Toi aussi, comme moi, tu ne fais que transformer la panique en existence, il dit ensuite.
D'après moi, elle a compris qu'une certaine italianité est ainsi faite et que cela vaut la peine de l'interpréter. Une République fondée sur la réprimande. La voix qui enfle, la laborieuse élaboration du rugissement : puis celle-ci jaillit, on souffle dessus et on s’aperçoit que c'était juste de l'écume.
La violence n'est pas dangereuse, il affirme. Elle n'est pas dangereuse et n'a rien à voir avec le mal. Même si ça semble paradoxal, la violence n'est pas violente. Elle ne devient violente que si on l'emploie mal.
Quel âge avons-nous à présent, je me demande en observant la petite tache claire qui brille sur le dos de sa main, et où sommes-nous ? Qu'est devenu le temps profond que j'avais imaginé, le temps souple, liquide, le temps matériel qui m'aurait désaltéré ? Pourquoi y a-t-il en lieu et place les mots, des milliers de phrases, ce massacre méthodique d'insectes ? Pourquoi le langage luit-il encore, alors que je voudrais seulement pénétrer le silence, ton silence, et pleurer, cesser d'en éprouver uniquement le besoin et pleurer ?
Nous l'avons déjà trouvé notre reine... Pour elle, nous sommes devenus serviteurs, renonçant à nos identités et à nos velléités de choix. Aucune abeille ne choisit de faire ce qu'elle fait, aucune abeille ne peut se dérober ou déserter : l'abeille est donc le militant parfait.
Le mot lutte contient le sexe, la colère et le rêve. Alors, impudiques, on essaie de le prononcer à mi-voix et on tente de le relier à une action. Mais, à ce stade, l'opacité retombe, le flou qui sépare l'objectif de sa réalisation... Ce que les Brigades Rouges ont compris, il explique tout bas, c'est que le rêve doit être lié à la discipline, il doit devenir dur et géométrique, se projeter vers l'idéologie.