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Critique de motspourmots


Ils ne sont pas si nombreux les écrivains qui excellent dans les textes courts, voire très courts. Il y a quelques années j'ai découvert Lydia Davis, experte dans le genre et dont j'avais pu admirer toute la dextérité dans le recueil Ce qu'elle savait qui contient quelques textes saisissants. Avec Etienne Verhasselt, je me suis littéralement régalée. Ses textes d'une ou deux pages en moyenne se dégustent, son univers entre poésie et absurde offre un décalage salutaire. C'est un recueil que l'on a plaisir à conserver à portée de main pour picorer un texte le temps de quelques minutes, entre deux rendez-vous ou lors d'une pause café en terrasse.

Sous leur apparence aérienne, ces textes n'ont rien de léger ou de facile. L'auteur bouleverse simplement l'ordre établi, change l'angle de vue et éclaire d'une lumière rasante un petit travers humain ou un gros dérèglement du monde. Chez Etienne Verhasselt, un homme peut se lier d'amitié avec un insecte, les objets révèlent leurs âmes, la question du genre n'est pas forcément centrée sur le sexe... D'une plume précise et inspirée, il donne vie à un balcon, à un plafond ou à un téléviseur lassé de contempler chaque jour le rituel immuable d'une famille sans grande conversation. Avec ses décalages, il interroge notre rapport à l'autre. D'un trait de poésie, il bouscule joliment les idées reçues. Et puisqu'il ne se refuse rien, pourquoi ne pas oser les jeux de mots et nous raconter les vies Ô combien étonnantes de René Desessendre ou du Prince Kedal ?

Mine de rien, il aborde de nombreux thèmes d'actualité avec une finesse bien plus efficace que nombre de discours argumentés. La solitude, le voisinage, le renoncement, l'étranger, la cohabitation, le bavardage, les règles dont on s'affranchit... ou pas, sous la plume de Stéphane Verhasselt, tout change de dimension sans se départir d'une belle élégance, y compris lorsqu'il décide de jouer avec les mots.

J'ai beaucoup aimé me laisser surprendre par cet univers qui emprunte au merveilleux pour mieux dessiner le réel et je n'ai pas envie de ranger ce livre dans ma bibliothèque mais plutôt de le laisser sur ma table de nuit, pour prendre une petite dose de poésie, d'humour et de finesse de temps en temps. Et puis sa couverture est si jolie que ce serait dommage de la cacher...

Allez, un petit échantillon...

"A partir de ce moment, le moustique ne me quitta plus dans l'appartement et, pour tout dire, nous devînmes les meilleurs amis du monde. Lorsque je vaquais ou que je travaillais dans mon bureau, il voletait ça et là, à proximité. le bruissement de ses ailes dans mon voisinage m'était devenu familier et je trouvais à ce petit récital aérien une vertu apaisante. L'une de nos passions communes était la lecture, car je m'aperçus bien vite que mon cousin savait lire. Nous passions des heures entières dans le salon, ou au lit, passionnés par les nouvelles de Dino Buzzati : combien de fois avons-nous lu et relu "Un animal stupéfiant" ou "Le papillon", un présage que nous étions bien incapables de déchiffrer ! Nous riions ensemble, nous étions émus ensemble..." (in Un hôte hors du commun)

... et vous courez vous le procurer pour savoir comment se termine cette belle amitié.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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