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Critique de Tancrede50



La métropolisation est la concentration des richesses, des classes aisées et des activités tertiaires au coeur de très grandes agglomérations. On compte une douzaine de métropoles en France qui, avec leurs banlieues abritent un peu plus d'un quart de la population française (sur 5% du territoire), mais produisent plus de la moitié de la richesse nationale. Ces métropoles comptent les deux tiers des cadres français, un peu plus des deux tiers des immigrés. Ces deux populations travaillent majoritairement dans le tertiaire, le cadre comme informaticien, banquier, avocat par exemple et l'immigré dans les services à la personne et les services sous-qualifiés aux entreprises. Mais ils n'habitent pas au même endroit. le CSP+ logera dans la ville-centre ou sa banlieue huppée, l'immigré dans les cités des banlieues plus pauvres.


Hors de ces métropoles, c'est la France périphérique que Christophe Guilluy a décrit avec brio dans son essai éponyme, cette France périphérique déclassée, zone de relégation et exclue de la mondialisation. Depuis quelques dizaines d'années, cette métropolisation a ainsi créé une double fracture dans la société française: ville-centre contre cités de banlieue, et métropole contre France périphérique. Cette double fracture est devenue source de tensions, les épisodes de la révolte des banlieues en 2005 et des gilets jaunes en 2018 - 2019 en sont une illustration.


Mais le modèle de la métropolisation est à bout de souffle et commence à craquer, et le vote écologique dans la plupart des métropoles aux élections municipales de 2020 en est une des conséquences. Entassement des habitants, envolée des prix de l'immobilier, crise des transports, pollution, artificialisation des sols, ségrégation sociale, précarisation des emplois peu qualifiés de service, délinquance et insécurité sont les maux les plus visibles de cette métropolisation. Mais le pire est sans doute l'abîme qui se creuse entre les habitants de la France périphérique qui se battent pour un emploi décent (et votent à droite) et les bobos des agglomérations qui réclament des arbres pour sauver la planète et améliorer leur cadre de vie (et votent à gauche)!


Un essai qui fait réfléchir. Mais si l'auteur recense bien les effets négatifs de la métropolisation, il ne propose pas - hélas - de solutions. Il laisse juste entrevoir une lueur d'espoir en remarquant qu'à l'occasion de la crise du Covid, des CSP+ de la métropole parisienne ont commencé à imaginer leur vie ailleurs et en particulier dans des villes moyennes. Mais nul ne sait si la fin de la pandémie ne verra pas la fin du télétravail et ne réduira pas à néant le désir de certains de quitter l'Ile de France.
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