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Critique de Krissie78


La quatrième de couverture annonce sur un ton assez léger que nous allons à la rencontre de Evie qui, à la veille de son mariage, doit affronter une baleine morte échouée non loin de sa maison, l'absence de son fiancé parti sur un bateau de pêche en haute-mer qui tarde à rentrer au port, et l'arrivée inopinée de sa mère qu'elle n'a pas vue depuis des années. Au croisement de ces trois faits Elvie va se replonger dans son histoire familiale, entre un père bohème et une mère en fuite. le roman de Crissy van Meter (premier roman) est en fait bien plus profond que ce qu'il y parait.

Nous sommes sur Winter Island, île fictive placée par l'auteure en Californie, au large de Los Angeles. C'est là qu'Evie est née et a grandi. Point de départ des bateaux de pêche c'est aussi une destination touristique pour les continentaux. En 4 grandes parties, qui se présentent comme les 4 jours précédents le mariage d'Evie et de Liam, l'auteure conjugue l'histoire de la jeune femme à tous les temps : passé, présent, futur.

Les récits d'une adolescence chaotique et écorchée vive ne manquent pas dans la littérature de tous les pays. Crissy van Meter réussi, avec son écriture sensible, poétique, chargée de métaphores marines (parfois un peu trop), à présenter le genre sous un angle original.

Très vite on s'attache à chaque membre de cette famille pas banale. Entre présent, flashback et flashforward on suit les questionnements existentiels d'Evie : comment grandir lorsqu'on est élevée par un père aimant mais instable, qui ballote sa fille de situations professionnelles et familiales bancales en habitations temporaires, et qui tire ses revenus de la vente de la "Winter Wonderland", la marijuana locale que lui seul produit et de petits boulots aléatoires ? Comment se construire avec l'image d'une mère en pointillés, évanescente, débordant de séduction et d'énergie mais longtemps dépourvue d'amour maternel ? Comment trouver ses repères quand sa meilleure amie multiplie les excès (drogue, sexe et alcool) pour noyer son immense solitude ? Comment aimer et être aimée lorsqu'il semble impossible de parler de ses sentiments, d'exprimer ses colères, de vivre une histoire d'amour sereine avec l'homme de sa vie.

Depuis l'enfance Evie se pose des questions existentielles, appelant souvent l'univers marin au secours quand le terrien ne lui apporte pas les réponses attendues. Et il n'est pas surprenant qu'elle ait choisi d'étudier le comportement des baleines, un mammifère marin qui n'abandonne pas ses enfants.

Mention particulière pour la très belle couverture, reproduction d'une planche d'Ernst Haeckel, biologiste allemand (1824-1919), qui représente d'étranges créatures aquatiques. Variées, présentant des similitudes tout en étant très différentes, elles sont aussi étonnantes et colorées que les personnages qui peuplent ce roman.

Traduit de l'anglais par Mathilde Bach, « Créatures » est une très belle histoire d'amour filial, une histoire de résilience pleine d'espoir et de vie, un hymne à la liberté.

Merci à Babelio et aux Editions La Croisée (ex Delcourt Littérature) pour cette belle découverte dans le cadre d'un Masse Critique Privilège.
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