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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Un petit pas (épisodes 11 à 17). Il contient les épisodes 18 à 23, initialement parus en 2004, avec un scénario de Brian K. Vaughan, des dessins de Pia Guerra (épisodes 18 à 20), de Goran Parlov (épisodes 21 à 23), tous encrés par José Marzán, avec une mise en couleurs de Pamela Rambo. Les couvertures sont réalisées par JG Jones (épisodes 18 à 20), Araon Wiesenfeld (épisodes 21 & 22) et Massimo Carnevale (épisode 23).

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Épisodes 18 à 20 - Yorick se souvient d'une visite à la maison de retraite pour voir son grand père, 15 ans plus tôt, avec son père et sa soeur. de retour dans le temps présent, l'agent 355, le docteur Allison Mann, Yorick Brown et Ampersand se déplacent en quad dans les grandes plaines du Colorado. Ils ont été pris en chasse par 3 femmes armées de carabine, à cheval. Elles les ont prises pour des amazones. Une fois cette situation réglée, 355 décide de laisser Yorick au bon soin de 711, une ancienne agent du Culper Ring, pendant que Mann et elle emmènent Ampersand pour qu'il soit soigné dans un dispensaire.

Le moins que l'on puisse dire est que Vaughan s'aventure dans des territoires totalement inattendus dans la première partie. Sous des dehors très surprenants, il se lance dans un profil psychologique de Yorick exposant des traumatismes par une méthode sortant de l'ordinaire. le procédé retenu semble avoir été choisi uniquement dans le but de choquer. le décalage avec le reste de la série est tellement important que le lecteur est en droit de s'interroger sur ce qui apparaît surtout comme une maladresse de forme. Sur le fond, il s'agit d'un aspect très pertinent du parcours de Yorick qui éclaire plusieurs facettes fascinantes de sa personnalité.

Si les dialogues restent prépondérants, cette forme déconcertante atteste aussi de la volonté de Vaughan de donner une apparence plus visuelle aux tribulations de la petite équipe. Cela commence dès la deuxième scène qui fleure bon le western à la Bonanza. Pia Guerra se révèle plus crédible que d'habitude dans cette scène trouvant le point d'équilibre parfait entre course-poursuite premier degré, et évocation respectueuse du cowboy des prairies verdoyantes ou boisées. Elle dessine une maison très accueillante pour le foyer de l'ex-agent 711, sans tomber dans le décalque d'un magazine de décoration d'intérieur. Pour la suite, elle n'a d'autre choix que celui d'exécuter les visuels imposés par le scénario, aussi improbables soient-ils. Cela ne l'empêche de réaliser des mises en scènes évitant les clichés malgré l'imagerie appuyée de Vaughan (le rite détourné du baptême), ou des images capturant l'horreur de la situation (la pleine page dans laquelle Yorick découvre sa cage d'escalier après l'épidémie).

Brian K. Vaughan poursuit sa narration avec les mêmes caractéristiques : un humour qui fait mouche (la discussion à base de nombres sur les membres du Culper Ring, 1033, 241, 853) et de références culturelles pointues, du Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes au personne d'Homer Simpson tel qu'il apparaît dans l'oeuvre de Nathaniel West.

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Épisodes 21 à 23 - L'agent 355, le docteur Allison Mann, Yorick Brown et Ampersand poursuivent leur périple à pied sur l'autoroute Interstate 40, traversant l'Arizona. Ils s'arrêtent dans un garage tenu par une jeune mécanicienne se faisant appeler PJ. Elle leur apprend que la route est coupée par un barrage installé et défendu par une milice appelée "les fils de l'Arizona", composée de 8 femmes armées jusqu'aux dents, avec des convictions politiques très affirmées à droite.

L'histoire reprend une trame plus classique pour cette deuxième partie, avec ce groupe de femmes persuadées que la mort des mâles découle d'un sombre complot, et avec la mise en danger des protagonistes sous la menace d'armes à feu. Avec ces épisodes, le lecteur commence à percevoir l'effet cumulé de la narration, et il prend conscience de l'évolution des personnages (Yorick, 355 et Allison). Vaughan a construit ses personnages petite touche par petite touche, un bout de dialogue par ci, une réaction anodine par là. D'un coté, il est possible de ressentir un effet sitcom devant ces échanges de propos chargés d'émotion. de l'autre les personnages sont déjà suffisamment étoffés pour éviter le ridicule de déclarations et de révélations, en pleine tourmente émotionnelle.

Cette histoire est l'occasion pour un autre dessinateur de donner du temps pour souffler à Pia Guerra : Goran Parlov qui a travaillé à plusieurs reprises avec Garth Ennis pour des récits très violents et très âpres (par exemple Punisher MAX ou Fury MAX). Eh bien non ! En surface, les images gardent cette apparence propre sur elles, un peu fades. Il y a fort à parier que cela est imputable à l'encrage de José Marzán qui instaure une cohérence visuelle entre les 2 dessinateurs. La mise en page est peut-être un peu plus vive que celle de Guerra, mais les visages restent toujours aussi épurés.

Avec cette histoire, Vaughan s'éloigne un peu de la thématique principale de la série (le clivage homme / femme dans la société) pour pencher du coté de la sitcom et du film d'aventure (sans aller jusqu'à Mad Max quand même).

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Ce tome comprend 2 parties bien distinctes : la première dont le ressort dramatique déconcerte fortement, et qui doit sa plausibilité aux dessins de Guerra, la deuxième plus habituelle dans le cadre de la série qui perd un peu en réflexion au profit des émotions des personnages. Les pérégrinations se poursuivent dans Alliance contre nature (épisodes 24 à 31).
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