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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme beaucoup de monde, je pense, j'ai vu (et adoré) Elephant Man de David Lynch, production en noir et blanc de 1980 qui revient sur l'histoire de cet homme difforme qui, grâce à une rencontre pas comme les autres, finira sa vie dans une lueur d'espoir. Appelé John au cinéma (à cause d'une erreur dans une biographie), Joseph Carey Merrick a véritablement existé.
Si Lynch ne s'attarde que sur la deuxième partie de la vie du jeune homme, sur la partie plus « lumineuse » ; Denis van P insiste, dans cette bande dessinée, sur les premières années de Joseph, période beaucoup plus sombre où les chamailleries d'enfants se transforment en séance de torture.
Avec quelques larmes versées (ou presque), cette BD entre directement dans le groupe, très réduit, de mes plus belles découvertes du genre ! Et grâce à elle, je meurs d'envie de mettre la main sur la biographie écrite par Michael Howell et Peter Ford, pour prolonger un peu la découverte de la vie de cet homme hors du commun.

Né en 1862 en Angleterre, Joseph développe, très tôt, grosseurs et malformations qui n'auront de cesse de se développer tout au long de sa courte vie (il meurt à l'âge de 28 ans). Malgré des brimades répétées dans la rue et à l'école, le petit garçon peut au moins compter, si ce n'est sur l'amour, au moins sur la protection de ses parents… jusqu'au décès prématuré de sa mère. Remarié, le père introduit une nouvelle femme (et ses deux horribles marmots) dans le foyer. L'amour déserte alors complètement la vie de Joseph qui, pas du tout accepté par sa belle-mère et repoussé par son père, est contraint de quitter la maison. Il tente sa chance, alors qu'il n'a qu'une douzaine d'années, dans une manufacture mais le travail manuel ne peut durer indéfiniment, ses mains de plus en plus difformes l'empêchant de bien faire les choses. S'en suit une période de vagabondage… et l'exhibition en tant que monstre de foire ! Après quelques années de « spectacle » en Europe, les autorités interdisant de plus en plus ce genre de manifestations, Joseph est dépouillé par son « manager »… le Docteur Treves croise sa route au début de sa « carrière » mais il faudra attendre encore quelques sombres années pour que le jeune homme, seul et sans le sou après l'arrêt des exhibitions, revienne tant bien que mal en Angleterre et trouve soutien et amitié auprès du scientifique. Derrière l'apparence difforme, Treves découvre une personnalité sensible, curieuse et cultivée… il va alors offrir à Joseph, les plus belles heures de sa vie : logement décent, découvertes artistiques, rencontres en tout genre mais aussi et surtout, des amis… et des sourires !
Les dernières planches illustrent la théorie de la mort accidentelle, là où Lynch avait pris une toute autre direction (plus émouvante, à mon sens). Où est la vérité ? Quelle importance ! le fait est que, suite à une vingtaine d'années malheureuses à cause de la nature humaine, Joseph Carey Merrick a connu le bonheur grâce à la bonté d'un seul être humain.

Cette biographie regorge d'émotions fortes et plus d'une fois j'ai ravalé mes larmes, penchée sur les planches. Je pense notamment au passage où le père repousse violemment Joseph, dans la rue, alors que celui-ci voulait lui prendre la main et grimper sur ses épaules, comme les autres enfants… ou encore, lorsqu'après s'être effondré en larmes, il avoue au Docteur Treves que « c'était la première fois de son existence qu'une femme lui souriait »…
L'histoire de Joseph Carey Merrick fait partie de ces histoires inoubliables qui, à la fois nous dégoûtent de faire partie de l'engeance humaine (vu ce qu'il vit la majeure partie de sa vie) mais nous rend aussi fier de compter parmi nous des gens sincèrement bienveillants. On ne peut pas rester de marbre en découvrant, au fil des pages, ce qu'a vécu le petit garçon, l'adolescent et l'adulte qui, malgré tout ce qu'il subit pendant toutes ces années, reste « pur » et humain (beaucoup plus humain que tous ceux qu'il rencontre).

J'ai aimé cette BD d'un bout à l'autre. Malgré tout, j'ai un minuscule regret. Je ne peux pas le reprocher à l'auteur car c'est un choix purement réfléchi, mais j'aurais aimé que la partie « lumineuse » de la vie de Joseph soit plus développée. Ce n'était pas la volonté de Denis van P qui, au début, ne s'était pas du tout penché sur les moments que vit le jeune homme après ses retrouvailles avec le docteur Treves car il souhaitait traiter uniquement le thème du rejet, la chute du personnage. C'est à la demande de l'éditeur qu'il a ajouté les 9 planches de la « renaissance ». Il est vrai que le film de Lynch s'attarde déjà intelligemment sur les dernières années de la vie « d'Elephant Man » et qu'il n'était pas forcément nécessaire de passer du temps dessus. L'important est de découvrir la genèse du personnage… mais quand même, quelques planches de plus ne m'auraient pas dérangée, bien au contraire !

