AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laurence64


Le poète avait empoigné les laideurs de l'existence pour les transmuter en or dans des vers qui les magnifiaient. Cette alchimie baudelairienne, si novatrice alors, violemment décriée, ne cesse de se renouveler, siècle après siècle, art après art.
L'avenir donna raison au poète. L'avenir continue de rendre hommage à son génie visionnaire. du laid peut naître le beau. du prosaïque peut naître le merveilleux. le terrible peut être oeuvre d'art.

Ainsi en est-il de David les femmes et la mort.
Parce que le thème, c'est pfiou… difficile est un euphémisme. Judith Vanistendael ne nous épargne rien. le cancer n'est plus un horrible mot, une idée détestable. Il s'installe dans le corps de David, prolifère, métastase.
David est un charmant libraire, père de Tamar âgée de 9 ans, père de Miriam issue d'une première union laquelle va donner naissance à Louise.
David, Paula (son épouse), Tamar, Miriam et Louise. Quatre femmes unies autour d'un homme que Bobonne la mort vient bercer.

Un roman graphique que l'on irait bien jeter dans le premier cours d'eau venu à moins d'éprouver le besoin morbide d'affronter la lente fonte du corps napalmisé à coup de chimiothérapie et de rayons. Si n'était l'art justement.

Judith Vanistendael livre une belle histoire en ne ménageant pas son talent. Ce qui fait que je n'ai pas noyé le bouquin et que de vignettes en planches, de petites images en double pages, de la tendresse du dessin aquarellé au noir et blanc violent du cauchemar qui cliquette dans une danse macabre, j'ai achevé ma lecture d'une traite. Subjuguée.
Et, en ce moment, mes mots hésitent, se sentent impuissants à rendre toutes les dimensions de ce roman graphique qui n'élude rien de la sordide réalité.

4 chapitres: Miriam, Tamar, Paula, David.
Louise, elle, née le jour de l'annonce fatidique, rappelle juste que la vie continue. Quelques onomatopées sur un lit d'hôpital, le sourire de l'enfance qui découvre la vie et l'incompréhension de l'abîme sur lequel son entourage se penche suffisent.

4 chapitres: Miriam, Tamar, Paula, David.
C'est dans les silences que l'amour se dit le mieux ou avec le plus d'intensité. C'est dans l'appel à l'imaginaire de Tamar qui rencontre une sirène, dans l'escapade de Paula trop enfermée dans sa peur d'épouse et de mère, dans l'attention de Miriam pour sa fille que se raconte le dur et doux accompagnement de celui que l'on aime. Il y ces mains qui voudraient retenir et cet esprit épuisé qui souhaite partir.

Et en contrepoint de ces amours autour de David, veille l'amitié du médecin qui annonça à son copain le cancer et qui glissera silencieusement dans l'illégalité pour répondre à la supplique écrite "Georg laisse-moi partir". La douceur sombre de l'aquarelle noire est en elle-même acte de compassion.
Commenter  J’apprécie          272



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}