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Critique de vibrelivre


Un poisson sur la lune
David Vann
roman, 2018, Gallmeister, 285 p
traduit de l'américain par Laura Derajinski




C'est le récit d'une dépression -période d'euphorie suivie de chutes dans la douleur et la pression- tenu à la fois par le dépressif (dans ses paroles) et un narrateur extérieur, son propre fils peut-être. le dépressif est le père, Jim, de David Vann, un premier de classe qui a fait ce qu'on attendait de lui. C'est comme s'il ramassait de la boue de ses mains, elle s'écoule, et lui ne peut rien retenir.
Il a 39 ans, est dentiste, porte un Magnum dans sa valise, les munitions sont dans un autre sac. Ses sinus le font souffrir. Il est sous la tutelle de son frère Doug, de 6ans son cadet, qui vit en Californie, et qui ne se pose pas un tas de questions comme son aîné. Doug souhaite retrouver le frère d'avant, quand il était fort, et ne s'embarrasse pas de langage psy.
Jim se sent une merde. Il a raté deux mariages, a deux enfants, David qui a 13 ans, et une petite fille de 8 ans. Il a pour ancêtres des chefs cherokees et de nobles Anglais et Américains, et il mesure la profondeur de sa chute. Il est fasciné par les armes à feu. Il conte l'histoire d'un flétan, son animal totem, de 150 kg amené sur la lune, et l'apesanteur lui permet de voler pour le seul plaisir du vol pendant quelques minutes. Il ne peut s'empêcher de parler des mystères du désespoir.
Jim rend visite à ses enfants, ses parents, qui, selon lui, ne changent pas, n'essaient pas d'élargir leur champ de vision, et comme avec Doug, il s'aperçoit qu'il est près d'atteindre une vérité, mais ses parents ne la laissent pas surgir, et de nouveau c'est l'échec et le désespoir. Sa mère est luthérienne, elle lui a mis dans la tête des conneries d'histoires religieuses. Elle reproche à son fils de les considérer comme des minables, et elle aimerait avoir son jardin intérieur. Son père hait chaque jour de sa vie, mais continue d'exister, sans se demander pourquoi. Il aime son fils.
Jim a besoin de Jeannette, sa seconde femme, de sexe plus précisément, le sexe représentant le véritable esprit. Jeannette le lui accorde, mais lui pense trop. L'érection lui est devenue impossible.
Il va voir son ami qui lui est tout dévoué, mais la vie routinière de celui-ci ne lui convient pas. Il ne veut pas voir sa soeur, parce que sa voix est fausse.
Rien, ni personne, ne peut l'aider. Il a besoin de quelque chose, mais il ne sait pas quoi. Sûrement un idéal de pureté. Les plaisirs ordinaires ne peuvent le satisfaire. Même le burger au bacon. L'amour des siens, de ses proches, le laisse dans le vide. Il est fatigué. Aura-t-il même la force de se tuer ?
C'est un livre difficilement soutenable, parce qu'on connaît la fin. On vit les trois derniers jours d'un homme qui essaie de comprendre, et que son fils, le romancier lui-même, veut appréhender.
On a une vue des Américains d'aujourd'hui, les paysages dans lesquels ils vivent, ce qu'ils mangent, où, le plaisir de la chasse et de la pêche, le nombre d'armes à feu en leur possession, leur vie apparemment étriquée. Référence est faite au temps des westerns où les gens réglaient leurs problèmes sans sophistication.
Alors on réfléchit sur sa vie à soi, mais pas trop, au cas où l'on descendrait dans une grotte froide et vide.
Les récits de David Vann ne laissent pas indemme. Décidément.
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