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Critique de yanndallex


Ce manga/comics est… particulier mais il ne laisse pas indifférent.
Et je pense que les auteurs souhaitaient ce résultat.
Il traite de sujets délicats (racisme) voire tabous (transsexualité), le tout au travers d'un thriller passant presque inaperçu tellement le sujet traité est hors du commun.
A noter que l'histoire est issue d'un Roman deGiancarlo de Cataldo.


La couverture, le format :

L'oeuvre est d'un petit format, à moitié entre le manga et le comic, tenant bien en mains, souple et lisse, au touché très agréable.

La couverture est très belle, très soignée, certainement inspirée d'affiche de films. le rouge dominant et la scène apparaissant dans les silhouettes des 2 héros m'ont interpellé. Cette couverture est très accrocheuse et digne d'un grand thriller. le 4eme plat est lui aussi remarquable avec ce blanc à la fois agressif et apaisant, cette belle case extraite du récit en haut de page et ce résumé/introduction très attrayant.


Le dessin, le style, la mise en page, les nuances :

Ce manga/comics est directement issue de la mouvance « fumetti » (Bande dessinée en italien). Ceux qui sont déjà parti en Italie se souviendront de ces kiosques à journaux ou des BD/comics sont vendus comme Dylan Dog et/ou Martin mystère….
A ceci près que la qualité de l'ouvrage « Cassandra » est tout de même bien différente que ces « fumetti ».

Le dessinateur, Marco Caselli, applique un trait épais mais délicat et violent en même temps.
Le style réaliste est très appréciable, d'autant que le dessinateur maîtrise son art et rend les portraits très expressifs.

Les personnages sont donc très atypiques. Les méchants sont vraiment rendus détestables, les héros se retrouvent perdus et submergés par leurs émotions etc...

Le détail est soigné, travaillé. La mise en scène est bien choisie, facilitant la lecture, avec beaucoup de gros plans et de vues d'ensemble, et quelques effets de plongée et contre-plongée.

Les proportions dans les perspectives ne défaillent pas, et les effets sont fort bien réalisés et fortement inspirés des mangas traditionnels.

Les contrastes sont bien marqués avec ce blanc de fond vif et agressif sur lequel l'encre fait comme une tache pour définir une image, un strip, une BD.
Ce blanc tranche aussi avec les passés sombres des personnages, et l'ambiance de l'enquête, il nous présage d'une belle histoire malgré le mal environnant…

Un bel effet que je n'avais que rarement vu exploité.


Le scénario, le découpage :

Le scénario, outre le fait qu'il soit inspiré d'une oeuvre de Giancarlo de Cataldo, est signé Leonardo Valenti, qui n'est autre que l'un des scénaristes de la fameuse série Romanzo Criminale !!

Cette histoire est donc surprenante, traitant essentiellement d'un sujet peu commun, voire presque jamais évoqué en BD : les moeurs transsexuelles/ homosexuelles….

Donc ce thriller nous mène dans les bas-fonds de Rome, dans un réseau raciste extrémiste ou apparait comme un ovni cette Cassandra… Ce qui est d'autant plus contradictoire car il est bien connu que les extrêmes ne sont que peu tolérants vis-à-vis de ce genre de personne, hors Cassandra est « acceptée » dans ce milieu…

Évidement Leonardo Valenti a soigneusement préparé le terrain en imaginant un « historique » de chaque personnage, qui finalement explique le pourquoi de la présence de cette personne dans cette organisation mafieuse. Les flics, les voyous, les victimes, tous cachent une histoire dont nous n'avons certainement perçu que très peu d'informations.

L'aspect psychologique est très bien développé aussi car le héros s'interroge sur ses sentiments, sur ses pulsions, en regards de l'univers machiste qu'il côtoie. le thème de l'homosexualité et de la difficulté psychologique d'un « coming-out » est donc superbement bien exploité et peut-être, voire surement, dérangeant.
Il semble donc, dans ces conditions, que le personnage le plus à l'aise et le plus libre soit la belle Cassandra.

Au final, la trame policière est donc totalement effacée au profit de cette valeur morale si rare : la tolérance, autant sur les orientations sexuelles que raciale.
Et je pense que le choix du lieu de l'action n'est aussi pas innocent : Rome, ville accueillant le Vatican berceau du catholicisme, religion de paix, d'amour et de tolérance….

Le découpage classique bien rectiligne, souvent sur 3 ou 4 bandes, fait son petit effet de récit traditionnel.
Il est agrémenté parfois d'une pleine page ou de quelques vignettes fantaisistes pour souligner une action, faire un « flash-back » ou mettre en avant un personnage…
Enfin chaque « chapitre » donne lieu à un intermède musical en citant les paroles d'une chanson de l'artiste italienne Patty Pravo, qui nous accompagneront d'ailleurs tout au long de l'histoire comme un fil rouge.


En bref cette BD est touchante et troublante, donnant une véritable morale sur la tolérance dans un monde où la vie peut être parfois dure.
Un bon thriller qui risque d'être pendant longtemps l'un des ouvrages fleurons de cette jeune maison d'édition.
J'ai beaucoup aimé.

Lien : http://www.7bd.fr/2015/11/ca..
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