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Les vacances ...Au moment où je vous parle , bien malin celui ou celle qui va nous dire où nous pourrons les passer cette année....En un autre temps , je vous aurais bien proposé de louer à Montelupo, en Italie, et plus précisément à l'auberge des Ecureuils, un restaurant simple où la cuisine est familiale et ..divine... et l'accueil... Vous auriez peut - être la chance d'y croiser le commissaire Soneri , un enfant du pays qui aime s'y ressourcer et retrouver certaines " images " de son passé ...et oui , la nostalgie , notre histoire .... Après, couvrez - vous bien , c'est l'automne , le brouillard enveloppe le village entouré de bois où des coups de fusil récurrents , s'ils gênent les chercheurs de champignons , rythment la vie d'un village ...muet . Des taiseux .Ici , on ne parle pas , personne ne sait rien de ces affiches placardées, de ces riches patrons qui ont...et fourni du travail à tous....de ces étranges tirs...Qui ? Contre qui ? Animal ou ...homme ?
Cette atmosphère faussement tranquille , cette atmosphère oppressante , est présente du début à la fin du roman ..Une atmosphère poisseuse dans laquelle le commissaire Soreni va essayer de se débattre afin de résoudre une bien étrange intrigue ....".Le héros "? " ,Gualardzi , le Maquisard " , un personnage qui cristallise toute l' attention des carabinieris ...Mais attention , ici , la nature , les bois , les forêts , le village , le froid , la neige .....ne laissent la place à personne....d'étranger..
Entre les froidures du " haut " et la " chaleur de l'auberge du bas " , Soreni va devoir faire un choix et , sans doute , négocier....tergiverser.?
Un roman intimiste de très bonne facture , un milieu à la fois reposant et anxiogéne , un présent et un passé pour un héros discret et altruiste ...Une enquête qui tient plus de l'introspection ...Un roman très agréable à lire , mêlant avec à propos fiction narrative et dialogues , un bien bel équilibre . Une belle traduction , vive , alerte et pleine de subtilité .Et puis , Dolly .Et , oui , Dolly , la fidélité même....Le couple Soreni-Angela y résistera- t - il ?
Bon , ne vous précipitez pas , hein , on est le 30 avril et l' ouverture de votre librairie , c'est le 11 mai ....Par contre , le 11, si vous voulez choisir rapidement , allez -y ... J'y ai trouvé certaines similitudes avec Exbrayat , et ça, pour moi , c'est ....ouaaahhh!!!!
Continuez à prendre soin de vous , c'est pas fini....Courage!!!
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Las des querelles et mesquineries de la questure de Parme, le commissaire Soneri s'accorde quelques jours de vacances dans les Appenins. Au pied du Montelupo, dans le village qui l'a vu naître, le policier compte renouer avec ses amis et surtout cueillir des champignons. Mais, sur place, l'ambiance est délétère. Tous les jours, des coups de feu retentissent dans la montagne et il se passe de drôles de choses chez les Rodolfi, propriétaires de l'usine de charcuterie qui fait vivre le village. Quand Palmiro, le patriarche se suicide et que son fils, Paride disparaît, le commissaire voit ses vacances définitivement perturbées. Refusant de se mêler de l'enquête malgré les sollicitations du carabinier local, Soneri ne peut pas non plus ignorer que son village et ses habitants sont différents des souvenirs qu'il chérissait et qu'il doit comprendre ce qu'il s'est passé.

