J'ai toujours voulu en apprendre plus sur les
Sonderkommando, ces juifs qui étaient assignés aux travaux dans les crématoires, comme aider les prisonniers à se déshabiller avant d'entrer dans les douches, retirer les corps après que le Zyklon B ait fait son travail, ou même "enfourner" les corps dans les fours...
Évidemment, il ne sert à rien de dire à quel point ce livre est dur, à quel point il est sale et emmène le lecteur jusqu'au dégoût. Pas du dégoût pour le travail que ces juifs ont dû faire de force, mais pour ceux qui les ont poussé à faire ça.
Avec ce livre, on découvre une nouvelle image des camps, celle des
Sonderkommando qui sont tantôt vus comme des "privilégiés" (ils ont plus de nourriture par exemple) tantôt comme des complices du régime nazi.
L'idée d'entrer en quelque sorte dans les bas-fonds par le biais de cet entretien de
Shlomo Venezia donne au lecteur la possibilité d'apprendre plus de choses, des éléments dont on ne parle jamais comme par exemple la situation de la Grèce lors de son annexion. D'ailleurs, les quelques pages à la fin du livre donne plus de détails historiques et permettent de comprendre un peu mieux comment les choses se sont passées lorsque Mussolini était allié à Hitler et comment elles se sont passées lorsque les deux dictateurs sont devenus ennemis.
Shlomo Venezia, juif grec, nous raconte sa vie avant sa déportation, puis sa déportation avec sa famille, qui a été entièrement décimée à l'exception de sa soeur aînée, et de son frère qui était avec lui dans les Sondekommando.
C'est un récit vraiment horrible, je n'ai pas d'autres mots. Certains passages m'ont retourné l'estomac, ils m'ont écoeuré, dégouté plus que pour ma lecture de
Primo Levi ou même
Charlotte Delbo. Je pense à ce passage où le rescapé confie qu'il a dû aider son oncle à se déshabiller pour l'envoyer à la mort, qu'il lui a donné un petit quelque chose à manger parce qu'il savait que c'était la fin pour lui et qu'il voulait le tranquilliser. Il explique que ses "coéquipiers" se sont occupés du reste (le sortir de la chambre à gaz, le mener au four, le mettre dedans...). Ce passage est sans doute celui qui m'a le plus marqué. Je ne saurais dire pourquoi parce que franchement, je ne suis pas certaine qu'il soit le pire de tous.
Aujourd'hui, mon avis est comme celui d'hier, les membres du
Sonderkommando n'auraient jamais fait ce travail de leur propre volonté, de gaieté de coeur, Shlomo a fait une erreur, celle de se proposer pour un travail sans savoir en quoi il consistait et ce, pour un peu plus de nourriture que les autres. Qui peut bien vouloir faire ça de son propre chef franchement ? La révolte est la preuve que ces hommes ne voulaient pas faire ça, qu'il voulait mettre fin à toute cette horreur en faisant exploser les crématoires. Alors oui, la révolte a été rapidement étouffée, mais elle a bien eu lieu.
Mon avis en intégralité :
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