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Critique de JacobBenayoune


En effet, le fameux poème tant chanté et étudié de Verlaine « Il pleure dans mon coeur » se trouve dans ce recueil central de l'oeuvre de ce poète maudit ; petit recueil d'une vingtaine de poèmes.

Divisé en quatre parties distinctes, le recueil constitue un tournant dans la poésie verlainienne puisqu'il est une rupture avec les Parnassiens. Ainsi, la touche du poète apparait plus claire par le choix de l'impair et du rejet qui contraste avec la linéarité fade des scènes décrites. Verlaine essaie de saisir des images fuyantes et des paysages insaisissables. Il ne garde que des traces dans un jour trouble :

Je devine, à travers un murmure,
Le contour subtil des voix anciennes
Et dans les lueurs musiciennes,
Amour pâle, une aurore future !

Et mon âme et mon coeur en délires
Ne sont plus qu'une espèce d'oeil double
Où tremblote à travers un jour trouble
L'ariette, hélas ! de toutes lyres !

On remarque aussi ce conflit continuel entre le moi impersonnel et la sensibilité personnelle ; la tristesse et le spleen d'un côté et la joie et l'amour idéal de l'autre :

Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
Tournez cent tours, tournez mille tours,
Tournez souvent et tournez toujours,
Tournez, tournez au son des hautbois.

Par ailleurs, Romances sans parole, qui a inspiré le compositeur Félix Mendelssohn, comporte des pièces dignes d'un peintre impressionniste dans leur méticulosité fanée (Paysages Belges) :

La fuite est verdâtre et rose
Des collines et des rampes,
Dans un demi-jour de lampes
Qui vient brouiller toute chose.

L'or sur les humbles abîmes,
Tout doucement s'ensanglante,
Des petits arbres sans cimes,
Où quelque oiseau faible chante.

Triste à peine tant s'effacent
Ces apparences d'automne.
Toutes mes langueurs rêvassent,
Que berce l'air monotone.
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