Novembre dans les Appenins, entre brumes insidieuses et brouillards opaques. Un village calme en apparence mais la colère gronde, la haine couve. Ces montagnards taiseux ont vendu leurs âmes aux Rodolfi, maîtres des lieux et dont la fortune a des origines louches. le patriarche aurait fait son beurre avec les fascistes et même les nazis pendant la guerre. On a bien voulu oublier ce faux pas parce qu'il est né pauvre, qu'il a connu la faim et qu'il a réussi à force d'ambition et de volonté, mais aussi parce que presque tous les villageois lui ont accordé des prêts pour faire fructifier l'usine. Jeune, il formait un trio avec Capelli, le fromager suicidé récemment et Gualardzi, le seul à n'avoir renié ni ses origines ni ses idéaux. Il vit en reclus dans la montagne, on l'appelle ‘'Le Maquisard'', une force de la nature qui vit de braconnage et ne s'est pas vendue au Dieu Argent. Est-ce lui qui tire dans les montagnes, faisant planer une menace diffuse sur les lieux ? Est-ce lui qui a tué Paride ? Les carabiniers en sont certains et organisent une chasse à l'homme sur un terrain qui leur est forcément défavorable… Au milieu des balles qui sifflent et de l'inquiétude qui se propage, le commissaire Soneri tente de faire taire sa curiosité pour profiter de ses vacances. Mais un flic reste un flic en toutes circonstances. Même si un fossé s'est creusé entre l'homme de Parme et les montagnards qui l'ont pourtant vu grandir, Soneri connaît ces gens et ce pays où il a ses racines. Son propre père a travaillé pour les Rodolfi. A quelles compromissions s'est-il livré pour obtenir ce poste ?
On ne connaît du passé de ses parents que ce qu'ils ont bien voulu nous raconter et Soneri prend conscience que tout un pan de l'histoire de son père lui est inconnu. le résistant communiste s'est-il renié en pactisant avec le vieux Palmiro ? Partagé entre le besoin et la crainte de savoir, le commissaire creuse le passé pour expliquer le présent.
‘'Tu es un homme doux-amer'' dit Angela, sa compagne, au commissaire. Et c'est un peu le fil conducteur du livre, un partage entre la douceur des souvenirs d'enfance et l'amertume de la confrontation avec une réalité moins rose. Et bien sûr, Varesi met en valeur son petit coin d'Italie. Ici le Montelupo qui domine le village, jetant ses ombres sur des hommes qui l'ont parcouru pour chasser ou faire la guerre. Personnage du roman à part entière, la montagne cache bien des secrets. Elle a vu passé les résistants, les fascistes, les soldats allemands, les contrebandiers, aujourd'hui elle abrite les clandestins ou les passeurs de drogue. Elle dissimule, protège ou tue selon son bon vouloir…
Comme à son habitude, Valerio Varesi nous propose un polar d'ambiance qui vaut plus pour son atmosphère que pour son suspense. Paisible et bucolique de prime abord, l'histoire se fait de plus en plus sombre, au fur et à mesure que se dévoilent la cupidité, la méfiance, la jalousie…les bassesses des hommes.
Coup de coeur très subjectif, provoqué par un attachement à l'auteur et à son commissaire.
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Dans la famille "Polars d'atmosphères", je demande le fils surdoué... Bonne pioche avec Valerio Varesi (traduit par Sarah Amrani) ! Car Les ombres de Montelupo sitôt refermé, je reste sous le charme de ce livre attachant, intelligent et sans faux-col (comme on dit chez Lucky Luke).

Las des incessantes tracasseries administratives de sa charge dans la grande ville de Parme, le commissaire Soneri part se ressourcer quelques jours dans son village natal des Apennins, au pied du Montelupo. Un village aux doubles racines : les siennes, familiales, et celles des champignons qu'il cherche dans les brumes et brouillards d'automne de ce petit coin d'Italie. Pas de bol cette saison : il semble que seules les trompettes de la mort soient de sortie, au propre comme au figuré.

La mort, c'est celle de Paride Rodolfi, l'actuel patron de la grosse boîte de charcuteries qui fait vivre le village depuis quelques générations, retrouvé dans un ravin de la montagne abattu au fusil de chasse. Puis celle de son père, Palmiro, fondateur de l'entreprise, pendu dans sa grange. Et si le village entier semble bouleversé, chacun se tait sur le mode "Ce qui se passe - ou s'est passé - sur les pentes de Montelupo reste à Montelupo". Même Soneri, pourtant du cru, semble être devenu une sorte d'étranger à cette communauté dont il découvre qu'elle n'est plus complètement la sienne.

Au-delà de l'intrigue, Les ombres de Montelupo sont l'occasion pour Varesi d'explorer - sans jamais se perdre, comme malheureusement trop d'autres... - de nombreuses thématiques contemporaines : l'argent facile, spéculateur et corrupteur jusqu'au fin fond de l'Italie ; le poids de l'histoire et des comportements de ses ascendants pendant la période fasciste mussolinienne ; les flux migratoires clandestins qui en Italie ne passent pas que par les plages mais aussi par les montagnes ; la notion de territoire au XXIe siècle, où à l'image de Soneri dans son village, être de quelque part a t-il encore une sens ? Et puis cette sorte de nostalgie sous-jacente dans tout le livre, d'un temps où tout était plus simple, où tout était plus sain.

