AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mjaubrycoin


A une époque où les séries TV constituent un genre culturel à part entière après avoir conquis leurs lettres de noblesse au cours des trois dernières décennies,on ne peut qu'apprécier cette plaisante incursion aux origines du genre, à l'époque oùl les feuilletonnistes rivalisaient d'imagination pour tenir en haleine (un "clifhanger" à la fin du chapitre quotidien) un lectorat passionné qui n'hésitait pas à interpeller les auteurs et donner leur avis sur les déroulements des intrigues (les réseaux sociaux de l'époque, en quelque sorte). On leur doit l'extraordinaire développement de la presse écrite au milieu du 19ème siècle et leurs oeuvres, méprisées par certains de leurs contemporains malgrè leur succès éclatant (ou en raison de ?) sont à découvrir avec ravissement.
Comment ne pas mentionner Ponson du Terrail dont le héros Rocambole a eu l'honneur de voir son nom devenir adjectif et passer dans la langue courante?
Mais quel est donc le plus célèbre de ces romans-fleuve qui brille encore au firmament des lettres classiques presque deux siècles plus tard ? Les Mystères de Paris, bien sûr !
Paul Vacca nous amuse avec cette biographie romancée de l'auteur Eugène Sue, ce dandy trublion, qui a bravé les consignes familiales pour échapper à la carrière médicale tracée pour lui par son redoutable père et vécu une existence mouvementée, des folles nuits parisiennes aux cercles de jeu et aux salons élégants du boulevard Saint Germain , avant de découvrir que l'exotisme des bas-fonds de la capitale ne cédait en rien à celui des contrées plus lointaines.
Il y a trouvé la matière de son oeuvre certes, mais ce fut aussi l'origine d'une prise de conscience qui le conduisit à tenter, au moyen de sa plume, de faire changer l'ordre des choses, en interpellant la socièté civile sur les injustices les plus criantes, voire même à proposer un véritable programme social de lutte contre la pauvreté.
Le propos de l'auteur n'insiste pas particulièrement sur cet aspect de l'oeuvre mais fait plutôt la part belle à la vie quotidienne trépidante d'Eugène Sue avec un brio qui peut laisser supposer qu'il s'est laissé entrainé par la verve des feuilletonistes... et qu'il prête à son sujet de bien désopilantes aventures, qui constituent un pas de côté si l'on s'en tient à la rigueur historique.
On en déduit que ce choix est bien délibéré quand on constate que le roman est truffé d'anachronismes voulus, faisant référence à une culture "mainstream" contemporaine parfaitement assumée, d'Edith Piaf à Michel Sardou sans oublier le célébrissime "Singing in the rain"...
Tout ceci est léger, comme les bulles de champagne dont s'abreuvait le délicieux Eugène ... et cette lecture est distrayante à défaut d'être parfaitement érudite.
Si elle permet à ses lecteurs de découvrir ce monde littéraire méconnu qui recèle néanmoins tant de richesses, alors le pari sera largement gagné!
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}