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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Afrique du Sud. Mila, dame blanche âgée, est cloué dans son lit et elle ne peut plus parler. Son existence dépend d'Agaat, une femme noire qui veille sur elle. Bonne ? Amie ? Parente ? Qui est véritablement Agaat ? Nous en serons plus, beaucoup plus, sur le lien qui unit ces deux femmes. A travers une fresque qui remonte dans le temps, nous découvrons toute la profondeur de cette relation et de ce qu'elle génère: de l'amour, de la haine, de la vengeance, des trahisons, des regrets,…
Ces 700 pages nous entraînent dans la vie d'une grande ferme africaine rythmée par la nature et le destin tragique de ses habitants. J'ai été happée par cette histoire, par les personnages qui la composent. L'auteur ne nous épargne rien, ni la bassesse de l'être humain, ni la déchéance des esprits et des corps. L'auteur analyse à la perfection les caractères des uns et des autres dans toute leur complexité. Agaat est un roman dense, puissant et bouleversant. Magistral.
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Après 2 semaines de lecture, j'ai enfin terminé ce pavé de plus de 700 pages. le premier mot qui me vient à l'esprit est: wahou!

Il faut un peu de courage (ou beaucoup de temps libre) pour se lancer dans la lecture de ce roman fleuve, mais passé les 100 premières pages un peu ardues, nécessaires pour planter l'intrigue et rendre les personnages attachants, il est difficile de lâcher cet immense huis-clos familial à l'échelle d'une vie.

Difficile de savoir par où commencer pour parler de ce livre comme il le mérite!

Tout d'abord, une écriture magnifique! Les mots de Marlene van Nierkerk virevoltent, explosent, se frottent les uns contre les autres. C'est dur, poignant, sans complaisance mais aussi poétique, doux et triste.

Le mode de narration demande aussi qu'on s'y attarde, ainsi qu'un petit temps d'adaptation pour bien comprendre.
Il n'y a qu'une seule narratrice mais sa voix s'élève sur 4 époques différentes, chacune avec son procédé narratif différent et qui permet de savoir quand l'action se déroule. L'architecture du roman est très recherchée et étudiée, déroulant l'histoire d'une manière assez anarchique chronologiquement au premier abord mais ménageant un certain suspense jusqu'aux dernières pages du livre.

L'histoire en elle-même est très dure. Kamilla, une jeune femme sensible et volontaire, est l'héritière d'un immense domaine fermier en Afrique du Sud, dans les années 1950 (et donc, en plein appartheid). Elle épouse Jak de Wet, un jeune homme charismatique mais qui révélera un coeur froid et une personnalité faible. Leur relation va rapidement et irrémédiablement se détériorer au rythme de leurs disputes de plus en plus violentes. Parallèlement à ça, Kamilla désespère de ne pas tomber enceinte et va finir par adopter une petite fille noire maltraitée, contre l'avis de tous ces proches, qui se nomme Agaat. Seulement, quelques années plus tard naît son fils Jakkie. et Agaat est reléguée au rang de bonne à tout faire.

Le récit dévoile petit à petit tous les rouages de ce drame familial et social, révélant au compte-goutte les scènes clés de la relation très spéciale entre Kamilla et Agaat. Amour, haine, racisme, tendresse, vengeance et regrets jalonnent leur existence commune et qui rend leur lien si difficile à décrire.

Agaat est un roman résolument féminin je pense, où les hommes sont là mais sont presque des figurants malgré l'importance de leurs rôles. le coeur de l'histoire est cette relation de femme à femme, de l'aube de la vie au lit de mort.
L'Afrique du Sud est un décor magnifique pour ce roman grandiose, on peine à croire qu'il puisse y avoir des endroits aussi beaux sur une terre aussi aride et désolée!
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Elle est longue l'agonie de Milla. Très longue. Elle a le temps de revivre ses souvenirs, la maîtresse de Grootmodersdrift , et de nous faire entrer dans sa ferme en compagnie d'Agaat la servante qui s'occupe d'elle.
Agaat c'est d'abord un magnifique roman, puissant, lyrique ou la terre et la nature sont des personnages importants. Mais c'est avant tout l'histoire d'un couple mal assorti, l'histoire d'une mère qui ne parviendra jamais à creer des liens avec son enfant, l'histoire de Milla idéaliste, attachée viscéralement à sa terre, l'histoire d'une femme mariée à un homme violent et froid, l'histoire d'un questionnement sur l'apartheid qui vit ses derniers moments.
En mal d'enfant elle va, un jour, contre l'avis de tous, arracher à la misère et aux mauvais traitements une petite "sauvageonne" mutique et manchote et noire.
En apprivoisant Agaat pour en faire son enfant, Milla remet en cause tout le fonctionnement de l'apartheid et se heurte à cette bonne société sûre de ses prérogatives et de sa supériorité. S'il naît un amour puissant entre ces deux solitudes, la déception et la colère seront d'autant plus grandes lorsque Milla, enfin, après sept ans d'attente, donne naissance à Jakkie.
Agaat, déchue de son rang de fille adoptive à celui de bonne d'enfant devra se composer une autre vie ou l'amour et la haine seront intimement mêlées. Elle sera sûrement sauvé d'une haine pure par l'amour indéfectible qu'elle porte à ce bébé qu'elle fait naître seule au bord d'une route de montagne.
Lorsque Milla se retrouve seule et dépendante de la maladie qui la cloue immobile et sans voix dans un lit de la grande ferme, Agaat trouve sa revanche, et soignant avec dévouement sa "maîtresse", peaufine de micro vengeances.
Construit de manière magistrale ce roman nous fait entendre les voix plurielles de Milla. Celle des carnets qu'elle écrit à partir du jour ou elle sauve Agaat, sa voix de vieille femme sans parole où les mots se résument à des clignements de paupières, la voix de ses rêves, poétique, désordonnée, et celle du trio qu'elle forme avec son fils et Agaat.
Je peux dire que j'ai adoré ces voix-là, même si, parfois, j'ai pensé que l'auteur aurait pu faire des coupes dans le texte. Mais je comprends aussi le parti pris de cette construction. Elle est longue cette agonie, elle permet à Milla de clore une relation de 40 ans et d'en extraire toutes les saveurs, les odeurs, les secrets.
Elle permet aussi de comprendre que la maîtresse des lieux, celle qui règne, qui ordonne, qui décide c'est Agaat.

