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Mathilde Bach (Traducteur)
EAN : 9782413038146
212 pages
La Croisée (13/01/2021)
3.69/5   102 notes
Résumé :
« En posant l’oreille sur l’océan, tu pourrais bien l’entendre vibrer en toi. »

À la veille de ses noces, Evie fait face à trois problèmes : son fiancé marin-pêcheur est porté disparu en mer, la carcasse puante d’une baleine s’est échouée dans le petit port de Winter Island ; enfin sa mère épisodique a débarqué sans crier gare. Mais Evie en a vu d’autres. Elle a grandi trop ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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L'exploration des malédictions et bénédictions d'une enfance façonnée par des parents défaillants est une thématique littéraire archi ruminée, et pourtant ce premier roman vibrant parvient à faire entendre sa voix singulière.

Le choix du premier chapitre est surprenant. Sur une île fictive au large de la côté Sud californienne, une baleine est échouée, coincée dans une baie en demi-lune sans parvenir à dériver au-delà du récif. L'odeur est inéluctable, un défi alors qu'Evie, chercheuse à l'Institut de la mer, prépare son mariage, que le futur marié a disparu en mer dans une tempête et que sa mère apparaît après trois ans d'absence comme mue par un sixième sens de sorcière. Cette baleine devient une obsession, une fixation quasi totemique pour éviter de penser aux aspects les plus difficiles de sa vie.

S'en suis un puzzle impressionniste qui navigue au gré des flux et reflux de la mémoire, explorant l'enfance tout en ponctué de visions du futur. Ce rejet d'un scénario linéaire pourrait n'être qu'un gadget stylistique. Cela ne l'est jamais car cette construction elliptique, tournoyant entre passé, présent et futur, souligne magnifiquement à quel point la vie n'est jamais une ligne droite. Comme si nous n'étions qu'un patchwork de morceaux d'un passé qui laisse une empreinte résonnante sur ce que nous sommes aujourd'hui.

Malgré quelques longueurs et redondances sur la solitude et le doute de soi, Crissy van Meter a un vrai talent pour flouter la nostalgie et dire à travers le personnage d'Evie comment la condition humaine nous fait naviguer entre douleur, chagrin et joie. Elle saisit l'urgence émotionnelle d'un passé très présent. Evie, son père junkie cultivateur de marijuana, un charme exceptionnel, lui qui l'a élevé dans une vie instable au jour le jour ; sa mère si étouffante qui l'a abandonnée . Evie et ses déficits émotionnels qu'elle expose lucidement, sans apitoiement ni mièvrerie.

Tout interroge sur ce que cela signifie d'accepter les liens avec des parents qui finissent toujours par vous décevoir, de faire la paix avec eux et avec son propre désir de les aimer malgré tout. le roman est porté par la plume très poétique qui joue à fond la carte de la métaphore organique, notamment dans de surprenants passages interstitiels qui basculent le récit de la première au la deuxième personne. Dans ses courts chapitres portant le nom d'une créature marine sous forme de questions-réponses ( comme « quelle baleine possède le coeur le plus grand du règne animal ? » ), le lecteur plonge dans la psyché profonde d'Evie. Ces passages sont d'une beauté stupéfiante et bouleversent.

« Ton père t'expliquera que tes côtes sont les mêmes que celles d'une baleine. Une cage osseuse circulaire, blanche et fragile, à laquelle sont suspendus tous les mouvements de ton corps. C'est à elle que tient ton coeur, dira t-il, et il posera la main sur le haut de son torse en comptant les battements avec un amusant bruit de percussion fredonné entre ses lèvres. Ecoute-le, même s'il s'arrête de battre.
La première fois qu'il t'explique tout cela, tu es trop jeune ; tu te roules dans le sable, tu crois encore dur comme fer que ton corps est fait d'eau de mer, et que de minuscules créatures habitent à l'intérieur de ta cage thoracique. Comment pourrais-tu savoir qu'il est en train de t'expliquer où se trouve l'amour ? (…)
Ton père te manquera cruellement, comme tout ce qu'il laisse derrière lui, et même une partie de ce qui te reviendra. Tu t'allongeras sur le dos, les yeux tournés vers le ciel, à compter tes propres côtes humaines du bout des doigts, jusqu'à ce qu'une marée soulève ta poitrine, jusqu'à ce que, comme il répétait toujours, il ne soit jamais parti ».

