Le visage d’Ivy bascule en arrière au moment où elle se remet à respirer. Dans le même mouvement, ses poumons se soulèvent, assoiffés d’oxygène et sa bouche reste ouverte, comme si elle voulait happer l’espace autour d’elle. Son front se détend, ses narines s’ouvrent et tous les traits crispés de son visage semblent se détendre d’un coup, retrouvant en quelques secondes une couleur un peu plus rassurante. Inquiets, Stephen, Neil et moi l’observons, rivés au filet d’air qui entre et sort à nouveau librement de son corps.
– J’ai peur, murmure Stephen.
Sans un mot, Neil l’attire contre lui et lui offre un sourire réconfortant. Quant à moi, je retiens mon souffle.
Quand Ivy ouvre enfin les yeux, ses pupilles dilatées et le blanc de ses yeux strié de petits vaisseaux rouges sont effrayants. Mais elle sourit faiblement en nous regardant tour à tour. Soulagée, il me semble que je peux moi aussi enfin respirer normalement. Agenouillée devant elle, je caresse son front : la racine de ses cheveux est trempée de sueur.
– Tu m’entends ? dis-je, regrettant déjà de la faire parler.
Elle répond par un petit rictus, tente de dire un mot, puis elle murmure sans que je comprenne ses paroles. Elle est sous le choc.
Comme elle se met à frissonner, Neil tire la couette du lit pour la poser doucement sur son corps. Elle referme les paupières, épuisée, avec un pauvre sourire de remerciement. De gros cernes bleuâtres creusent le dessous de ses yeux. Même si elle semble aller mieux, son souffle rocailleux reste préoccupant.
– Il faut l’emmener très vite à l’hôpital, chuchote Neil. D’après ce que je lui ai décrit au téléphone, l’urgentiste pense qu’elle fait une violente réaction allergique. Elle va avoir besoin rapidement d’une deuxième dose d’adrénaline.
Quoi ? Elle est encore en danger ?