Voilà, les hommes du Sonderkommando étaient aussi forcés de faire ce genre de choses. On ne peut pas le nier, dire que ça n'a pas existé ou que ce n'est pas vrai. Pourtant, dans ce cas, je reconnais que je me sens un peu complice, même si je ne les ai pas tués. On n'avait pas le choix, pas d'autre possibilité dans cet enfer ! Si j'avais refusé de le faire, l'Allemand m'aurait sauté dessus et m'aurait tué immédiatement, pour faire un exemple.
Birkenau était un véritable enfer, personne ne peut comprendre ni entrer dans la logique de ce camp. C'est pour cela que je veux raconter, raconter tant que je le pourrai, mais en me fiant uniquement à mes souvenirs, à ce que je suis certain d'avoir vu et rien de plus.
En voyant le corps brûler, j'ai pensé que les morts avaient peut-être plus de chance que les vivants. Ils n'étaient plus obligés de subir cet enfer sur terre, de voir la cruauté des hommes.
" Ou sont ma mère et mes soeurs ? " . Il ne m'a pas répondu et s'est contenté de me prendre par le bras pour m'amener jusqu'à la fenêtre . Là , il m'a montré du doigt la cheminée du Crématoire . J'ai regardé , incrédule , ce qu'il me montrait et j'ai compris qu'il me disait en yiddish : " Tous ceux qui ne sont pas venus avec nous sont déjà en train de se libérer de cet endroit . "
(Dans la préface de Simone Veil)
Chaque jour il aurait préféré mourir, et pourtant chaque jour il luttait pour survivre.
Moi, je crois que c’est justement pour cette raison, parce que c’est à tel point inimaginable, que ceux qui peuvent raconter doivent le faire.
Birkenau était un véritable enfer, personne ne peut comprendre ni entrer dans la logique de ce camp. C’est pour cela que je veux raconter, raconter tant que je le pourrai, mais en fiant uniquement à mes souvenirs, à ce que je suis certain d’avoir vu et rien d’autre.
La solidarité n’existait que quand on avait assez pour soi ; autrement pour survivre, il fallait être égoïste. Pour ceux qui n’avaient pas assez à manger, la solidarité devenait impossible. Alors même quand il fallait prendre à quelqu’un pour survivre soi-même, beaucoup le faisait.
On ne sort jamais vraiment du crématoire
Seuls les hommes du Krematorium III, dont la participation à la révolte a été immédiatement bloquée par le Kapo Lemke et les gardes allemands, sont restés en vie. Shlomo Venezia faisait partie de ces hommes-là.