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J'ai dévoré ce roman sur une relation complexe entre deux femmes, sur la vie, sur la mort.
Un chef d'oeuvre décrivant la vie quotidienne dans une ferme d'Afrique du Sud depuis les années 50-60 où la relation entre ces deux femmes rythment le quotidien et, en parallèle, la description de la fin de vie et de la dépendance au travers de cette relation.
Comment et pourquoi en sont elles arrivées là, telle est la question.
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J'ai découvert cette auteure par hasard avec triomf, peu traduite en français, peu commentée sur Babelio.
J'avais beaucoup apprécié cette lecture et j'ai recherché Agaat, son oeuvre plus connue.
Le pavé est conséquent, plus de 700 pages, le texte est aéré mais plutôt fourni ... il faut du temps et de la motivation pour se lancer.
Des chapitres qui s'enchaînent sur le même schéma ... la vie actuelle, ce long apprentissage de ce qu'est la dépendance, comment la vivre, comment l'accepter ... la lecture des carnets qui racontent des épisodes de la vie d'hier, figés dans leur époque reprenant les faits divers notés au jour le jour ... des digressions sans ponctuation qui révèlent des sentiments ou des hallucinations ... la narration de ce que fut la vie, avant, avant que tout se termine.
Peu de personnages, Milla et Agaat, les autres sont les fantômes des êtres qui ont habités aussi dans cette ferme près du Cap, Grootmoedersdrift, une ferme crée par une femme, reprise en mains par une autre femme. L'oeuvre d'une vie avec en arrière plan la situation politique de l'Afrique du Sud et ses contradictions entre une religion qui prône la bonté et l'amour du prochain et une ségrégation qui rejète l'autre, celui qui est différent.
Une oeuvre ardue car très dense qui joue sur beaucoup de ressenti.
L'oeuvre de Marlene est remarquable car elle aborde les deux visages des blancs dans son pays, les petits blancs confrontés à la violence de leur milieu dans "Triompf", et dans "Agaat", les descendants des colonisateurs confrontés aux règles d'une vie d'un autre temps et d'une autre Afrique du Sud.
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Un grand pavé de 700 pages - lecture aussi longue que l'agonie de Mila de Velt, septuagénaire qui vit ses derniers souffles et partage avec nous l'histoire de sa vie, l'histoire de sa famille, l'histoire d'une génération touchée par une relation ambiguë avec celle d'Agent (fille adoptive? Dame de compagnie? esclave?... les questions qu'on peut se poser sur leur relations sont multiples - les réponses cruellement nombreuses) tel est le portrait de la société sud africaine marquée par l'Apartheid.
Marlène van Niekerk nous livre un romain minimaliste, à huit clos, de deux femmes l'une blanche l'autre noire. de leur point de vue, on découvre des évènements, emboîtes de désillusions, d'échecs, de réussites, de frustration. A la manière d'un patchwork les deux histoires se livrent en détails pour nous faire parcourir un contexte à la fois sordide et doux de deux femmes.
Une saga familiale longue, pourtant l'écrivaine maîtrise la plume et les personnages. Si ces dernières s'emboîtent, la temporalité est précise et on y retrouve systématiquement un point de repère bienvenu pour se retrouver dans la densité du récit.
Est-ce de la poésie, de la tragédie moderne, de l'inégalité ... ? Un peu de tout ça , sûrement.
Pour celles et ceux qui aiment les romains historiques, celui-ci fait partie prenante de ce type de récit.
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