Un premier roman vivant et empathique, avec une âme à l'intérieur et une pincée de magie.

Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée


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Attirée par ce que j'estime être , une splendide couverture, je lu le résumé... et bien, il ne faut pas , car il ne correspond en rien à ce que l'on trouve à l'intérieur.
Evie , à la veille de ses noces, attend son fiancé de marin. Viendra-t-il, viendra-t-il pas ? Une baleine a échoué dans le port , et l'odeur se répand, nauséabonde , impossible à éviter. la mère d'Evie a réapparu, et lui casse les c...
Puis , on passe à Evie enfant, élevée par un père aimant mais négligent. (Une façon polie de dire qu'il picolait, était drogué, fréquentait des drogués, stockait l'herbe qu'il vendait dans le sac de sa gamine, était tout le temps fauché) . Et la mère qui faisait de brèves apparitions et repartait toujours sur le continent , les laissant hagards.
Oui, mais ils vivaient sur une île en face de la Californie, et la nature c'est beau, et ce fiancé avec qui elle est mariée, et qui la trompe.
Oui parce qu'au détours d'un paragraphe , on est projeté des années après, puis on revient à la veille des noces et la baleine qui pue toujours autant, vu que la nature , c'est la nature, ...
Et ça continue , encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord...

Si vous aimez les récits échevelés, sans queue ni tête, vous apprécierez ce roman, qui m'a fait l'effet d'une longue logorrhée verbale, un peu comme si le personnage principal était allongé sur un divan de psy et déversait sa vie, sans chronologie, comme ça vient et sans se soucier de l'effet produit, sans faire d'effort pour intéresser son auditoire.
Ça passe ou ça casse, il faut être réceptif, que ce soit le bon moment. Ce n'est pas l'auteur qui vient au lecteur grâce à un récit fluide mais le lecteur qui doit faire un effort.
Moi , je trouve ça facile comme narration, pas du tout "professionnel " ...
Mais de belles choses ressortent de ces pages et sauront captiver certains, comme la nature omniprésente, la liberté qui se dégagent de ces pages, une impression de vacances perpétuelles, comme souvent les romans qui se passent sur les îles.


