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Critique de Kirzy


Une chaleur caniculaire s'abat sur Parme, reflet parfait de l'enquête poisseuse aux mille visages que va mener l'inspecteur Soneri sur le meurtre d'un commerçant, Galuzzo. La mort de ce dernier n'est en fait un détail presque insignifiant d'un projet plus vaste dans lequel la principale victime est la ville de Parme elle-même.

Très nettement, ce qui intéresse Valerio Varesi dans cette enquête, ce n'est pas de définir qui a tué, mais plutôt pourquoi, de s'interroger sur les causes du mal.

J'ai beaucoup apprécié le personnage de l'inspecteur, un double de l'auteur, attachant, ancré à de saines valeurs, profondément humaniste. Il va découvrir les coupables mais surtout les mécanismes qui l'empêchent de révéler la vérité.

Si on retrouve bien les codes du polar Les Mains vides contourne le genre en s'inscrivant dans le roman noir social, voire moralisateur faisant le constat des changements néfastes à l'oeuvre dans nos sociétés. A mesure que l'enquête avance, le roman est traversé d'un pessimisme croissant, d'une amertume, d'une mélancolie profonde en mettant en scène un nouveau type de crime, déguisé en sociétés financières et immobilières aux montages imparables, remplaçant la vieille garde de la pègre classique. le basculement de Parme vers la perdition devient une métaphore de la déroute de l'Italie actuelle, un corps affaibli prêt à s'attraper n'importe quelle maladie. Les truculents dialogues entre l'inspecteur et Gerlanda le vieux mafieux usurier sont exemplaires à ce titre.

« Ne vous faites pas avoir par les gens respectables : les industriels, les entrepreneurs, les banquiers, les avocats ... Ils utilisent tous les mêmes méthodes, ils possèdent tous une sauvagerie sans limites, sinon, ils ne seraient pas là où ils sont. Les affaires te font régresser au stade primitif, là où la raison sert uniquement à organiser la violence. Ou bien à se garantir des complices en politique, grâce à l'argent qui ouvre toutes les portes. le reste, les rites de notre prétendue démocratie ne sont que de la dramaturgie, rien d'autre que du théâtre. »

Tout est juste dans ce polar désenchanté qui pénètre tel un soc dans la réalité contemporaine. J'ai cependant trouvé que la litanie moralisatrice dénonçant le néo-libéralisme voyou assez répétitive, elle aurait pu être allégée sans pour autant perdre en force d'indignation.
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