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Critique de brigittelascombe


Il est des deuils impossibles à réaliser par excès d'amour et de culpabilité mélangés. Alors on construit à l'intérieur de soi une petite crypte dont les souvenirs obsessionnels maintiennent la flamme vivante.
Simon van Booy, journaliste,essayiste,éditeur et écrivain anglais, dont la merveilleuse musique des mots de (son premier roman traduit en français) L'amour commence en hiver a été salué par le Franck O' Connor International Story Award, met en parallèle deux êtres (au deuil non accompli), comme "deux rivières qui auraient toujours eu conscience de couler l'une vers l'autre", dont la rencontre amoureuse leur permettra une reconstruction et une mise à distance de leurs traumatismes respectifs.
Deux voix s'élèvent séparément puis se croisent tour à tour: celle de Bruno Bonnet, trentenaire solitaire, violoncelliste français de renommée internationale vivant à New-York, qui, à 12 ans a perdu accidentellement sa meilleure amie Anna et celle d'Hannah, jeune femme anglaise, dont le petit frère Jonathan est mort jadis de façon absurde. Qu'est-ce que le deuil non résolu? interroge Simon van Booy. Une violence sans nul doute. Une culpabilité.Chacun réagit de façon différente. Une créativité exacerbée stimule un don et le sublime, mais le freine aussi comme pour Bruno qui cherche une variante de lui-même à travers sa musique, qui "réveille les morts" durant ses concerts tout en restant dans son coeur "un petit garçon peureux". Une douleur trop forte comme celle du père d'Hannah, peut de retourner contre soi-même et se traduire par une blessure corporelle. La souffrance peut essayer de combler le vide engendré par la recherche de soi à travers l'autre pour Hannah qui possède une boutique de gravures, cherche son frère à travers un oiseleur de passage, se voit en Bruno et cite: "Peut-être que ce que je pense à propos de quelqu'un d'autre peut convenir à un autre moi-même".La perte peut engendrer le don de soi:dans le cas du père d'Anna.
C'est donc une fine étude psychologique des facettes du deuil non résolu, par rapport à un amour de jeunesse, un frère, un fils, une fille...ou résolu:un grand-père (celui de Bruno) qui nous est livrée ici.
Mais c'est aussi l'étude de la créativité, du choix de vie,du rapport avec le public, de l'amour en miroir qui nous sont donnés à voir.
Enfin ce roman qui force à la réflexion évoque le destin. Tout est-il écrit à l'avance? Certains êtres nous sont-ils prédestinés?
L'amour commence en hiver, au style poétique et élégant, est un livre d'amour rempli d'espoir que je recommande car L'amour commence en hiver..pour que renaisse ENFIN le printemps!
Un grand bravo à Simon van Booy dont l'écriture s'envole comme "une toccata en do majeur de J.-S. Bach"!!
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