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Critique de motspourmots


Un titre, la reproduction d'une toile sur la couverture... il n'en faut pas plus pour éveiller le désir, succomber à la promesse du beau qui se niche dans ces cinq mots posés au-dessus du paysage subtilement rendu par le peintre. le format, les quelques lignes de la quatrième de couverture, tout m'incite à penser que je trouverai dans ce court roman un peu des qualités qui me plaisent chez Gaëlle Josse. L'attention aux détails, à la poésie des lieux, à la lumière. Alors j'embarque pour l'île de B. et je me laisse porter par la plume délicate de Sophie van der Linden que je découvre ici avec grand plaisir.

Et me voilà projetée dans ce paysage marin, aux côtés d'Henri embarqué sur le sloop qui fait la navette entre l'île et le continent. Il vient ici retrouver la jeune femme qui a choisi de le fuir et rompre leur serment pour s'installer sur cette île pendant qu'il faisait son service militaire. Il vient pour tenter de comprendre, le coeur empli de crainte et d'espoir mêlés. Une courte traversée, la découverte de cette île, quelques heures dans la vie d'Henri, quelques heures au cours desquelles son destin est suspendu - croit-il - aux mots de la femme avec laquelle il pensait faire sa vie. le temps est comme arrêté. le lecteur ne sait pas vraiment à quelle date se situe l'intrigue, en tout cas pas avant les dernières pages. Quelques indices laissent imaginer qu'on est au début du XXème siècle. Peu importe. Il s'agit d'une parenthèse. D'une atmosphère si typique de ces îles qui isolent. Ces terres enserrées par l'océan, comme protégées du reste du monde et des bruits qui grondent.

"Le bleu, contrairement au vert, est insaisissable. Je peux prélever une feuille, cueillir un brin d'herbe, les broyer au creux de ma paume, me tacher les doigts de leur jus. Mais le bleu du ciel ou celui de l'océan se défilent toujours. Qu'arriverai-je à tenir dans mes mains sur cette île ?"

L'auteure brosse un véritable tableau à l'aide d'une plume qui se fait tantôt pinceau, fusain ou pastel. Un tableau naturaliste où dominent la force des éléments, la beauté des paysages, la caresse du vent, la vie nocturne des animaux, le parfum des végétaux. Il se dégage de ce texte une poésie de tous les instants. Quelques notes de musique dans la nuit, le bruit des coquillages sous les pas du promeneur, une sieste sous la voute étoilée, les mirages furtifs évoqués par les nuages. Ce que saisit l'auteure, c'est la poésie de l'oubli du temps, la grâce d'un instant figé et à peine capturé, l'idéal de liberté. le croisement entre ce qui finit et la page blanche de tous les possibles. Un flottement, comme un rêve, avant le retour sur terre, au sens propre comme au figuré.

Un joli moment de lecture, guidé par la puissance des arts, la qualité de voir et de ressentir. Un bol d'air et de beau.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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