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Des fois, il ne faut pas grand chose pour se décider à lire un roman plutôt qu'un autre. Une superbe couverture, un titre accrocheur, un résumé qui capte l'attention ou qui intrigue, et puis on se lance en espérant tenir dans ses mains une petite pépite.
*
Evie attend avec inquiétude le retour de son fiancé Liam, parti en mer alors qu'une tempête s'est levée. Comme un mauvais présage, la houle a ramené le corps d'une baleine en décomposition dans la baie. L'incipit donne le ton, l'odeur de la mort nous submerge, comme une immense vague. Elle charrie avec elle des sentiments d'inquiétude, de solitude. A cela s'ajoute la réapparition de sa mère venue pour son mariage qui va cristalliser les tensions et les rancoeurs.
Tout le roman s'articule autour de cette attente.
*
A partir de là, ses souvenirs se mélangent, son attrait pour l'océan, l'attirance pour cette île malgré sa rudesse, sa famille, sa vie de couple. Evie revient sur son enfance à Winter Island où elle a grandi dans la solitude, entre deux parents défaillants et irresponsables. Une mère frivole, absente, incapable de l'aimer. Un père négligent, irresponsable et totalement immature. Evie souffre en silence et éprouve pour eux des sentiments contradictoires et coupables, entre amour, rancoeur et haine.
Malgré ses nombreux défauts, son père est bien intentionné et aimant. Mais est-ce suffisant pour créer un environnement sûr et propice au bon développent de son enfant ? Est-ce suffisant pour voir son enfant s'épanouir, grandir et devenir un adulte équilibré et épanoui ?
*
A cette intrigue très intimiste, l'auteure crée un cadre mystérieux, oppressant où l'île ajoute au sentiment d'isolement et où l'océan, sa faune et ses tempêtes prennent une large place, comme des protagonistes à part entière.
L'océan et ses habitants, ligne directrice qui amène, comme le sac et le ressac, des souvenirs, bons et mauvais. Nous voguons entre désirs, blessures, attentes, silences, rancoeurs et chagrins.
*
La couverture est magnifique. Elle représente une reproduction d'une planche du biologiste allemand Ernst Haeckel (1904) montrant plusieurs variétés d'anémones de mer.
Je me suis interrogée sur la pertinence de ce choix de couverture, car l'histoire se passe sur l'île de Winter Island au large de Los Angeles, et non sous l'océan. Je pense que ce sont dans les particularités de ces animaux marins qu'il faut y trouver une réponse à ce choix.
Les anémones de mer, le plus souvent fixés à la roche, ont des cellules urticantes et des capacités étonnantes de régénération.
L'autrice joue beaucoup avec les métaphores marines lorsqu'il s'agit de décrire les sentiments humains. Les personnages de ce roman sont comme ces animaux marins qui vivent sur une île dont ils n'arrivent pas à se détacher, comme s'ils ne pouvaient pas vivre en dehors de leur biotope.
Malgré les privations, les trahisons et les nombreuses blessures, Evie apprend à se relever à chaque coup dur, un peu comme l'anémone qui peut se reconstituer à partir d'une cellule souche.
*
Le récit, totalement déstructuré, les nombreuses métaphores marines peuvent perturber au départ.
Cette lecture a été déconcertante pour moi car elle n'emprunte pas de repères temporels chronologiques. La construction du roman amène une tension au récit qui se met en place pièce par pièce, comme un puzzle.
En effet, « Créatures » fait des sauts dans le temps, naviguant dans le passé d'Evie, mais aussi en explorant des morceaux de vie se déroulant dans son futur, après son mariage avec Liam.
A cela s'ajoute une alternance avec des chapitres sur les animaux marins permettant à l'auteure de faire le parallèle entre Evie et le monde marin, miroir de ses sentiments.
*
Un premier roman ambitieux et réussi sur les fractures familiales où l'océan, en perpétuel mouvement, sonde la complexité, la contradiction des sentiments et révèle les désirs, les fragilités, la solitude et le besoin de recevoir de la tendresse et de l'amour.
Avec cette question qui résume le roman : peut-on rattraper tous ces moments que l'on ne vit pas, toutes ces relations que l'on ne crée pas ?
