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Citations sur Ils se marièrent et il y eut beaucoup de sang (17)

Non à l'homopholie ! Pas de tétine pour es gouines, pas de bébé pour les pédés ! Non à la filiation-fiction, non à l'homopholie !

La gamine ne devait pas avoir plus de cinq ans et brandissait avec difficulté une pancarte bien trop lourde pour elle sur laquelle il était écrit, en lettres capitales et au feutre rouge sang : LA FRANCE A BESOIN D'ENFANTS, PAS D'HOMOSEXUELS.

Le slogan avait trouvé une résonance toute particulière en lui, justifiait ses idées les plus malsaines. Il n'était plus le seul. Il marchait du bon côté de l'Histoire. Dès lors, c'était devenu évident : tout ce dont la nature n'a pas besoin, elle se charge de l'éliminer. Et si, pour une raison ou pour une autre, la nature manque à son devoir, alors c'est à l'homme de prendre la relève.
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— Le directeur de l’IML en personne vient de m’appeler. Son second adjoint a pratiqué l’autopsie des corps de Raphaël Svatovski et Estéban Lemercier. Il a rendu ses conclusions… Accrochez-vous. Ils ont été étourdis avec un anxiolytique léger avant d’être ensevelis.
— Ça veut dire qu’ils ont été… se risque Christelle.
— Enterrés vivants, oui, la coupe-t-il avec le plus d’impartialité dont il est capable. Mais ce n’est pas tout… Ils ont retrouvé des empreintes digitales sur les manches des pelles jetées à deux mètres du trou.
— C’est pas vrai, enfin ! Elles sont fichées au FAED[8] ou au FNAEG[9] ?
La lueur d’espoir brassée par Nicolas a un effet de contagion dans l’équipe mais elle est vite balayée par Devarenne.
— Ce sont les leurs…
— Comment ça les leurs ?
— Celles des victimes.
— Je ne comprends pas, pourquoi est-ce qu’il y aurait les empreintes des gosses sur les pelles ?
— Il les a forcés à creuser leur propre tombe… en conclus-je à voix haute, interdit.
Des explosions d’horreur et d’indignation remontent comme d’un seul homme.
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Ce n’est qu’au bout d’une bonne demi-heure que la porte s’est ouverte et que j’ai trouvé une réponse à ma question. Dans l’encadrement, un jeune homme en civil me fixait, la mine défaite.
Je n’avais encore jamais vu quelqu’un porter la fonction avec autant de naturel et de délicatesse, c’est la première chose qui m’a frappé. Comme indiqué par le moniteur du centre de tir, il avait bien les cheveux mi-longs ou presque, un méli-mélo d’ondulations et de boucles brunes qui encadraient un visage rond. Sa silhouette était svelte et élancée, virile et fragile à la fois, mais elle restait marquée par quelques rondeurs de l’enfance subsistantes. Le contraste entre les deux était absolument adorable. Il avait les yeux d’une couleur noisette profonde, des yeux qui soutenaient un regard très lourd, mélancolique. J’ai été immédiatement charmé par son air doux, sa timidité exacerbée mais je ne m’en suis pas rendu compte dans l’instant. J’étais trop occupé à faire de l’ironie et à le narguer... C’était lui, le lieutenant Maël Néraudeau. Actuellement, mon problème. Demain, mon futur mari…
— Alors comme ça, on se barre sans récupérer ses petites affaires et sans dire bonjour ? Pas très poli tout ça, vous avez de la chance que je ne sois pas rancunier, ai-je lancé en brandissant la chaîne en argent et en la faisant tinter dans l’air.