Mais surtout - je parlais de "polar d'atmosphère" - Varesi (comme autrefois Vargas avec Adamsberg), plonge Soneri dans les brumes et brouillards qui envahissent la superbe nature des pentes du Montelupo en cette fin d'automne. Quel bonheur de randonner avec Soneri dans cette ouate magnifiée, où passe un sanglier, affleure un bout de rivière, découvre au détour d'un sentier un aperçu de la vallée voisine, vous offre un refuge le temps d'une pause, vous relance le temps de suivre le cri d'un oiseau… ou de fuir le coup de feu soudainement entendu.

Et la bonne nouvelle enfin, c'est que Soneri est un commissaire récurrent. Donc je sais ce qu'il me reste à faire !
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Dans les ombres de Montelupo: il y a le commissaire Soneri qui, las des tracasseries de la questure de Parme décide de venir se ressourcer dans son village natal des Apennins.
Il veut faire de longues promenades en forêt, ramasser, comme il le faisait avec son père des champignons ! C'est un homme taiseux, discret qui fume le "toscano" et aime les spécialités culinaires de sa région ! Il va surtout beaucoup arpenter les collines, les vallons et en profiter pour se pencher sur son passé. Il s'installe à l'Auberge de l'Ecureuil et va renouer avec son ami d'enfance Maini, avec Volpi le garde chasse et Delrio la carabinier venu du Sud.
Sur le village, règne la famille Rodolfi : le père Palmiro et Paride le fils marié à Manuela. C'est le père qui a bâti leur fortune en collaborant avec les fascistes, les allemands, en faisant du marché noir, des trafics divers et variés et qui a récolté l'argent des habitants en leur faisant miroiter des intérêts colossaux !
Les ombres de Montelupo : c'est la peur de ces gens qui ont donné toutes leurs économies et qui apprennent la faillite de l'entreprise Rodolfi.
Ils étaient 3 à chercher à faire fortune : Palmiro, son ami Capelli des fromageries qui s'est suicidé, et Gualardzi : le Montagnard communiste et ancien membre des gardes garibaldiennes.
Le Montagnard s'est réfugié dans les montagnes pour mener une vie aride et pauvre, c'est un révolté qui n'a pas cédé aux sirènes des magouilles .
Palmiro vient d'être retrouvé pendu à une poutre, il couchait avec sa bru et son fils s'en fichait ! L'angoisse monte au village car Paride était un enfant gâté qui dilapidait la fortune familiale et, il est introuvable aussi !
Finalement, il est mort depuis plusieurs jours tué par un coup de fusil !
Les carabiniers portent leurs soupçons sur Gualardzi et vont tenter de le débusquer dans les bois de Montelupo : tirs de fusil, de révolvers, explosions, grange brûlée : les vacances de Soneri deviennent agitées d'autant qu'il ne veut pas se mêler du commandement du capitaine Bovolenta qui accumule les erreurs ! Tout le village est du coté du Montagnard et, Soneri pense aussi qu'il est innocent !
Mais qui a tué Palmiro et Paride ?
C'est un "slow" polar qui est basé surtout sur l'analyse sociologique des habitants de ces lieux brumeux, froids ! Ces gens qui ont fait confiance à des escrocs en croyant gagner plus, et le commissaire Soneri sous la plume de Valerio Varesi est un flic qui se cherche dans les ombres de son passé !
L.C polar de Juin 2021
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Roman noir, polar d'atmosphère, policier brumeux….
Amateurs de thrillers ou de serial killers, passez votre chemin ! Les enquêtes du Commissaire Soneri sont très loin de cet univers survolté et se déroulent lentement. C'est la deuxième que je lis après le fleuve des brumes et je l'ai préférée.
Notre Commissaire, cette fois, est en vacances dans son village natal dans un endroit reculé des Appenins, au pied du Montelupo. Les brumes envahissent la montagne au mois de novembre, rendant difficiles ses cueillettes de champignons. Et des coups de feu retentissent régulièrement dans ce brouillard, ce qui assombrit encore l'ambiance générale. Car le village est en émoi : des rumeurs vont bon train sur une possible faillite de l'entreprise de charcuterie Rodolfi qui fait vivre tous les habitants du coin. Palmiro Rodolfi, le père a disparu, bientôt suivi par son fils Paride. Il n'en faut pas plus pour aiguillonner la curiosité du commissaire qui s'interroge également sur son propre passé.
L'enquête se déroule doucement entre ballades en montagne, passé et présent, et introspection du héros. le Commissaire est préoccupé par les événements présents mais aussi et surtout, par une parole malheureuse qui le fait douter de l'intégrité de son père. Qui était réellement cet homme silencieux qui lui a appris à sillonner la région ? A-t-il lui aussi profité des procédés peu scrupuleux des Rodolfi ? Soneri regrette de ne pas lui avoir consacré assez de temps.
L'auteur en profite aussi pour dresser un tableau assez sombre de la communauté habitant cet endroit reculé de l'Italie entre les escroqueries des patrons de l'usine locale et la concupiscence de ceux qui leur ont confié leurs économies et qui vont finalement tout perdre…..
C'est un roman noir très mélancolique et d'une belle finesse.
Merci à Babelio et Masse critique pour cette lecture.