Si ce roman dissèque les complexités des sentiments d'abandon, d'amour trahi, de culpabilité, il est aussi un roman de résilience. Une belle surprise.
Un grand merci à Babelio et aux éditions « La Croisée » pour m'avoir proposé cette lecture.
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Bon, par où commencer... J'ai eu un énorme coup de coeur pour ce roman, et je ne suis pas du genre à m'emballer facilement. Tout d'abord, j'ai été attirée par le livre lui-même, la couverture magnifique, les couleurs, la typographie, le papier, tout m'a plu. Merci les éditions de la croisée
Je suis rentrée facilement dans l'histoire, l'époque des années 70/80, j'adore, c'est ma jeunesse. Les lieux, une île en Californie, un de mes endroits préférés.
Ce roman est très visuel et ferait un très bon film. J'imagine sans peine... Les lieux:, les maisons en bois, l'ile verdoyante , les bateaux de pêche dans le port, le ferry qui fait la navette avec le continent qu 'on aperçoit par temps clair. L' institut marin désaffecté. Et la mer partout autour. Les touristes qui débarquent par flots du ferry, qui viennent acheter leur sachets de beuh, et passer la journée. Les personnages :le père, charismatique, toxico, alcoolo, dealer, faisant des blagues avec les locaux et les touristes un verre à la main, cheveux un peu longs , barbu, chemise hawaïenne ouverte sur un torse bronzé, un peu de bedaine peut être, (l'âge et l'alcool) un physique à la Jim Harrison ou à la Hemingway, une gueule de baroudeur qui croque la vie à pleines dents. Evie, ado à cheveux longs parfois emmêlés par le vent et les embruns, longues jambes bronzées, en short, pieds nus le plus souvent, belle sans le savoir, un peu sauvage. La mère, un peu hippie, robes fleuries, yoga, pleine de bijoux, charmeuse. Bon, j'arrête là mes délires cinématographiques.
La narration suit un ordre non linéaire qui ne m'a pas gênée, ce sont des instants dans la vie d'Evie avec des retours en arrière ou des sauts en avant. le fil conducteur de ce roman c'est les amours d'Evie. L'amour pour son père qui l'élève alors que la mère est partie voir si l'herbe est plus verte ailleurs, ce père immature, irresponsable, souvent ivre et défoncé mais qu 'elle adore. L' amour pour sa mère imparfaite, qui l'abandonne toujours, égoïste. Elle est en quête de cet amour maternel qu 'elle aimerait tant recevoir. L' amour pour Liam son fiancé, souvent absent de longs mois sur les bateaux de pêche, Liam qui lui manque, Liam infidèle qui la blesse, Liam, à qui elle pardonne.
Avec l'amour, l'autre sujet de ce roman c'est la nature et plus particulièrement la mer. La mer est omniprésente, elle entoure l 'île, Liam est pêcheur et Evie biologiste marin, elle étudie les baleines, les orques. Sur l' île, la nature est partout, le vent, les embruns, les tempêtes, le goût de sel, l'odeur du poisson. Les baleines passent au large ou viennent s'échouer sur la plage. L'auteur fait des métaphores où elle compare les animaux marins et les humains. La plus belle, celle qui m 'a émue aux larmes, c' est la comparaison du coeur de la baleine et du coeur humain. Pour, en fait, parler du coeur comme centre de l'amour. Ce passage magnifique, c'est le message d'amour que laisse le père à Evie, toutes les paroles qui ont bercé son enfance, qu 'il lui a adressé tout au long de ces années où ils ont vécu tous les deux sur l'île. Ce qui permettra à Evie de vivre avec l'amour de son père à l'intérieur de son coeur, gros comme un coeur de baleine "croire aux choses qui ne sont pas toujours visibles et aimer des choses qu'on ne peut pas voir."
Ces paroles lui reviennent comme l'héritage que lui lègue son père, ce père qu'elle a perdu avant d'avoir compris comment l'aimer.
C'est un premier roman prometteur qu'a écrit Crissy van Meter, excellente traduction de Mathilde Bach. Je surveillerai la sortie de son prochain roman.
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Quand on choisit un livre sur sa jolie couverture, c'est comme jouer au loto, ou ouvrir la boîte de chocolats de Forrest Gump : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Soit on est chanceux, et on tombe sur une perle ; soit on perd, et on tombe sur un os (ici, en l'occurrence, de baleine).