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On a marché pendant un quart d’heure sans croiser âme qui vive, en se tenant la main. L’étreinte était d’autant plus appréciée qu’elle était rare, pour ne pas dire exceptionnelle. Comme beaucoup d’autres couples homosexuels, on avait cette triste habitude de cacher tout geste d’affection en public. C’était une réalité qui ne m’avait jamais effleuré avant de rencontrer Maël et que je m’étais surpris à jalouser aux couples hétéros. Pas le fait de pouvoir se rouler d’énormes galoches ou se mettre une main au cul devant tout le monde bien sûr, ce n’est ni mon genre ni le sien, mais juste de ne pas avoir à se poser la question. Là c’était différent, on n’était que tous les deux. Encouragé par le calme ambiant et persuadé que le coin était sûr, j’avais effleuré la main de Maël d’une façon telle qu’il ne pouvait pas ne pas comprendre. Après avoir jeté quelques coups d’œil prudents autour de nous, il a glissé ses doigts dans les miens en souriant, un peu intimidé comme pour une première fois. Je crois même que c’était réellement la première fois, mais on s’en souviendrait toujours comme de la dernière.
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Si on devait raconter cette histoire, je sais bien la réflexion qui traverserait la plupart des têtes. Ils se diraient qu’on aurait dû les forcer à la boucler, en tant qu’hommes mais encore plus en tant que flics, qu’on s’était comportés comme deux poules mouillées passives alors qu’on était formés aux gestes d’autodéfense mieux que personne. C’est une vérité, incontestable. Mais voilà, ce qu’on a du mal à se figurer, c’est qu’un policier hors service redevient un bipède comme les autres dès qu’il laisse son flingue et sa paire de menottes au vestiaire. Pour le flic homo, c’est encore autre chose. Tout flic qu’il est, il réagit comme on l’a toujours prié de le faire : il baisse les yeux quand on le traite de pédé. Ce n’est pas une question de soumission mais de conditionnement, il est formaté pour le faire... Il est aussi programmé pour croire qu’il est le seul fautif, que rien ne serait arrivé s’il était resté à sa place, dans l’ombre. C’est ce qui explique notre temps de réaction multiplié par dix. Dans cette ruelle, on n’était plus des officiers de police mais un couple de jeunes homos à qui on disait : « Vous n’avez pas le droit d’être là. Vous n’avez pas le droit d’exister, vous n’avez pas le droit d’être vous-mêmes. » Et comme tous les autres, on y croyait.
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... À peine avais-je lâché le mot « plainte » qu’il a basculé dans la panique et m’a imploré de ne rien dire. Une seconde fois, et après qu’on ait failli y rester tous les deux. Sur le moment, j’étais tellement outré que notre agression ne lui ait pas servi de leçon que je l’ai envoyé se faire foutre. Dans l’instant, ses supplications larmoyantes n’y changeaient rien, je comptais tout balancer et je balancerais tout. Enfin, c’est ce que je croyais… Parce que, quand les collègues sont entrés dans la chambre, ma détermination a fondu comme un tas de neige posé sur l’Équateur. J’ai ressenti une émotion qui n’était que trop familière à Maël depuis sa mutation : la honte. Et puis il y avait ce regard en coin qu’il m’a envoyé, un « Je t’en supplie, ne dis rien… » sans les mots. Il était cassé de partout, je ne pouvais pas lui faire ça maintenant…
On a cité le nombre exact d’assaillants, déroulé les faits dans le bon ordre, détaillé les coups, les insultes et les menaces. Pas toutes, parce que ça aussi on en avait honte. Le seul détail omis était le plus important : trois de nos agresseurs étaient identifiés.
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Le prédateur est devenu proie et ses cibles survivantes profitent pour la première et dernière fois de leur posture de guetteurs invisibles. Un face à face inégal, dans lequel il n’a pas l’avantage contrairement à ce qu’il avait planifié. Nous deux, debout dans le sas, le regard figé vers l’intérieur de la salle d’interrogatoire ; lui, de profil, le dos droit et la tête haute, fixe le mur avec une placidité effrayante, dans l’attente de son transfert en grande pompe. D’ici une heure, son visage et sa silhouette seront livrés en pâture à une presse affamée qui fait le pied de grue devant l’hôtel de police depuis le grand matin.
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