Il hurlait, il m'insultait à nouveau, jamais depuis notre rencontre il ne m'avait autant insulté que durant ces derniers jours, je l'aimais pourtant tellement, cependant, sa colère renforçait ma panique de le voir partir …
Rimbaud me tournait le dos et continuait de jeter ses bras au ciel, mais je ne l'entendais plus, mes oreilles bourdonnaient, mon cœur s'emballait et cognait dans ma cage thoracique, ma vue se brouillait … j'avais la sensation que mon cœur allait exploser, il me faisait mal.
Je mis la main sur mon revolver, l'ôtai de ma poche et sans quitter Arthur des yeux je le retirais de son étui qui tomba à mes pieds. Je dus m'éclaircir la vue, embuée de larmes et d'alcool pour l'armer et puis … L'arme levée, la main tremblante et l'esprit confus je visai de mon regard ivre et dit :
— Oh non tu ne me quitteras pas, tu ne t'en iras pas ! Tu resteras avec moi !
J'avoue … Rimbaud était un opportuniste mais je le pardonnais car il était bien jeune encore, naïf aussi, mais si habité. Néanmoins, j'étais arrivé à un stade de notre relation tumultueuse, où je ne savais plus que faire. Je pleurais, je criais, j'insultais tout le monde y compris ma mère. Je sortais pour boire et boire encore, je me traînais et puis je rentrais pour recevoir des vagues d'insultes. Comment un poète si talentueux que Rimbaud pouvait me traiter de la sorte ?