Comme vous pouvez le constater, le fond m'a plu… mais qu'en est-il de la forme ? Eh bien, j'ai également été séduite ! Dessins et couleurs, tout me semble parfait et sert intelligemment l'histoire.
Outre les 62 planches de la BD (un peu plus d'une cinquantaine bordées de noir, correspondant à la chute de Joseph et un peu moins d'une dizaine bordées de blanc, illustrant, bien logiquement, la renaissance du personnage), vous trouverez 8 pages supplémentaires qui vous expliqueront, à travers les mots de Denis van P, le processus de création. On apprend, dans ce carnet bonus, que cette oeuvre a mis huit ans avant de voir le jour dans sa forme actuelle, que l'auteur a été passionné par la vie de cet homme hors du commun, dès son visionnage assez jeune, de l'Elephant Man de David Lynch… et vous trouverez également quelques planches inédites - colorisées ou non -, finalement retirées de la sélection.

Un sujet passionnant traité avec brio. La forme est à la hauteur du fond : sublime. Beaucoup d'émotions à la lecture de cette BD (qui comptera dorénavant parmi mes préférées) et une furieuse envie de me plonger, dès que possible, dans la biographie de Howell et Ford, qui l'a inspirée !
Lien : http://bazardelalitterature...
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La vie de Joseph Merrick, mieux connu sous le nom de "Elephant Man" car il fût exhibé dans des foires, à cause de ses nombreuses difformités, dans l'Angleterre victorienne. La bd nous replonge dans les souvenirs du Docteur Threves, qui nous conte la triste vie de Joseph, depuis sa naissance à Leicester en 1862. Une maladie congénitale affecte son physique, encore très jeune, et Joseph sera moqué, à l'école et même dans son propre foyer. de plus en plus handicapé par sa maladie, l'empêchant de gagner sa vie, il finit par être cédé à un imprésario qui l'exhibera dans les foires à travers l'Europe, puis il sera à nouveau abandonné, réduit à la misère. Recueilli par le docteur, il sera finalement installé dans l'hôpital de Londres, et sous l'influence du scientifique, la Haute Société Londonienne sera amenée à le cotoyer, découvrant un être tout en sensibilité.
Malheureusement, son état se dégradera de plus en plus. Sa vie de souffrance s'achève en 1890, il avait donc 28 ans.
J'ai beaucoup aimé le graphisme et les couleurs, avec certaines planches aux cases ayant l'aspect d'un fondu au noir, une ambiance sombre reflétant bien la cruauté que subit Joseph.

Je conseille également le merveilleux et sensible film de David Lynch, de 1980, avec John Hurt et Anthony Hopkins. Il eut plusieurs nominations aux Oscars, et gagna en 1982 le César du film étranger.

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Bien sûr, il y a le film de David Lynch, avec ses images expressionnistes, d'un autre temps, avec un incroyable John Hurt, une inoubliable Anne Bancroft. Ensuite, j'ai lu en anglais la biographie de cet homme. À l'époque, prétendait la presse people, Michael Jackson voulait acquérir son squelette qui n'était plus présenté au public. Aujourd'hui, en 2013, cette bande dessinée, clairement séparée en deux parties : le chapitre noir (enfance, adolescence et vie parmi les forains) ; le chapitre blanc (les dernières années).
À la lecture de ce livre merveilleusement construit, structuré par un découpage puissant et un dessin expressif, il m'est encore venu à l'esprit : « Qui est un monstre ? » Nous avons tous à l'esprit ce qui est hors normes, ce qui est différent et qui nous semble particulièrement insoutenable. Mais nous oublions trop facilement les simples d'esprit exilés, les enfants bossus abandonnés sur les parvis d'église, les vieilles femmes brulées vives, les noirs enchaînés, les homosexuels lapidés, les fous lobotomisés… le monstre n'est donc pas nécessairement celui qu'on pense. Sont probablement monstrueux ceux qui érigent en modèle leur propre vision (ou fantasme) d'un monde parfait. Ainsi Joseph Merrick avait une sensibilité, une intelligence et une curiosité intellectuelle, il avait une âme, diraient certains. Ce qui me fait penser à ce procès de la Controverse de Valladolid : les Indiens avaient-ils une âme ou non ? Pourquoi avons-nous cette tendance au rejet de ce qui est différent ? Je répondrais que, sans être paranoïaque, il faut seulement repousser les gens qui vous rejettent, ces personnes toxiques, celles qui se lèvent en censeurs, en moralisateurs, en chevaliers blancs. le chemin du bonheur en dépend…
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La bande dessinée « Joseph Carey Merrick » a été imaginée par Denis van P. L'auteur a eu recours au site Sandawe.com pour être publié, qui permet aux internautes comme vous et moi, de devenir éditeurs en soutenant financièrement des projets, un peu comme MyMajorCompany pour la musique. Je suis bien heureuse que cette BD ait vu le jour. Véritable biographie de « l'Elephant man », « Joseph Carrey Merrick » retrace la vie d'un petit garçon pas comme les autres et qui a réellement existé. Rejeté par tous, le personnage m'a fait énormément de peine et suscitera sans doute l'empathie chez bon nombre de lecteurs. le dessin est soigné, les cases bien séparées les unes des autres, ce qui permet une lecture fluide. Au fil des pages, on prend facilement conscience de l'évolution de la maladie. le personnage est de plus en plus difforme, et l'histoire toujours plus triste, même si elle est romancée. Je pense que cette bande dessinée de Denis van P va faire beaucoup de bruit autour d'elle, car elle est empreinte de réalisme. L'auteur a en effet bien pris soin de se renseigner sur l'histoire d'Elephant Man pour n'omettre aucun détail. En bref, une BD très intéressante à lire, qui figure parmi mes coups de coeur de l'année, et qui m'a donné envie de voir le film réalisé dans les années 1980 par David Lynch, tout aussi poignant.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
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