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"Ce village s'est abâtardi depuis que tout cet argent y circule. Les biens matériels sont devenus le centre du monde. Alors, on traite tout comme de la marchandise ou comme un moyen d'arriver à ses fins. Rappelez-vous ce que disait Platon : il faut prendre soin de son âme."

Le commissaire Soneri retourne dans son village natal, dans les Appennins, pour quelques jours de vacances à la fin de l'automne.

Il retrouve un village en émoi après la disparition de Paride Rodolfi, le fils de Palmiro Rodolfi qui fait vivre tous les habitants ou presque depuis des lustres avec son usine de charcuterie.

Puis Palmiro est englouti par le brouillard à son tour.

Le commissaire Soneri s'accroche bien un peu à son idée de ne se mêler de rien et de garder son objectif, aller aux champignons comme il le faisait enfant avec son père.
Il ne pourra pourtant pas rester totalement en dehors de l'enquête, ni insensible aux interrogations des villageois qui tantôt veulent lui parler et vident leur sac, tantôt gardent un silence obstiné qui peut laisser libre cours à toutes les interprétations.

Originaire du village, l'ayant quitté à l'adolescence, Soneri est considéré comme un des leurs ou un étranger, c'est selon, et ce déséquilibre permanent fait le charme de ce livre comme il en marque les limites.

L'intrigue policière est classique, elle prend son temps pour se mettre en place et avance à un train de sénateur jusqu'aux derniers évènements (difficile de parler de… rebondissements), mais ce n'est peut-être pas l'essentiel dans ce roman.
L'ambiance, elle, est bien restituée, de ce village confronté à une catastrophe économique qui va toucher tous les foyers et dont le mode de vie disparaît peu à peu.
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Le commissaire Soneri, déjà rencontré dans le fleuve des brumes, a besoin de repos. Il choisit de retourner dans le village de son enfance, dans les Apennins, et comme le mois de novembre est bien entamé, son occupation principale sera la cueillette des champignons ! C'est compter sans l'atmosphère du village qui est pour le moins alarmante : des coups de feu résonnent par intervalles dans les montagnes alentours, des affiches fleurissent concernant le patron de l'entreprise de salaisons locale. Ce village entre la mer et la région de Parme vit depuis des décennies pour et par la grosse usine de charcuterie devenue une multinationale prospère… Enfin, en théorie. le fils, Paride Rodolfi, a disparu depuis quelques jours, soit-disant pour aller chercher une cagnotte gardée à l'étranger. Les créanciers, les banques, attendent son retour avec impatience. le suicide du patriarche de la famille les rend encore plus inquiets et pressés de revoir leur argent.