L'os de baleine, métaphore un peu maladroite (désolée…) pour faire le lien avec « Créatures » de Crissy van Meter, qui s'ouvre avec la description du cadavre d'une baleine dans l'une des baies de Winter Island, une île située au large de Los Angeles. Mauvaise augure pour le mariage d'Evie, le personnage principal de ce roman, qui doit avoir lieu le lendemain. Surtout qu'outre la baleine, arrive aussi la mère de celle-ci, qui n'a eu de cesse de l'abandonner depuis qu'elle est toute petite et avec qui les relations sont plus que tendues, mêlées d'amour mais aussi de ressentiment… Cette étrange veille de noces sera l'occasion pour Evie de se remémorer des souvenirs plus ou moins heureux de sa vie, selon une chronologie plus ou moins facile à suivre pour le lecteur, puisqu'en plein milieu du roman, on fait un saut en avant d'une décennie pour en savoir plus sur son mariage et les déboires qu'elle connaîtra avec son mari.

Car des déboires sentimentaux, Evie en a connus, elle qui se décrit comme capable de n'aimer que des personnes égoïstes et tournées vers elles-mêmes : élevée par un père alcoolique et drogué, un loser absolument pas fiable qui la décevra et la trahira constamment, tout en lui faisant vivre une vie de bohème pas très structurante pour une adolescente – déjà que l'île sur laquelle ils vivent n'est pas si facile à vivre, étant certes un lieu de tourisme, mais aussi régulièrement battue par les vents et les tempêtes spectaculaires –, une mère absente qui ne tiendra jamais aucune des nombreuses promesses qu'elle lui aura faites, Rook, sa meilleure amie qui la trahira elle aussi… Evie connaît donc trahison sur trahison, ce qui la rendra froide en apparence, et assez renfermée.
Mais « Créatures » est aussi le portrait d'une femme à la résilience incroyable, qui choisira de taire ses douleurs pour continuer à aimer ses proches (comment y arrive-t-elle tant de fois ?), qui cherchera à combler ses manques en cherchant dans les créatures marines, en premier lieu les baleines qu'elle étudie pour son métier (elle est chercheuse à l'Institut de la mer de Winter Island) les réponses à ses questions : d'où vient l'amour et à quoi peut-il bien ressembler ?

« Créatures » est ainsi le roman d'une enfant, puis d'une femme en recherche d'amour : celui envers des parents si imparfaits mais qui l'aimèrent pourtant comme ils l'ont pu ; celui envers une île qu'elle ne pourra jamais quitter malgré ses nombreux défauts ; envers un mari et une amie qu'on ne sait plus comment aimer après la trahison.

L'écriture de ce roman est à l'image d'Evie : sèche, tendue, aride en surface, mais porteuse d'une forte puissance évocatrice, des éléments d'une part (on sent les embruns, la mer, on a presque l'impression d'avoir les cheveux poisseux de sel), mais aussi des sentiments qui traversent une femme sans qu'elle sache bien les définir ni comment les ressentir.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
UN JOUR, MA MÈRE m'a parlé de pression atmosphérique. Elle disait qu'il y avait de la pression partout, même dans la fosse la plus profonde, la plus obscure. Ma mère n'aimait pas la pression, elle disait qu'elle avait l'impression qu'elle allait exploser. Elle a refermé les fenêtres et les a verrouillées à l'aide de chevilles en bois. J'ai dit quelque chose comme : il y a tellement de pression que ton cœur pourrait exploser.
Lorsqu'elle est partie, j'ai apprivoisé cette pression, ce poids dans ma poitrine. La pression des choses absentes, ce poids invisible, si épais, même alors que tout autour de moi était encore en mouvement. Elle m'a appris le pressentiment constant et pesant de l'implosion. (P.45)
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Aux informations, ils avaient expliqué comment les choses se dérouleraient : l' île allait faire face à une marée historique. L'eau monterait tellement que nous serions inondés et submergés. Si elle nous frappaient de plein fouet , nous ne reverrions sans doute jamais le continent. Ce ne serait pas une grande vague mais un lent cortège aquatique. Nos amis camés s'en réjouissaient à l'avance, applaudissaient et criaient, tandis que papa m'enveloppait dans une serviette-éponge.
" Va rincer le chlore de tes cheveux", a t-il dit.
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Quand ton père tient salon sur le sable, devant des inconnus, il raconte de grandes légendes sur les vents et les éruptions, et tout un tas de choses échappées de ses rêves. Tandis que tu grandis, que ton coeur se développe comme les cellules fusiformes des baleines à bosse en constante évolution des années durant, tu continues à te demander ce qui est vrai. L'amour, ou les histoires, ou aucun des deux, ou les deux.
Ta recherche se poursuit.

Page 77
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Il y a une baleine morte. Elle ondule en vain dans les eaux peu profondes et tièdes au large de l'île, parmi les animaux marins de bande dessinée, avec leurs tentacules, leurs ventouses et leurs yeux globuleux. Des oiseaux hurleurs lui picorent la chair, en détachant des fragments presque incolores, et l'odeur insoutenable nous inquiète, tout comme la forte probabilité que des requins rôdent alentour.
La baleine est coincée dans la baie en demi-lune, apparemment elle ne parvient pas à dériver au-delà du récif, malgré les courants qui la poussent. Suffisamment près pour qu'on puisse la voir effleurer. La sentir. La respirer. Elle va et vient au gré des marées, son corps sans vie dessine une baudruche noire sur l'horizon.

Incipit du roman
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À l’aube, les grandes demeures érigées les unes à côté des autres dressaient leur ombre massive sur la mer.
Tout mon monde tenait là, dans ces amoncellements de bijoux scintillants, d’hommes salés portés sur la bouteille et de familles riches profitant de leurs vacances.
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