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Critique de LydiaB


Si je vous dis "Chouan" ? Que me répondez-vous ? Balzac ? Mouais... Allez, vous avez le droit de rejouer... Michelot Moulin, ça vous parle ? Non ? Eh bien je vous rassure, je ne le connaissais pas non plus ! Il faut dire que la Révolution Française n'étant pas ma période de prédilection, je ne connais que ce que l'on m'a appris à l'école. Ceci dit, ce que j'apprécie avec les publications de cet éditeur, c'est qu'on en apprend énormément avec les Mémoires ou les correspondances de certains personnages ayant participé activement à cette période (cf. Gaston de Lévis).

Qu'est-ce qu'un chouan ? Pour la petite histoire et pour faire simple, il s'agit d'un insurgé royaliste. Personnellement, j'ai toujours confondu Chouans et Vendéens... et c'est maintenant que je m'en rends compte !!! Quelle est la différence ? Les Chouans se trouvaient au nord de la Loire, les Vendéens, au sud. Et si, souvent, comme le fait remarquer l'Historien Stéphane Vautier, ils sont pris pour des trublions, on peut se rendre compte, à la lecture des Mémoires de Michelot Moulin qu'il n'en est rien et que ces hommes avaient foi en ce qu'ils faisaient. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque. On ne peut pas dire que l'après-Révolution ait été une période tranquille. La République ne s'est pas établie dans un contexte pacifique. Il n'y a qu'à voir ce qui a suivi la mort de Louis XVI pour s'en convaincre. On ne peut pas dire que Robespierre, surnommé « L'Incorruptible », et ses copains aient été des plus amicaux. Essayer de fonder une soi-disant République (ou quelque chose qui pourrait y ressembler) sur la Terreur, voici qui n'est pas bien démocrate. On voit bien, ainsi, qu'en ces temps troublés, chacun défendait ses idées. Michelot venait d'une famille soutenant les royalistes. D'ailleurs, ses parents n'hésiteront pas à se sacrifier pour leurs convictions : " Mon père et ma mère furent arrêtés tous deux et conduits en prison à Domfront. Ils me firent dire par tous ceux qui allaient les voir que la plus grande peine que je pourrais leur faire serait de me présenter et de partir au service de la république pour les faire mettre en liberté." Son père mourra dans une prison, d'une infection. Comment Michelot aurait-il pu arrêter, dès lors, son combat ?

Les Républicains n'étaient pas des enfants de choeur, contrairement à ce que l'on pourrait croire : "A cette époque, toutes les petites villes et les bourgades devinrent autant de petites forteresses. Toutes les issues en étaient fermées ; des palissades et des meurtrières en défendaient l'entrée. Toutes les maisons extérieures de ces petites places de guerre étaient crénelées et percées çà et là pour tirer sur les Chouans, lorsqu'il leur prendrait fantaisie d'attaquer ces places. Tous les Patauts qui avaient poursuivi les réquisitionnaires avec acharnement, ou qui avaient pillé leurs propriétés et celles de leurs parents, se réfugièrent dans ces villes et bourgades pour y être plus en sûreté. Ce n'était plus le temps de poursuivre à outrance les victimes, de violer leur domicile, de dévaster leurs propriétés, comme ils l'avaient fait pendant toute l'année 1794 ; car alors il n'était pas rare de voir des voisins républicains à la porte de leurs voisins royalistes et fugitifs, avec une charrette pour enlever tous leurs meubles et se les approprier, ou de les voir moissonner dans le champ d'autrui. Jadis de pareilles actions se seraient appelées vols, rapines et brigandages ; mais la sainte liberté consacrait tout ce qui avait les apparences les plus odieuses." Je crois que ce passage parle de lui-même. Je me dis que les Hommes n'ont, une fois de plus, rien appris du passé, et ces actions m'en rappellent d'autres, aux heures les plus sombres de notre histoire.

Lire Michelot Moulin, c'est aussi s'interroger. Finalement, sur quoi la République s'est-elle bâtie ? du sang, des larmes... et ceux qui nous paraissaient être des héros deviennent brutalement des êtres sanguinaires, avides non pas de liberté - elle n'est qu'un prétexte - mais de richesses. Heureusement que quelques années plus tard, cette République trouvera ses marques dans un contexte plus apaisé.

Ces mémoires sont un riche témoignage d'un passé finalement mal connu. L'écriture en est simple, presque moderne. C'est justement grâce à ces récits que l'on peut encore réagir et se dire que finalement, L Histoire n'est pas quelque chose d'immuable : il y a toujours quelque chose à apprendre, des théories et des témoignages pour la faire avancer.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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