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Critique de JIEMDE


Dans la famille "Polars d'atmosphères", je demande le fils surdoué... Bonne pioche avec Valerio Varesi (traduit par Sarah Amrani) ! Car Les ombres de Montelupo sitôt refermé, je reste sous le charme de ce livre attachant, intelligent et sans faux-col (comme on dit chez Lucky Luke).

Las des incessantes tracasseries administratives de sa charge dans la grande ville de Parme, le commissaire Soneri part se ressourcer quelques jours dans son village natal des Apennins, au pied du Montelupo. Un village aux doubles racines : les siennes, familiales, et celles des champignons qu'il cherche dans les brumes et brouillards d'automne de ce petit coin d'Italie. Pas de bol cette saison : il semble que seules les trompettes de la mort soient de sortie, au propre comme au figuré.

La mort, c'est celle de Paride Rodolfi, l'actuel patron de la grosse boîte de charcuteries qui fait vivre le village depuis quelques générations, retrouvé dans un ravin de la montagne abattu au fusil de chasse. Puis celle de son père, Palmiro, fondateur de l'entreprise, pendu dans sa grange. Et si le village entier semble bouleversé, chacun se tait sur le mode "Ce qui se passe - ou s'est passé - sur les pentes de Montelupo reste à Montelupo". Même Soneri, pourtant du cru, semble être devenu une sorte d'étranger à cette communauté dont il découvre qu'elle n'est plus complètement la sienne.

Au-delà de l'intrigue, Les ombres de Montelupo sont l'occasion pour Varesi d'explorer - sans jamais se perdre, comme malheureusement trop d'autres... - de nombreuses thématiques contemporaines : l'argent facile, spéculateur et corrupteur jusqu'au fin fond de l'Italie ; le poids de l'histoire et des comportements de ses ascendants pendant la période fasciste mussolinienne ; les flux migratoires clandestins qui en Italie ne passent pas que par les plages mais aussi par les montagnes ; la notion de territoire au XXIe siècle, où à l'image de Soneri dans son village, être de quelque part a t-il encore une sens ? Et puis cette sorte de nostalgie sous-jacente dans tout le livre, d'un temps où tout était plus simple, où tout était plus sain.

Mais surtout - je parlais de "polar d'atmosphère" - Varesi (comme autrefois Vargas avec Adamsberg), plonge Soneri dans les brumes et brouillards qui envahissent la superbe nature des pentes du Montelupo en cette fin d'automne. Quel bonheur de randonner avec Soneri dans cette ouate magnifiée, où passe un sanglier, affleure un bout de rivière, découvre au détour d'un sentier un aperçu de la vallée voisine, vous offre un refuge le temps d'une pause, vous relance le temps de suivre le cri d'un oiseau… ou de fuir le coup de feu soudainement entendu.

Et la bonne nouvelle enfin, c'est que Soneri est un commissaire récurrent. Donc je sais ce qu'il me reste à faire !
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