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Critique de Alfaric


Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d'éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l'hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C'est dans cette optique que les éditions Delcourt ont été les premiers a dégainé avec leur collection "Sept" dirigée par le vieux routard David Chauvel...


La série "Sept" explore toutes les palettes qui vont de l'epicness to the max des "Sept Samouraïs" au grimdark des "Douze Salopards", mais bien qu'elle soit née de l'idée de s'inspirer du premier ce tome inaugural fait carrément figure de remake complètement déjanté du deuxième... le colonel Thompson du SOE est un patriote mais il est brimé à répétition par ses supérieurs qui se moquent de ses passages au sanatorium pour soigner ses dépression successives, et il maudit la terre entière après une nouvelle humiliation et un nouveau bombardement quand il tombe sur la lettre d'un aliéné qui lui propose de réussir là où tout le monde a échouer  : gagner la guerre en assassinant Adolf Hitler, en utilisant des fous comme assassins puisque seules les méthodes non conventionnelles peuvent fonctionner là où les méthodes conventionnelles ne fonctionnent plus...
La phase de recrutement est assez longue mais permet de faire connaissance avec les membres du commando :
- Joshua Goldschmidt, un sosie d'Einstein à cheveux long en plein délire de persécution ^^
- Erik Starken, un ancien officier de haut rang persuadé d'être connecté à Adolf Hitler (sans doute à juste titre ^^)
- Susan, tireuse d'élite victime de crises d'angoisse depuis sa maternité
- Willy Writght, escroc et comédien, transformiste et mythomane
- Stewart, un loup en chasse se faisant passer pour une brebis égarée
- James Smith, fonctionnaire zélé et monstre de logique
- l'homme sans nom, un berserker autiste qui n'attend que de plonger à nouveau au coeur de la folie des causes perdues... (et un vétéran aussi baraqué que défiguré qui n'est pas sans rappeler le "Maniac Cop" de Larry Cohen et William Lustig ^^)
Nous sommes dans un récit à twists, donc sans trop spoiler disons que tout part en cacahuètes dès le départ, mais que chacun parvient quand même à remplir sa mission. Oui c'est antinomique, mais la vérité nous est révélée quand Joshua Goldschmidt découvre les secrets de son équivalent nazi qui dirigent les sections Nostradamus et Doppelgänger... Et le dénouement est à la fois tragique et ironique !
C'est dommage que Fabien Vehlmann utilisent deux personnages comme deus ex machina, et c'est un défaut récurrent de la série car plusieurs auteurs n'hésitent pas à se bazarder un ou plusieurs personnages pour que le récit tiennent en 60 pages... En fait chaque personnage aurait pu être développé sur un tome entier, et le stand alone aurait pu devenir une série en bonnes et dues formes car entre le télépathe qui s'ignore, le sociopathe cynique, le sociopathe naïf, le chasseur de nazi juif qui n'est pas juif, le sosie maudit, le champion du chaos, et la strong independant woman qui triomphe de la Peur il y avait de quoi faire... Mieux, le personnage du vieux chasseur bavarois arrive à lui tout seul à envoyer aux orties tous les préjugés du manichéisme !!!

Graphiquement le travail de Sean Phillips respire la tradition comics, qui faute de connaissances suffisantes en la matière je comparerais à ce que faisaient naguère Jae Lee et Tim Sale, mais c'est quand même un peu tiré vers le bas par un encrage et une colorisation un peu basique malgré 2 ou 3 planches plutôt réussies... Mais beaucoup d'autres tomes de série sont beaucoup plus réussi à ce niveau là (et à d'autres aussi)...

On est dans la série B totalement décomplexée certes, et cette BD aurait pu être le synopsis d'"Inglorious Basterds" s'il avait été écrit par Quentin Tarantino à l'époque de "Reservoir Dogs", mais elle n'est pas si bourrine que cela :
Qui sont les plus fous ? Adolf Hitler, vegan, artiste et suprématiste, les 7 cinglés envoyés pour le tuer, la hiérarchie des Alliés qui les renie comme ce haut gradé qui prend sur son temps libre pour casser du subordonné, ou les caciques du nazisme prêts à tout et au reste pour que continue le grand barnum qui leur donne tous les droits donc tous les pouvoirs ?
Qui sont les plus dangereux ? Ceux qui sont au pouvoir, ceux qui les ont mis au pouvoir, ou ceux qui veulent récupérer tout ou partie de leur pouvoir et s'y accrocher contre vents et marées ???
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