pour atténuer cette séparation brutale, le
père précise à son enfant que ce départ n'est que momentané, pour des vacances !

Risten ne reverra plus sa grand-mère vivante, et sa mère, elle la retrouvera 20 années plus tard, lorsqu'elle en fera elle-même la démarche... arrivant, pour ces retrouvailles tardives, avec son petit garçon...

Une très émouvante évocation d'une enfance déracinée, et une description passionnante d'une communauté méconnue, et singulièrement sacrifiée !

Une très intéressante lecture, qui semble posséder des échos nombreux dans la propre vie de l'écrivaine.
Je vais aller chercher le contenu des illustrations de cette illustratrice et auteur de BD....Là aussi peut-être l'univers de son enfance lapone a dû transparaître dans ses "oeuvres graphiques" ... Car au fil de ce roman, on
voit cette petite fille, le crayon et le papier à dessin, pour "croquer" en permanence son environnement, par passion, besoin instinctif et irrépressible, mais aussi pour amadouer et se faire pardonner, à l'occasion, des uns et les autres.


In-fine, un très court lexique de quelques termes "sames" spécifiques !!

A peine retrouvée, Risten revient à Copenhague et apprend le suicide de sa mère, condamnée par un cancer...
... après un suspens particulier, un secret de famille se dévoile... La véritable filiation de Risten... Je ne vous en dirai pas plus !...

Une auteure ... qui j'espère poursuivra, en dehors de sa carrière d'illustratrice, l'écriture....A suivre fort attentivement !

"Le premier hiver au Danemark, Kirsten se rendit compte qu'elle échappait ainsi à l'un de ses pires cauchemars: les auréoles boréales. Ici, les nuits étaient uniquement noires et constellées d'étoiles. Parfois éclairées par la lune, elle-même de temps en temps pleine. Autrement dit, des nuits supportables". (p. 103)




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