J'ai lu récemment que ce roman était inspiré par l'affaire Parmalat, énorme scandale financier en Italie au début des années 2000. Toutefois, pas d'inquiétude, le but de l'auteur n'est pas de démonter les mécanismes financiers ou de les expliquer en détail, mais plutôt d'étudier l'emprise d'une grosse société sur un village qui n'a pratiquement pas d'autre source d'emploi. On travaille pour la société Rodolfi ou on quitte le village pour la ville, et ce, depuis des années. le commissaire Soneri, qui n'a pas l'intention de mener une enquête, s'y trouve toutefois plus ou moins impliqué puisque son propre père a travaillé pour l'entreprise de salaisons. Et puis, lorsqu'on trouve un corps dans les bois en cherchant des champignons, comment ne pas se sentir concerné ?
Pour aimer ce roman, il faut aimer les romans policiers qui prennent leur temps, qui n'hésitent pas à décrire des sentiers de montagne noyés dans le brouillard ou des massifs montagneux au petit matin, autant qu'à retranscrire des conversations autour d'un bon plat de sanglier accompagné de polenta ! Puisque l'enquête, à partir du moment où il y en a une, est officiellement confiée aux gendarmes, c'est d'ailleurs en se promenant dans les bois et en conversant ici ou là, que le commissaire réfléchit à la situation. Toutefois cette relative lenteur va déboucher sur une conclusion beaucoup plus mouvementée…

Comme dans le fleuve des brumes, j'ai été embarquée par l'atmosphère, et ai lu avec grand plaisir ce polar qui permet de découvrir une région d'Italie sous un angle particulièrement riche et intéressant. Il me restera à lire La pension de la via Saffi, paru entre temps.

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J'ai lu les trois tomes qui mettent en scène le commissaire Soneri, cependant je commence par chroniquer le troisième tome, le dernier lu en date.
Je suis charmée par cet enquêteur que je qualifierai "d'à l'ancienne". Oui, il y a des meurtres. Oui, ils sont parfois violents, sanglants, parce qu'un assassinat n'est pas un acte anodin. Oui, les détails sont parfois sordides, parce qu'un cadavre et ses blessures sont tout sauf ragoutant et qu'il faut montrer cette réalité de la mort. Mais, l'auteur ne perd pas son temps en se complaisant par le récit circonstancié et détaillé des meurtres, il nous épargne de longues scènes d'autopsie, qui n'apportent rien à l'identification des causes de la mort (une ligne ou deux suffisent, ne l'oublions pas). Soneri agit comme il l'entend, dit ce qu'il pense, poliment, posément, lucide à la fois sur lui-même et sur les autres.
Ces vacances, pour lui, c'était un retour aux sources, dans un village où il a grandi avant que sa famille ne parte pour la ville, pour que sa mère reçoive des soins appropriés. Il est accueilli non pas comme un enfant du pays, mais comme un étranger, un policier étranger à qui l'on ose pas se confier, à qui l'on ne dit surtout pas ce qui se passe. Lui qui n'aspirait qu'au repos et à la cueillette des champignons, il se voit plonger dans une affaire qu'il n'avait pas du tout envie de connaître. Chaque étape de ce récit est un adieu à une partie de son enfance, esquissant une rupture définitive avec son passé. En contrepoint, la voix d'Angela, la femme qu'il aime et désire, qui se montre lucide sur ce qu'il lui dit, sur ce qui se passe aussi.
Le passé... Il est bien présent dans cette enquête, il est, comme souvent, cause de bien des choses : avec le commissaire, nous retournons aux années de guerre, et d'après guerre, à ses clans, ses rivalités, qui ne se sont pas effacés avec le temps et dont les résonances continuent encore. Ils étaient trois, à l'époque. Deux ont choisi l'argent. le troisième, surnommé le Maquisard, est le seul à avoir mené une vie sans chercher à posséder - et les scènes où il apparaît semblent autant de baroud d'honneur face au destin.
A l'époque de la mondialisation, on oublie comme un village peut parfois être dépendant d'une seule et unique famille, celle qui, créatrice et propriétaire de l'usine locale, donne du travail à tout le monde ou presque. le seul choix pour garder un peu d'indépendance est de partir - ce que font certains jeunes, ce qu'a fait, en son temps, le père du commissaire.
Il ne s'agit pas tant de montrer les magouilles des industriels, des banques et autres financiers, mais leur impact sur la vie de ces êtres ordinaires, de ce qui se sont crus plus forts, ou qui ont voulu tirer un bénéfice substantiel.
Une enquête qui prend son temps, qui prend le temps d'être racontée. Cela fait du bien.
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Après avoir arpenté les rives du Pô dans le Fleuve Des Brumes, s'être égaré dans les rues de Parme au détour de la Pension de la Via Saffi, nous retrouvons le commissaire Soneri pour la troisième fois dans une intrigue plus intimiste puisqu'elle prend pour cadre le village natal de cet enquêteur emblématique du roman policier italien. Avec Les Ombres de Montelupo ce sont les réminiscences d'un père trop tôt disparu qui planent sur cette vallée perdue des Apennins où la brume s'invite une nouvelle fois pour diffuser cette atmosphère mélancolique enveloppant l'oeuvre remarquable de Valerio Varesi.

