AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur De terre et de mer (22)

Une petite fille, vive comme une fusée d'artifice, tache carmin frottée sur papier aquarellé d'un geste sûr, cingla Henri de toute la fraîcheur du déplacement de l'air marin, lui coupant la route aux pieds, pour remonter vers les habitations.
Commenter  J’apprécie          240
Levant les yeux vers les frondaisons, Henri regarda au travers d'elles le ciel qui s'éclaircissait encore. Peu à peu, sous l'influence conjuguée de la clarté progressive et de sa concentration, le ciel lui apparut au premier plan. Le fond était désormais devenu figure. C'est le même paysage que je regarde, et pourtant, il m'apparaît tout autre. Je voyais des arbres, et je vois maintenant une surface blanche qui perce sur un fond noir tortueux. Ce ne sont plus des frondaisons qui se détachent du ciel, mais plutôt le ciel qui ménage ses percées. Le dessin des formes se fait par le vide. Voilà comment je dois graver : non plus en me concentrant sur la trace en creux du noir, celui du trait, du dessin, mais en dégageant l'espace autour de ce blanc perçant du fond. C'est le vide que je dois désormais traiter comme une figure. p 108-109
Commenter  J’apprécie          190
"J'ai fait une rencontre surprenante dans le train. Un chinois, parlant français. Un peintre, sans doute est-ce pourquoi nous avons engagé la conversation. Dans la peinture chinoise, m'a-t-il expliqué, le spectateur n'est pas extérieur au tableau, il est au contraire plongé dans un paysage qui est une composition de différents lointains. On n'observe pas le paysage, on y séjourne, on s'y promène, on y voisine... C'était étrange, de rencontrer un inconnu, venu de si loin, et de l'entendre parler d'un sujet qui me préoccupe tellement. Cela ressemblait à un rêve... p 53-54
Commenter  J’apprécie          110
Il eut l'impression de pénétrer dans la peinture d'un jardin exotique. Henri progressait en ce lieu avec l'émerveillement et la solennité de qui explore un territoire imaginaire voué à se dissoudre. Dans une vaste allée, il se sentit invité secret accueilli en majesté par des arbres-serviteurs. Leurs troncs imposants étaient tachetés comme ceux des platanes, mais de leurs branches, des feuilles longues et souples semblaient saluer Henri, ou s'incliner face à lui. S'en dégageait une odeur particulière, pénétrante, suave sans être sucrée, qui retint le jeune homme. Il respira de tout son être, tâchant de propager ce parfum inédit dans son corps entier.
Commenter  J’apprécie          50
Mais enfin, tu as bien su comment sont les choses ici, les gens, surtout! La moitié de l’île sait qui tu es dans cette maison, à quel instant tu es rentré, sorti, rentré de nouveau, ce que nous avons fait, où nous sommes allés. Le bourg ne bruit que de cela. Si tu restes la nuit, alors demain matin plus personne ne me regarderait sur l’île. Ça veut dire que tu ne peux parler à personne, que tu ne comptes plus à leurs yeux. Autrement dit, que tu es mort. J’ai trop lutté pour exister ici, pour exercer ma liberté, ma solitude sans être rejetée, pour être respectée dans mes choix…
Commenter  J’apprécie          50
La tension physique des efforts requis par la préparation s'effaça lentement. Henri prit enfin la mesure du paysage, de sa situation. De la joie franche que cette préparation, et cette dégustation raffinée mais sauvage, lui procurait. Il eut la soudaine et pénétrante impression de communier avec tout ce qui l'entourait.
Henri se dit que c'était peut-être cela, ou quelque chose qui y ressemble, être libre. Sans doute était-ce exactement ce que Youna était venue chercher ici. Au reste, elle l'avait dit. Il comprit alors à quel point elle pouvait craindre qu'il ne fût une menace. Car sans doute, rien au monde n'était plus précieux que ce sentiment. Ou cet état. Ou cette manière d'être au monde. Et rien, assurément, n'était plus fragile.
Page 122-123
Commenter  J’apprécie          40
Comment dire le silence? A l'égal du secret, il est une part dissimulée au monde que personne n'est en droit de forcer.
Commenter  J’apprécie          30
Cette sensation de réussir à faire exister à l'extérieur de soi, sur du papier, ce qui est si mouvant, insaisissable, retranché dans mes pensées, me donne la plus grande joie.
Commenter  J’apprécie          30
... et toi, tu vas rentrer chez toi, en Allemagne ?
- Non, surtout pas, je veux reprendre la mer. Il faut seulement que j'évite les bateaux français. J'ai envie d'aller plus au nord. Peut-être même très au nord. Une fois, j'ai rencontré un marin norvégien. Son visage, c'était comme si un dieu furieux l'avait sculpté au couteau. Dans ses yeux, j'ai tout vu : le froid, la glace, les eaux blanches et bleues constamment sur le point de devenir solide, le jour perpétuel et la profusion de poissons. Les filets craquent sous la masse de ce qu'ils remontent, les bateaux menacent de sombrer sous le poids de cargaisons extravagantes, ils ont tellement de poissons qu'ils les sèchent et les accrochent en guirlande aux façades des maisons.
Page 113-114
Commenter  J’apprécie          30
Dans le silence recouvré, isolé au cœur de la pénombre, il lui fallu alors un long moment, pour interpréter ce que ses yeux lui renvoyaient. Pour comprendre. Qu'il était toujours à l'extérieur, car la toiture de la courte nef s'était écroulée. La chapelle en ruine – état insoupçonnable de l'extérieur dans l'obscurité partielle de l'aube – offrait une voûte étoilée, qui pour une fois dans un lieu de culte, était réellement céleste.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (135) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Amants de la Littérature

    Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

    Hercule Poirot & Miss Marple
    Pyrame & Thisbé
    Roméo & Juliette
    Sherlock Holmes & John Watson

    10 questions
    5271 lecteurs ont répondu
    Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}