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Critique de Lune


Lune
21 décembre 2014
L'anthologie tirée des carnets de la "Petite Dame", Maria Monnon épouse du peintre belge Théo van Rysselberghe, permet deux lectures.
L'une destinée à compléter les informations recherchées sur André Gide par les passionnés de cet auteur et penseur de la première moitié du vingtième siècle (1869-1951).
Le Temps a passé. Beaucoup ignorent à quel point cet esprit influença la pensée de cette époque tant en France qu'à l'étranger.
Homme écouté, contredit, respecté, aimé, détesté.
L'autre lecture permet aux amateurs et aux curieux de l'histoire de la littérature de pénétrer plus avant dans la connaissance d'un écrivain sans doute mal connu du grand public.
L'image austère qu'il dégage en devient humaine, douée d'un optimisme qui nous le révèle dans sa simplicité.
Le choix opéré pour cette anthologie émanant d'un journal (plus de 3000 pages) tenu de 1918 à 1951 retrace les rapports de Gide et de la "Petite Dame", leurs observations, maximes et réflexions, les relations amicales parmi lesquelles Roger Martin du Gard, Jean Schlumberger, l'entourage (Madeleine, la cousine et épouse vénérée, Elisabeth mère de Catherine, sa fille, Pierre Herbart, Marc Allégret, etc...), les échanges sur son oeuvre...
André Gide apparaît dans toute la richesse de son esprit subtil en quête de toutes les possibilités, esprit ô combien particulier, tellement riche, tellement respectueux de l'autre et prenant en compte son avis.
Certes Maria van Rysselberghe a sa propre lecture de l'homme à qui elle voue une reconnaissance intellectuelle infinie et tendre.
Certes la préface fine de 1973 d'André Malraux replace les choses à la lumière de la contemporanéité, attirant notre attention sur une époque littéraire révolue dont il faut s'imprégner pour mieux comprendre l'homme et l'écrivain.
Certes, il nous démontre les différentes lectures d'André Gide à la lumière des "miroirs" de chacun. La lecture du "Journal" de Gide en est une autre et permettra un éclairage à la fois différent et complémentaire.
Certes tout cela pour les néophytes pourrait paraître ardu mais la langue belle et fluide employée par Maria van Rysselberghe traduit bien l'atmosphère du "Vaneau" (les appartements où cohabitaient l'auteure et André Gide), la période des décades de Pontigny, celle du communisme en tant que "morale", l'écriture "oeuvre d'art", le théâtre, la littérature étrangère, Gide père et grand-père attentif, les manies (ce désordre matériel...), les voyages, les engagements et enfin l'extraordinaire entente (objections, franchise, respect) avec elle et les plus proches sont autant de témoignages d'une pensée élégante.
Une vie, des vies défilent.
L'anthologie est courte qui nous rend si humains, si proches d'un des grands auteurs de la littérature française dont l'esprit continue à nourrir le nôtre.
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