Désireux de s'éloigner des tumultes de la ville de Parme, le commissaire Soneri s'octroie quelques jours de vacances bien méritées pour se ressourcer dans son village natal au gré de longues promenades sur les sentiers escarpés de Montelupo, en quête de quelques champignons qui accommoderont les petits plats mitonnés que lui préparent l'aubergiste de la pension où il séjourne. Mais la quiétude sera de courte durée. Les rumeurs bruissent dans le village. On évoque une éventuelle faillite de l'usine de charcuterie Rodolfi, unique source de revenu des habitants. Rumeurs d'autant plus inquiétantes que les Rodolfi père et fils disparaissent dans d'étranges circonstances qui suscitent l'émoi de toute une communauté. On parle d'emprunts frauduleux, d'escroqueries et d'économies de toute une vie parties en fumée. Et les détonations résonnant dans les châtaigneraies des environs ne font qu'amplifier la tension qui règne dans la bourgade, car à Montelupo les comptes se règlent parfois à coup de fusil de chasse.

Élément récurrent de la série mettant en scène les enquêtes du commissaire Soneri, l'évocation des partisans luttant contre les factions fascistes devient l'enjeu sous-jacent de cette nouvelle enquête où les souvenirs résonnent comme un écho sur les flancs de cette région montagneuse nimbée de brumes et de troubles compromissions. Bien plus que le devenir de Palmiro et de son fils Paride, deux entrepreneurs peu scrupuleux, il importe pour le commissaire Soneri de découvrir si son père s'est compromis avec le patriarche qui a fait prospérer la région avant que l'entreprise ne périclite en entraînant tout le village dans le chaos des désillusions desquelles émergeront tout un cortège de représailles. Une enquête qu'il mène presque contre son gré, sur les chemins sinueux de ces contrées boisées où les rencontres et les événements se succèdent dans les contreforts abrupts de cet environnement sauvage que parcourent braconniers et contrebandiers en tout genre.

Gestions déloyales, investissements hasardeux, même dans cette région reculée de l'Italie, les désillusions financières toucheront l'ensemble d'une communauté secouée par la brutalité des conséquences d'une entreprise en faillite. On décèle, notamment au travers de Sante, l'aubergiste grugé, tout le désarroi mais également toute la concupiscence de villageois appâtés par les gains faciles découvrant la tragique réalité de prêts téméraires qu'ils ont octroyé sans aucune garantie. Emprunt d'une certaine forme de mélancolie, il émane du récit tout un climat de suspicion qui pèse sur l'ensemble des villageois au gré d'une enquête qui trouvera son aboutissement dans une traque absurde ne faisant qu'exacerber ce sentiment d'injustice et de désillusion planant sur un monde qui semble désormais révolu et qu'incarne le Maquisard, personnage emblématique du récit, qui va à la rencontre de son destin en fuyant les carabiniers qui le pourchassent. Sauvage, encore épris de liberté, le vieil homme parcourant les bois au crépuscule de sa vie, incarne le souvenir de cette figure paternelle dont Soneri tente de faire rejaillir quelques bribes au détour de ces paysages embrumés dans lesquels il puise une certaine forme de vérité. Mais bien plus que la brume, c'est cette neige ultime qui va recouvrir, tel un linceul, l'ensemble d'un passé amer dont il va pouvoir se détacher pour toujours.

Avec Les Ombres de Montelupo, Valerio Varesi décline dans l'équilibre d'un texte somptueux, où la nostalgie d'une époque révolue côtoie ce présent âpre et inquiétant, tout le savoir-faire d'un auteur accompli, capable de conjuguer émotions et tensions narratives émergeant des flancs boisés de ces montagnes embrumées qui distillent un puissant parfum, mélange de liberté et d'humanité.



Valerio Varesi : Les Ombres de Montelupo (Le Ombre di Montelupo) Editions Agullo/Noir 2018. Traduit de l'italien par Sarah Amrani.

A lire en écoutant : Après un rêve de Gabriel Fauré. Album : Fauré Requiem. Jules Esckin, Boston Symphony Orchestra & Seiji Ozawa. 2003 Deutsche Grammophon GmbH, Berlin.

Lien : http://monromannoiretbienser..
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« Dans le brouillard, on peut tout faire, il permet tout. » Cela sonne comme une évidence et même comme un lieu commun. Pourtant, dans Les Ombres de Montelupo, Valerio Varesi donne à ce brouillard une rare épaisseur qui lui permet de dépasser le cliché.
Le Montelupo dans sa gangue de brume surplombe le village natal du commissaire Soneri venu ici prendre quelques vacances pour ramasser des champignons et, aussi, pour tenter de renouer par procuration avec son enfance et par là même avec son père disparu et avec la communauté villageoise à laquelle il se sent ou devrait se sentir appartenir.
S'il n'est pas à proprement parler en effervescence, c'est en tout cas un village agité que trouve Soneri. En effet, Paride Rodolfi, héritier de la charcuterie industrielle qui fait vivre le village n'a pas disparu. C'est en tout cas ce que disent des affiches placardées dans les rues. Et si on l'affirme avec tant de force, c'est sans doute que quelque chose a dû se passer. Puis, c'est au tour de Palmiro, le patriarche Rodolfi, de s'évaporer. Et, dans les brumes du Montelupo qui surplombe cette vallée alpine, des coups de feu intempestifs ne cessent de résonner… Bien décidé à rester en dehors de tout ça et à trouver des cèpes, Soneri ne pourra cependant pas échapper à ce qui semble se tramer ici. D'autant plus que son père a eu des liens avec Rodolfi et avec le Maquisard qui hante la montagne et apparaît vite comme le premier suspect en lien avec les disparitions.
Comme dans La pension de la via Saffi, Valerio Varesi mêle ici le passé de son héros aux événements qui viennent perturber le fonctionnement qu'il imaginait immuable d'un lieu auquel sa propre histoire est étroitement liée. Et, toujours comme dans ses romans précédents, son histoire personnelle s'entremêle à l'histoire italienne contemporaine et aux lignes de fractures qui en sont issues et traversent la société. Pour autant, les romans de Varesi ne sont jamais totalement tournés vers le passé et la présence – souvent fantomatique – des étrangers qui traversent la clandestinement la montagne ouvrant la porte à tous les fantasmes n'est pas ici sans rappeler celle des commerçants arabes de la via Saffi ; comme eux, ils permettent d'évoquer sans lourde insistance le tableau d'une Italie et, plus largement, d'une Europe où les préjugés ont la vie dure et où, si la sensation d'insécurité peut venir de ce que l'on ne connaît pas, c'est ici de ceux que l'on connaît ou que l'on croit connaitre bien que vient le problème. Car ce sont bien les Rodolfi qui, par leur emprise sur le village, imposent cette chape de plomb à laquelle font écho les brouillards automnaux qui descendent du Montelupo
Porté par la mélancolie d'un Soneri partagé entre la recherche des sensations de l'enfance, du souvenir de son père et la prise de conscience du fait qu'il ne fait plus partie de la communauté qu'il pensait être la sienne, Les Ombres de Montelupo, comme les précédents romans publiés en France de Valerio Varesi, est un livre extrêmement fin qui jouent autant sur les ambiances et les sensations que sur une intrigue à tiroirs qui prend peu à peu toute sa cohérence pour proposer in fine une réflexion intelligente sur le poids du passé et des mythes que l'on a pu construire, la difficulté parfois à appréhender l'avenir et la crainte de ce qui est différent qui fait parfois oublier que souvent, le ver est dans le fruit et pas ailleurs.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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